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par traduction R.B le 14 avril 2020

ÉTATS-UNIS : Les travailleurs lancent une vague de grèves sauvages ...

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Source http://libcom.org/news/march-25-workers-launch-wave-wildcat-strikes-trump-pushes-return-work-amidst-exploding-coro (traduction R.B.)

... alors que Trump pousse au “retour au travail” au milieu de l’explosion du coronavirus

Bien que cela soit à peine mentionné dans la presse grand public ou sur le câble, on assiste aux États-Unis à une vague croissante de grèves sauvages, d’actions syndicales auto-organisées, de licenciements et d’arrêts de travail – dont une grande partie est centrée sur le refus de travailler dans des environnements où les travailleurs peuvent être exposés au coronavirus.

Un rapport sur la propagation des grèves sauvages en réponse au coronavirus aux États-Unis. Cet article a été publié pour la première fois par Going Down..




En quelques jours seulement, l’effondrement économique provoqué par la pandémie de coronavirus a complètement changé notre vie. À bien des égards, la crise croissante a mis à nu les contradictions déjà existantes qui menaçaient d’entraîner cette société dans un conflit de classes ouvert : emplois mal payés, austérité croissante, police brutale, accélération de l’effondrement écologique, crise du logement hors de contrôle et État carceral croissant.
Mais avec des millions de personnes qui se demandent maintenant comment elles vont pouvoir joindre les deux bouts et payer leur loyer, sans parler de survivre à l’épidémie actuelle, une nouvelle vague de luttes éclate sur le terrain social. Les prisonniers et les détenus des centres de détention lancent des grèves de la faim, pendant que ceux qui sont à l’extérieur exigent leur libération, les locataires font actuellement pression pour une grève des loyers à partir du 1er  avril, les sans-logis prennent possession des maisons vacantes à Los Angeles, et les travailleurs ont lancé une série de grèves sauvages, sick-out et d’actions pour l’emploi en réponse au fait qu’ils sont contraints d’être sur la ligne de front de la pandémie comme des agneaux à l’abattoir.
Mais alors que les tensions s’exacerbent et que les économistes prévoient un taux de chômage de plus de 30 % dans les mois à venir, les élites nous poussent de plus en plus à nous remettre au travail. M. Trump a déclaré qu’il voulait que les choses reviennent à la "normale" d’ici Pâques, une démarche qui menace de défaire tout ce qui a été accompli par la distanciation sociale et les tentatives de quarantaine.
De plus en plus, au sein du camp de Trump, de Fox News et des sections de la MAGA [Make America Great Again, Rendons à l’Amérique sa grandeur], alors que républicains et démocrates négocient un accord de sauvetage des entreprises, le refain est que la mort en masse est acceptable tant que l’économie, (lire, la candidature de Trump à la réélection), est sauvée.
En attendant, comme l’a écrit un rapport :

“L’Organisation mondiale de la santé a averti que dans les prochaines semaines — au moment des vacances de Pâques — les États-Unis seront devenus l’épicentre mondial de la pandémie.
“Le Dr Tom Inglesby, directeur du Centre de sécurité sanitaire de l’École de santé publique Johns Hopkins Bloomberg, a averti que la réduction de la distance sociale pourrait coûter des millions de vies. ‘Quiconque conseillerait la fin de la distanciation sociale doit maintenant comprendre pleinement à quoi ressemblera le pays si nous faisons cela’, a-t-il tweeté. ‘Le COVID se répandrait largement, rapidement, terriblement, pourrait tuer potentiellement des millions de personnes dans l’année à venir avec un impact social et économique énorme à travers le pays".


