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Nouvelles internationales
par Tovarna Rog le 7 juin 2016

Soutien pour l’usine autonome ROG à Ljubljana

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Ljubljana (Slovénie) : Appel à soutien pour l’usine autonome ROG (usine squattée pour de nombreux projets de vie culturelle alternative dans le centre de la capitale)

L’usine autonome Rog est sous la menace d’expulsion et de destruction par les autorités municipales qui poursuivent leur projet de rénovation de la région en un centre pour les industries créatives. La Municipalité prévoit de démolir quatre bâtiments à la fin du mois de mai ou début juin, puis – en fonction de leurs capacités financières – de poursuivre la suppression de toutes les annexes au bâtiment principal de l’usine. Pour l’instant, un seul atelier est sous la menace d’être démoli, mais une fois que le chantier de construction sera établi, les autorités pourront facilement retirer le skate-park, une galerie, la salle de concert, l’espace de cirque, le centre social et d’autres endroits. La municipalité ne possède pas les moyens financiers pour la rénovation globale et pousse à la démolition parce que le permis de construire délivré pour les démolitions expirera le 14 juin 2016. Nous demandons un soutien pour l’usine autonome Rog autant que vous en êtes capable. Vous pouvez nous aider de différentes façons :

- Partage de cet appel à travers vos réseaux et vos contacts personnels.

- Rédaction d’une déclaration ou une lettre de soutien.

- Envoi de votre déclaration ou une lettre aux autorités municipales.

- Signer la pétition.

- Organisation d’événements à Rog ou en utilisant nos espaces pour vos activités habituelles du 26 mai au 14 juin.

- Présence physique dans le complexe lorsque les bulldozers viendront.

- Autre proposition.

Vous pouvez suivre nos activités sur http://tovarna.org/


Rendez-vous importants :

18/05 - À partir de 12h00 : Action travail, construction de toilettes et nettoyage de printemps

20/05 - À partir de 12h00 : Block Party - groove & BBQ

21/05 - À 17h00 : Rencontre avec le réseau de soutien

25.5 - À 17h00 : défilé des jeunes pour une utilisation illimitée de l’usine Rog

14/06 - Date d’expiration du permis de construire délivré pour la destruction des ajouts

15/5 au 14/06 - Période critique lorsque les travaux de construction commenceront





Comme beaucoup de gens/collectifs qui nous soutiennent ou qui connaissent un peu notre histoire ainsi que certaines organisations sœurs nous ont demandé un modèle de texte qu’elles peuvent utiliser pour leur lettre de soutien, nous avons écrit un texte d’information de base ci-dessous :


LE CENTRE AUTONOME ROG : QU’EST-CE QUE C’EST ?


L’usine Rog est un complexe industriel sur la rive est du centre de Ljubljana, qui a produit les célèbres bicyclettes Rog et a été fermé en 1991. Depuis lors, il a été laissé à l’abandon, vide et s’est détérioré pendant 15 ans. En 2006, la zone a été occupée par des étudiant.e.s engagé.e.s, des artistes et des militant.e.s, comme une réponse essentielle au processus de transition post-socialiste (privatisation et désindustrialisation), et à l’érosion des espaces publics et sociaux (individualisation et atomisation de la société). L’occupation a tiré sa légitimité de la nécessité d’avoir des lieux pour des activités non-formelles artistiques, culturelles et politiques (autonomie, culture alternative, organisation politique horizontale).

Les utilisateurs et utilisatrices ont sécurisés et nettoyés les espaces et ateliers. Des ateliers, des galeries, un skate-parc, une salle de concert, des installations de loisirs et des centres sociaux entre autres ont été établis. Malgré les efforts municipaux pour bloquer les activités à la base (refus de signer un contrat légal pour une utilisation temporaire, ceci empêchant l’accès au réseau public d’électricité), les utilisateurs et utilisatrices ont utilisé leur initiative, la collaboration et la débrouillardise et, en 10 ans, ont créé l’un des principaux lieux de la culture urbaine, de la pensée critique et de l’activisme politique au niveau de la ville, de l’État et au-delà.
Aujourd’hui, il y a environ 15 collectifs organisés et environ 15 personnes actives dans l’usine autour d’une trentaine d’espaces qui sont relativement autonomes. La communauté est liée à travers une assemblée qui est l’organe politique principal suivant le principe de la prise de décision en démocratie directe et avec des conseils. Les activités qui se déroulent à Rog peuvent être résumées comme suit :

- La production artistique et culturelle : contemporain, multimédia et arts performatifs, sculpture, graffiti, théâtre de rue, cirque, production musicale, agriculture urbaine écologique et permaculture, la théorie de l’art, la philosophie et la théorie politique.

- Activités récréatives et physiques : skate, rollers et BMX, Kung-fu, Taï-chi-chuan, la danse de la soie, break-dance et le football.

- Activisme : réseau politique, organisation, mise en réseau, éducation et formation, actions directes et renforcement des structures politiques horizontales.

- Des événements sociaux et de la musique : jam sessions, concerts, événements du club, événements expérimentaux musical-performative-sociaux, des pique-niques, rassemblements, marchés aux puces, etc.

- Travaux manuels : travaux de construction, réparation/assemblage de matériel électronique et de musique, recyclage et fabrication de meubles, ateliers de permaculture, échange de vêtements, couture, réparation de bicyclettes, etc.

