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Cinéma
par Jean-Pierre Garnier • le 11 novembre 2016
On revient de loin – Opération Correa 2
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Pierre Carles & Nina Faure
Équateur-France : mêmes combats ? À première vue, le rapprochement peut paraître inattendu. Quoi de commun, en effet, entre la France et un petit pays d’Amérique latine en voie de développement où le quart de la population vit encore de l’agriculture et dont l’économie dépend en partie de l’exportation de pétrole ? Pourtant, c’est pour « ramener des idées qui peuvent être utiles » dans l’Hexagone que Pierre Carles et Nina Faure y filment sur le vif, les aspects d’un processus identifié par l’actuel président Rafaël Correa comme « révolution citoyenne », censée accoucher d’un « socialisme du XXIe siècle ». Au-delà de l’effet de ces slogans, c’est la manière de rendre compte par l’image et le son, d’une tentative réelle d’échapper au règne du néo-libéralisme et des efforts pour y parvenir, qui constituent tout l’intérêt des deux films documentaires, Les ânes ont soif et On revient de loin.
Tournés à deux ans d’intervalle, ils diffèrent de tonalité. Le premier volet dépeint un Correa triomphant, menant tambour battant des réformes qui ont indéniablement amélioré le sort des classes populaires : une politique économique partiellement libérée des contraintes du marché et de l’emprise des multinationales, les investissements dans l’enseignement, la santé et les infrastructures de transport, la hausse des salaires et des retraites. Le second volet, Opération Correa 2 [note] , a été tourné alors que l’opposition à l’expérience « socialiste » équatorienne commençait à se manifester dans la rue, non seulement de la part des bourgeois pour qui Rafael Correa fait figure de « dictateur », mais aussi d’une partie des classes moyennes qui s’empressent d’adopter un comportement conservateur et consumériste, notamment face à un projet de loi sur les successions rognant les privilèges des plus fortunés.
Bien que ne dissimulant pas leur sympathie pour Rafael Correa, Pierre Carles et Nina Faure donnent la parole à tout le monde, y compris à des intellectuels de gauche jugeant autoritaire et bureaucratique, la manière dont Correa fait passer ses réformes. À tel point que les cinéastes laissent parfois percer leur désarroi quant au futur de la « révolution citoyenne ». Ce film n’a donc rien d’une hagiographie, même s’ils trouvent attachante la personnalité charismatique de Rafael Correa [note] et qu’elle tranche avec celle, grotesque et sinistre, des leaders d’un PS à propos duquel les lycéen.ne.s révolté.e.s des manifestations du printemps avaient raison de crier « P comme pourris, S comme salauds ».
Tournés à deux ans d’intervalle, ils diffèrent de tonalité. Le premier volet dépeint un Correa triomphant, menant tambour battant des réformes qui ont indéniablement amélioré le sort des classes populaires : une politique économique partiellement libérée des contraintes du marché et de l’emprise des multinationales, les investissements dans l’enseignement, la santé et les infrastructures de transport, la hausse des salaires et des retraites. Le second volet, Opération Correa 2 [note] , a été tourné alors que l’opposition à l’expérience « socialiste » équatorienne commençait à se manifester dans la rue, non seulement de la part des bourgeois pour qui Rafael Correa fait figure de « dictateur », mais aussi d’une partie des classes moyennes qui s’empressent d’adopter un comportement conservateur et consumériste, notamment face à un projet de loi sur les successions rognant les privilèges des plus fortunés.
Bien que ne dissimulant pas leur sympathie pour Rafael Correa, Pierre Carles et Nina Faure donnent la parole à tout le monde, y compris à des intellectuels de gauche jugeant autoritaire et bureaucratique, la manière dont Correa fait passer ses réformes. À tel point que les cinéastes laissent parfois percer leur désarroi quant au futur de la « révolution citoyenne ». Ce film n’a donc rien d’une hagiographie, même s’ils trouvent attachante la personnalité charismatique de Rafael Correa [note] et qu’elle tranche avec celle, grotesque et sinistre, des leaders d’un PS à propos duquel les lycéen.ne.s révolté.e.s des manifestations du printemps avaient raison de crier « P comme pourris, S comme salauds ».
PAR : Jean-Pierre Garnier
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