M. Trump s’efforce d’obtenir le soutien de sa base en faveur de la mort massive d’une grande partie de la population en proclamant que le "remède" ne peut pas être "pire que le problème", tout en menant la charge pour mettre fin à la distanciation sociale d’ici Pâques. Une telle démarche entraînerait la mort de millions de personnes, dont beaucoup, ironiquement, sont des partisans de l’opération. Dans le même temps, les deux partis font pression pour un plan de sauvetage (dont Trump lui-même pourrait bénéficier) qui ne fera que continuer à transférer des quantités massives de richesses dans les mains des plus riches.
Mais face à cela, la colère monte. Sur les médias sociaux, ces derniers jours, les appels à une grève des loyers et à une grève générale ont fait tache d’huile, tout comme les hashtags tels que #NotDying4WallStreet [ne pas mourir pour Wall Street]. Mais, bien plus important que la rage de classe qui envahit Twitter, on a assisté à une recrudescence des grèves sauvages et des actions militantes de la base tout au long du mois de mars.
Alors que l’économie s’effondre et que la société américaine dépend de plus en plus du fonctionnement continu de chaînes d’approvisionnement en déclin, les travailleurs des emplois du secteur des services qui restent ouverts, comme dans les épiceries, se retrouvent non seulement à travailler dans un secteur crucial de l’économie — mais avec un nouveau et potentiel sentiment de pouvoir. Cela signifie simplement que les travailleurs à différents points des chaînes d’approvisionnement peuvent avoir un impact énorme sur l’économie et donc obtenir un effet de levier, simplement en s’engageant dans une action directe ou en refusant de travailler.

Comme l’a écrit Bloomberg  [note] :

“Ces poches de résistance le long de la chaîne d’approvisionnement soulignent l’équilibre nécessaire pour contenir le coronavirus et protéger les travailleurs jugés essentiels lors de la livraison de biens et de services. Il s’agit d’un problème particulièrement aigu étant donné que les problèmes de transport, de main-d’œuvre et autres problèmes logistiques ont déjà rendu difficile l’acheminement de la nourriture là où elle doit se trouver en période de pandémie.
“Bien qu’aucun des incidents survenus dans les usines de transformation de la viande n’ait jusqu’à présent causé de perturbations opérationnelles, on craint que d’autres ne surviennent, provoquant des perturbations de la chaîne d’approvisionnement au moment même où les consommateurs font des achats d’épicerie à ras bord pour constituer des réserves.
L’industrie porcine américaine a demandé davantage de visas pour les travailleurs étrangers, et on pense que les usines fonctionnent à plein régime non seulement pour répondre à une demande alimentaire de détail sans précédent, mais aussi pour faire entrer autant de production que possible avant que les perturbations liées au virus ne ralentissent le rythme.”

Bien que cela soit à peine mentionné dans la presse grand public ou sur les chaînes câblées, on assiste déjà à une vague croissante de grèves sauvages, d’actions syndicales auto-organisées, de licenciements et d’arrêts de travail — dont une grande partie est centrée sur le refus de travailler dans des environnements où les travailleurs peuvent être exposés au coronavirus.
Si Trump est sérieux lorsqu’il parle de forcer des millions d’autres personnes à retourner au travail d’ici Pâques à la mi-avril, risquant ainsi potentiellement la mort de millions de personnes à cause du coronavirus, alors les appels à une grève générale et à une action révolutionnaire potentiellement encore plus large ne feront que continuer à gagner en force et en popularité.
Voici un résumé de ce qui s’est déjà passé.

Les travailleurs de l’automobile

Des arrêts de travail et des grèves sauvages ont éclaté dans plusieurs usines de l’industrie automobile, les travailleurs exigeant la fin de la propagation du coronavirus sur leur lieu de travail. La révolte a commencé le 12 mars dernier quand :

“Les travailleurs de l’usine de montage Fiat Chrysler Windsor ont cessé le travail [le 12 mars] en raison des inquiétudes concernant la propagation du coronavirus dans leur usine et après avoir appris qu’un travailleur de l’usine de transmission FCA Kokomo aux États-Unis avait été diagnostiqué avec la maladie potentiellement mortelle.”

Cette annonce a été suivie d’un autre :