Un an après l’occupation – en 2007 – la municipalité a lancé le plan de rénovation du complexe en « Creative Centre Rog » en mettant l’accent sur le réaménagement de l’espace dans une zone attractive pour les artistes et les touristes internationaux. Avec l’aide de projet dirigé par l’UE et consacré à la revitalisation des anciennes zones industrielles, ils ont d’abord proposé un partenariat public-privé pour la rénovation du bâtiment de l’usine principale, la construction d’un hôtel design, ainsi que des appartements standard et des programmes commerciaux. Le ratio public-privé était de 20-80 %. L’une des propositions a également été la relocalisation de trois académies d’art à Rog, mais les doyens se sont opposés à la proposition en raison de relations non définies entre les programmes universitaires et commerciaux et aussi parce qu’ils ne voulaient pas que leurs élèves – qui sont actifs dans l’usine – désertent leurs ateliers.

La municipalité n’a jamais été en mesure de trouver un investisseur suite à la récession mondiale, de sorte qu’ils ont réduit le projet en un « centre pour l’architecture, le design et les arts visuels » financé avec des fonds publics, en mettant l’accent sur le développement du secteur économique des industries créatives et en vue d’aider les jeunes créateurs dans l’entrée sur le marché du travail. La communauté des utilisateurs et utilisatrices de Rog critiquent le projet municipal sur les points suivants :

- Un projet exigeant financièrement : la municipalité ne possède pas suffisamment de fonds pour réaliser le projet, et n’a pas encore demandé de fonds à l’UE. Il n’y a aucune garantie que la municipalité terminera le projet de rénovation dans un proche avenir. Il y a déjà assez de chantiers de construction à Ljubljana.

- Un projet inutile : des hubs créatifs existent déjà avec les réseaux sociaux et commerciaux développés à Ljubljana que la municipalité pourrait soutenir financièrement au lieu d’établir de nouvelles installations ex-nihilo qui auront besoin de plusieurs années avant de devenir fonctionnelles.

- La marchandisation des pratiques artistiques et culturelles : instrumentalisation économique, commercialisation, emplois précaires, bas salaires sans sécurité.

- La gentrification du centre-ville : l’embellissement de l’espace, changement d’orientation des lieux des citoyens aux touristes et aux consommateurs, surveillance et restriction de la libre utilisation des espaces publics, relocalisation des usages et des populations non rentables, etc.

- Un projet mené par le haut : les utilisateurs et utilisatrices actuel.le.s n’ont jamais été inclus.e.s dans l’étape de conception et de formation du projet de rénovation et ont été utilisé.e.s uniquement pour tester la proposition programmatique et architecturale déjà décidé. Ils et elles ont été autorisé.e.s à donner des avis et suggestions, mais qui ne sont pas prises en considération ni inclus dans le plan municipal.

- Le rejet des pratiques de base : l’approche municipale est peu disposée à reconnaître les pratiques existantes, rendant impossible une possible collaboration et crée un antagonisme entre les utilisateurs et utilisatrices de Rog et les autorités municipales.

- Le droit à la ville : les usager.e.s de la ville et les habitant.e.s veulent contribuer à la dynamique urbaine et ont donc un droit légitime aux questions d’aménagement de la ville.

Nous, les utilisateurs et utilisatrices de l’usine autonome Rog, n’acceptons pas l’accord pour une utilisation temporaire en raison de ces faits :

- Il n’y a pas de contrat ou tout autre document juridique signé entre la municipalité et les utilisateurs et utilisatrices. Les utilisateurs et utilisatrices étaient prêt.e.s à signer ce document, mais les responsables de la ville ont refusé et donc empêché la légalisation.

- La municipalité n’a jamais fourni les conditions infra-structurelles et matérielles minimales. Les utilisateurs et utilisatrices ont utilisé leur propre temps, ressources matérielles et argent pour obtenir, maintenir et gérer les espaces.

- Après dix années de travail dans des conditions précaires, la régénération de la zone d’activités culturelles et la production de contenu dans l’intérêt public/urbain, nous avons le droit légitime d’utiliser et de gérer une propriété qui n’est pas légalement nôtre.

- Les activités existantes et l’organisation horizontale portent un plus grand potentiel pour le développement ultérieur que la proposition municipale avec la structure organisationnelle rigide et l’orientation commerciale.

Nous exigeons que la municipalité abandonne son projet qui est voué à l’échec et reconnaisse le potentiel des activités existantes et de la structure organisationnelle. La municipalité doit fournir les infrastructures minimales et physiques : le réseau électrique public, l’adaptation de la façade sud, la restauration des fenêtres, assainissement écologique des salles, etc. Elle doit aussi respecter l’autonomie de la communauté des utilisateurs et utilisatrices. Ces dernier.e.s sont capables de poursuivre l’auto-rénovation des bâtiments, de fournir de nouveaux contenus et de gérer eux-mêmes et elles-mêmes l’usine créative déjà existante et de travailler à Rog.

Nous ne luttons pas pour la préservation de l’état actuel des choses, nous luttons pour notre développement autonome de l’avenir !

Tovarna Rog
Trubarjeva 72, 1000 Ljubljana, Slovénie



PAR : Tovarna Rog
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