Les anarchistes le savent bien : la réalité d’un monde nouveau sans lois, sans flics, sans prisons, sans hiérarchie, passera par l’éducation. Une éducation émancipatrice, promesse de nouveaux comporte-ments permettant de vivre ensemble les valeurs d’autonomie, de responsabilité, de solidarité. De la Ruche à Bonaventure, les anarchistes ne se sont pas contentés de paroles. Aujourd’hui regardons, avec vigilance, du côté du Lycée autogéré de Paris ou du Lycée expérimental de Saint-Nazaire, que le pouvoir voudrait sans doute voir disparaître.

Ce dossier fait la part belle aux pédagogies émancipatrices, afin de décrire ce que pourrait être cette éducation.

Savourons ce qu’en dit Henri Laborit : « Elle doit pouvoir à chaque instant se plaquer sur la vie, la pénétrer, s’y incorporer. Et non pas la vie professionnelle seulement, mais la vie tout court. Celle de la poignée de main, celle du journal qu’on lit le soir en rentrant, du problème familial ou social que l’on doit résoudre, celle des rapports internationaux. Elle ébranle toutes les valeurs, des plus évidentes aux plus discutables. Elle remet tout en cause inlassablement. Elle pousse à la révolte contre les préjugés, les concepts éculés, les vérités premières, les ’essences’, les certitudes admirables, les morales, les éthiques, contre les mots, tous les mots s’ils ne conduisent pas à écrire un poème, et quand celui-ci est écrit, à déchirer la feuille qui l’avait accepté. » (La nouvelle grille, Editions Folio)


* du titre du livre de Pierre Kropotkine et Elisée Reclus, 
paru aux éditions Héros-Limite.