“Les travailleurs des usines d’assemblage de Fiat Chrysler à Sterling Heights (SHAP) et Jefferson North (JNAP) dans Detroit Centre ont pris les choses en main hier soir et ce matin et ont forcé un arrêt de la production pour stopper la propagation du coronavirus.
“Les arrêts de travail ont commencé à Sterling Heights la nuit dernière, quelques heures seulement après que la United Auto Workers [syndicat des Travailleurs de l’automobile] et les constructeurs de Detroit aient conclu un accord pourri pour maintenir les usines ouvertes et opérationnelles pendant la pandémie mondiale... Le même jour, des dizaines de travailleurs de l’usine Lear Seating à Hammond, dans l’Indiana, ont refusé de travailler, forçant la fermeture de l’usine de pièces détachées et de l’usine d’assemblage de Chicago située à proximité.
“Le 18 mars, les travailleurs de la première équipe du SHAP ont suivi le mouvement, organisé un sit-in et ont refusé de toucher aux véhicules qui roulaient sur la ligne une fois leur travail commencé. Comme des centaines de personnes manipulent les véhicules en succession rapide sur la chaîne de montage, ils constituent une source potentielle majeure de transmission du virus. La direction a de nouveau renvoyé les travailleurs chez eux et a annulé le deuxième quart de travail aujourd’hui. ‘c’est impressionnant’, a déclaré un jeune travailleur de SHAP, en référence à l’action des travailleurs pour forcer la fermeture de l’usine.
“Les travailleurs de l’usine de moteurs Dundee à Ann Arbor et Toledo North Assembly ont suivi le mouvement avec leurs propres actions professionnelles peu après. Les équipes de Warren Truck Assembly et de Ford Michigan Assembly ont également été renvoyées chez elles.
“Une vidéo en direct de Toledo sur Facebook a montré des dizaines de travailleurs furieux se pressant autour du vice-président de la section locale 12, Brian Sims, exigeant la fermeture de l’usine, qui ensuite bat en retraite par la porte arrière en criant aux travailleurs de ‘se calmer’.”


Dans une interview accordée à Labor Notes, un travailleur de l’industrie automobile a déclaré

“L’UAW devrait en fait se battre pour que nous quittions le travail. Le syndicat et l’entreprise se soucient davantage de la fabrication des camions que de la santé de chacun. J’ai l’impression qu’ils ne feront rien si nous n’agissons pas. Nous devons nous unir. Ils ne peuvent pas tous nous virer.”

Les travailleurs agricoles
En Géorgie, plusieurs douzaines d’ouvriers de Perdue, dans une usine de volailles d’environ 600 personnes, ont quitté leur emploi le 23 mars dernier en raison de la colère croissante contre les bas salaires et des inquiétudes concernant la propagation du coronavirus à un moment où la production et la charge de travail augmentaient. Dans des interviews aux médias, les personnes impliquées dans la grève sauvage ont expliqué comment l’entreprise les considère comme remplaçables.
Selon un rapport :

“Environ 50 employés de l’usine Perdue Farm près de Perry, en Géorgie, sont sortis le 23 mars en disant qu’ils ne se sentaient pas en sécurité dans l’usine à cause du coronavirus, selon WMAZ en Géorgie.
“Les travailleurs disent qu’ils ne se sentent pas en sécurité en travaillant avec d’autres personnes qui auraient pu être exposées au COVID-19, selon WMAZ [une chaîne de télévision]. Ils ajoutent qu’ils estiment que Perdue n’en fait pas assez pour assurer la sécurité des employés et qu’elle ne désinfecte pas leurs lieux de travail.”


Amazon
Le 18 mars, les employés de l’entrepôt Amazon dans le Queens [New York] ont organisé une grève sauvage après que la direction ait tenté de les pousser à reprendre le travail après une journée de fermeture d’une installation après qu’une personne de l’usine ait été testée positive au coronavirus.
Selon un rapport :

“Les employés de l’entrepôt Amazon d’une usine de transformation dans le Queens, à New York, ont reçu un message de la direction : ‘Nous vous écrivons pour vous informer qu’un cas positif de coronavirus (COVID-19) a été découvert dans notre usine aujourd’hui.’ Amazon a fermé temporairement l’installation le même jour, mais l’a rapidement rouverte jeudi.”
“Cette nouvelle, ainsi que la décision d’Amazon de rouvrir l’installation, a suscité l’indignation des magasiniers, qui ont refusé de travailler et ont finalement provoqué la fermeture de l’installation dans la nuit de jeudi à dimanche. Dans une vidéo postée sur les médias sociaux par ‘Amazonians United NYC’, un travailleur a exprimé sa colère.
"Nous savons ce que vous faites. Nous pouvons voir qu’il y a un mépris absolu pour nos vies. Nous n’y croyons plus".
Un autre travailleur a ajouté : “Il n’est pas possible qu’en quatre heures, vous ayez désinfecté tous les paquets après avoir obtenu un diagnostic positif.”


Travailleurs de la restauration
Les travailleurs de Crush Bar à Portland sont passés à l’action en lançant un sit-in après avoir été licenciés à la suite de la pandémie COVID-19. Extrait du rapport du groupe  [note] :

“Nous avons réussi ! 48 heures après avoir organisé notre sit-in, la direction nous a remis les chèques de congés maladie cumulés. Merci pour le soutien de la communauté qui nous a aidés à attirer l’attention sur cette injustice. Nous n’aurions pas pu le faire sans vous.
Cela dit, nous, les travailleurs, attendons toujours des nouvelles de nos deuxième et troisième revendications : la moitié du salaire pour les heures de maladie annulées et la garantie que chaque employé licencié soit réembauché à la réouverture des bars."


PDX Eater [note] a écrit à propos de cette action :
“La nuit dernière, les 27 employés de Crush ont été licenciés, en prévision de la fermeture forcée de toutes les entreprises de restauration collective aujourd’hui. Vers 15h30 aujourd’hui, douze employés sont arrivés au bar et ont refusé de partir, protestant contre la décision du propriétaire John Clarke de licencier tous les employés sans aucune aide financière, en affirmant qu’il avait enfreint la loi en refusant qu’ils utilisent les heures de maladie accumulées pour couvrir les pertes de salaire. La protestation, qui devait durer jusqu’à 24 heures, a été dispersée par la police de Portland au bout d’une heure.”

Les chauffeurs de bus
Le 17 mars, les chauffeurs de bus de Detroit ont lancé une grève sauvage, en réaction à la saleté des bus et au manque d’accès aux zones où les chauffeurs peuvent se laver les mains. Comme l’a écrit un rapport [note] :

“Detroit a fermé le système de bus public de la ville parce qu’une grande majorité des chauffeurs refusaient de travailler en raison des inquiétudes concernant le coronavirus.
“La ville négocie actuellement avec les conducteurs du ministère des transports de Detroit pour apaiser leurs inquiétudes dans l’espoir de rétablir le service de bus mercredi.
“En raison de la pénurie de conducteurs, il n’y aura pas de service de bus DDoT [note] aujourd’hui”, a déclaré la ville dans un communiqué. “Nous demandons aux passagers de chercher d’autres moyens de transport pendant que nous nous efforçons de répondre aux préoccupations de nos chauffeurs. Nous nous excusons pour la gêne occasionnée.
“Les conducteurs ont exprimé leur inquiétude quant au fait qu’ils ne sont pas suffisamment protégés contre le coronavirus. Parmi ces préoccupations : Les bus ne sont pas nettoyés assez fréquemment et les chauffeurs ne peuvent pas se laver les mains en raison de la fermeture de nombreuses entreprises dans tout l’État.”


La grève sauvage a également entraîné la gratuité des billets pour les passagers :

“Le syndicat des chauffeurs les a soutenus et leur bref arrêt de travail, de moins de 24 heures, a remporté toutes leurs revendications. Les tarifs ne seront pas perçus pendant toute la durée de la crise du coronavirus.
“À Birmingham, en Alabama, les chauffeurs de bus ont également protesté le 23 mars et se sont mis en grève sauvage, refusant “de travailler sur les lignes régulières en raison des préoccupations liées au coronavirus (COVID-19)”.


Centres d’appel
Les travailleurs des centres d’appel et les membres de l’Industrial Workers of the Worl (IWW) à Portland, Oregon, ont lancé une grève d’une journée le 4 mars, ce qui a permis aux travailleurs de bénéficier de congés payés face à la pandémie COVID-19.
À Madison et à Milwaukee, dans le Wisconsin, le 18 mars, d’autres membres de l’IWW (Industrial Workers of the World), également connus sous le nom de Wobblies, ont entamé une grève de maladie pour exiger de meilleures conditions de travail et de rémunération, en particulier face au COVID-19, qui a entraîné une augmentation de la charge de travail.
Le syndicat a diffusé un reportage sur les médias sociaux :

“Quelques jours après notre arrêt de travail, une expression de mécontentement collectif et une protestation contre nos conditions de travail, l’administration de CapTel a annoncé que nous aurions droit à 15 minutes supplémentaires de temps auxiliaire par poste. Pour un poste de 8 heures, cela signifie qu’environ 91% de présence est nécessaire pour éviter des sanctions. Le syndicat des travailleurs de CapTel a exigé 90 % de temps de présence dans notre plateforme en cinq points dès le premier jour.
“Continuons à faire pression pour obtenir 15 $/heure, nos autres revendications et la démocratie sur le lieu de travail. N’oublions pas que le caprice de l’administration peut mettre fin à tout moment à cette rupture avec l’austérité normale qui régit nos journées de travail. Les promesses du patron ne sont que des mots ; un contrat syndical est gravé dans le marbre.”


Entretien de la ville
Le 20 mars, plusieurs dizaines d’employés municipaux ont quitté leur emploi à Cleveland, Oho. Selon un rapport :
“Selon le directeur des travaux publics, Michael Dever, jusqu’à 35 employés de l’entretien des égouts du comté de Cuyahoga ont quitté leur travail ou se sont déclarés malades vendredi matin, invoquant des problèmes de sécurité liés aux coronavirus.
“Les ingénieurs sanitaires, qui entretiennent les réseaux d’égouts régionaux de 39 communautés du comté de Cuyahoga, ne voulaient pas continuer à travailler parce qu’ils craignaient d’entrer dans les maisons des gens et d’être à proximité les uns des autres, entre autres raisons possibles, a déclaré M. Dever.”


Bâtiment
À Las Vegas, les ouvriers du bâtiment font pression pour une grève sauvage. Selon un rapport [note] :

“Les ouvriers du bâtiment du site du Centre des congrès de Las Vegas ont déclaré qu’ils envisageaient de quitter leur travail cette semaine parce qu’ils ne se sentent pas pris au sérieux.
“Les choses deviennent effrayantes au travail", a déclaré un travailleur. "Un grand groupe d’entre nous est prêt à quitter le travail.
“Les ouvriers du chantier d’agrandissement du Las Vegas Convention Center affirment que les conditions étaient insalubres avant que le coronavirus ne devienne un problème. Ils disent qu’elles ne se sont pas améliorées.
“En ce qui concerne la prévention de la propagation, ils nous disent de nous laver les mains, de prendre nos distances avec les gens, mais en ce qui concerne notre protection, ils n’ont pas fait grand chose, a déclaré un travailleur.”


Électriciens
Selon Organizing Work:

“Des électriciens travaillant sur un projet de rénovation à long terme à l’hôpital Kaiser de Sacramento ont décidé de quitter le travail en raison de conditions de travail dangereuses, liées à une exposition potentielle au COVID-19.”

Dans une interview avec l’un des travailleurs, ils ont déclaré
“Ce qui s’est passé hier est le résultat de nombreuses discussions au à la au cours des deux jours précédents — tout le monde est conscient de la gravité de l’épidémie et du risque qu’elle représente pour notre santé et celle de nos proches. Nous avons vu beaucoup de changements brusques autour de l’hôpital, par exemple l’arrivée de grandes tentes pour installer les sites de test pour COVID-19, et nous marchions dans un couloir pour obtenir du matériel pour notre site de travail à quelques mètres de l’endroit où ils étaient installés, et au moins deux de nos gars traversaient une autre partie de l’hôpital, et ont vu un patient être escorté par le personnel de l’hôpital portant des robes et des masques, et ils criaient à notre gars de sortir du couloir.
“Je me suis donc présenté sur le parking le matin, et il y avait déjà une grande réunion des électriciens du syndicat, une sorte de chose spontanée, et au moins une des autres équipes allait faire la même chose ce jour-là... Nous avons tous accepté de prendre nos affaires et de partir.”


Restauration rapide

Les employés des fast-foods de McDonald’s à San Jose et Los Angeles, en Californie, ont quitté leur emploi le 20 mars. Selon un rapport :

“Les travailleurs ont déclaré qu’ils étaient en colère à cause de la réduction de leurs heures de travail, et la chaîne de restaurants n’aurait pas fourni de savon, de gants et de formation sur la façon de se protéger contre COVID-19, la maladie causée par le virus.
“Pour ne pas être en reste, ‘Wobblies in Portland’, qui fait partie du syndicat des travailleurs de Burgerville, a quitté un magasin à cause des conditions de travail liées au coronavirus :
“Hier, tous les employés du magasin de Burgerville de la SE 92nd Avenue ont fait une grève d’une journée pour protester contre ce qu’ils proclament être des conditions de travail dangereuses liées à l’épidémie de coronavirus. L’atelier a rouvert aujourd’hui et près de 40 autres sites de Burgerville restent ouverts, mais le syndicat des travailleurs de Burgerville (BVWU) a publié une liste d’exigences pendant cette pandémie.
“La grève a été organisée en grande partie pour protester contre la réduction du personnel, qui rend difficile le maintien des normes sanitaires et la protection des travailleurs. Alors que les sites de Burgerville sont ouverts aux clients qui se rendent au travail, toutes les salles à manger ont été fermées, et un communiqué de presse de l’entreprise indique que près de 70 % des travailleurs ont été mis à pied ou partiellement mis à pied. ‘Comment pouvons-nous assurer la sécurité des gens avec une équipe réduite ?’ Mark Medina, un employé du site de la 92e avenue, dit. ‘Maintenir les normes sanitaires demande beaucoup de travail. L’entreprise de Burgerville prétend se soucier de la communauté, mais, en réduisant les coûts de cette manière, elle nous met tous en danger. Des gens pourraient mourir.”


Les collecteurs d’ordures

Les éboueurs de Pittsburgh, en Pennsylvanie, ont lancé une grève sauvage pour réclamer des indemnités de risque et l’accès à des équipements de protection. Comme l’a écrit un article  [note] :

“Aujourd’hui, un groupe de plusieurs centaines de travailleurs de l’assainissement de Pittsburgh, pour la plupart afro-américains et membres de la section locale 249 des Teamsters [camionneurs], a entamé une grève sauvage illégale pour protester contre les conditions de travail dangereuses pendant la pandémie COVID-19.
“La grève se déroule dans la foulée de l’élan donné aux grèves, #GeneralStrike devenant le sujet le plus tendance sur Twitter aux États-Unis, avec même la popstar Britney Spears appelant à une grève générale. Beaucoup se demandent si des grèves comme celle des travailleurs de l’assainissement de Pittsburgh pourraient être le début d’une vague de grèves de plus en plus importante, car Trump exige que les travailleurs risquent leur vie pour retourner rapidement au travail.
“Les travailleurs de Pittsburgh et d’ailleurs résistent aux appels à travailler dans des conditions dangereuses pendant la pandémie COVID-19. ‘Nous voulons de meilleurs équipements, des équipements de protection. Nous n’avons pas de masques’, a déclaré au WPXI un travailleur afro-américain de l’assainissement. ‘Nous voulons des indemnités de risque. Les indemnités de risque sont très importantes", a déclaré le travailleur au WPXI. ‘Pourquoi ? Parce que nous avons des cotisations élevées sur les assurances pour tout type de facture. Nous risquons notre vie chaque fois que nous prenons un sac poubelle.”
“Nous voici où on en est à mon travail. Je ne ramasse plus rien”, a déclaré Fitzroy Moss, travailleur afro-américain de l’assainissement, dans une vidéo en direct sur Facebook. "Les ordures sont là. Tout ce qui les intéresse, c’est de ramasser les ordures. Ils ne se soucient même pas de notre santé".


Travailleurs portuaires
À Oakland, en Californie, dans la région de la baie, les travailleurs portuaires menacent de quitter leur emploi en raison de conditions de travail dangereuses et insalubres. Selon un rapport  [note] :

“Certains dockers du port d’Oakland menacent de refuser de travailler dans un terminal qui, selon eux, ne désinfecte pas correctement l’équipement et les installations des employés. Cette décision pourrait interrompre les opérations logistiques et mettre à rude épreuve la chaîne d’approvisionnement mondiale dans le contexte de l’épidémie de coronavirus.”

* * * * * * * * * * * * *
Rajout de R.B.

La situation qui est décrite ici pourrait être une préfiguration d’un véritable mouvement de masse conduisant à un arrêt total de l’économie, y compris à un arrêt total de la distribution de nourriture. Cela éclarerait singulièrement les positions de Donald Trump qui veut absolument que la population se remette au travail, quitte à ce qu’une proportion importante de la population n’y survive pas. Mais cela éclaire aussi les positions de nos gouvernements, qui sont au fond les mêmes que celles de Trump, mais un peu plus feutrées. Cela expliquerait les tergiversations de nos gouvernants sur l’opportunité de porter un masque — mais encore faudrait-il qu’il y en ait !

On peut lire dans Affinités non électives [note] :
Nous ne savons pas comment sera la révolution de demain, celle qui, enfin, libérera les forces de la société et permettra à celle-ci de marcher vers son émancipation. Sans doute prendra-t-elle des formes totalement inattendues. Nous ne pouvons même pas affirmer que ce sera une révolution dans le sens où on l’entend habituellement. Peut-être sera-telle la conséquence d’une catastrophe écologique d’une ampleur jamais vue...

PAR : traduction R.B
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