Vos guerres, nos morts !

Le 1 Mars 2022
Le capitalisme est mû par une logique interne d’expansion constante et d’accumulation sans fin du capital, ce qui le fait passer d’une crise destructrice à une autre. Elles portent des noms différents, rien que pour la dernière décennie, c’était la crise économique, la crise des migrants, la crise du Covid-19. La réponse des autorités est toujours à peu près la même : renforcer les appareils de répression et de contrôle, la militarisation, la déshumanisation, attiser la haine au sein de la population, réprimer l’opposition sociale et détruire des vies humaines. Les personnes dirigeantes sont bien conscientes du fait que dans le cadre du système existant, elles ne peuvent pas garantir la santé ou la sécurité, et encore moins le bien-être, la santé ou la sécurité du peuple. Elles ont donc de plus en plus recours à la violence et à d’autres méthodes autoritaires afin de maintenir leur propre pouvoir.

De toutes les crises, la guerre est l’une de celles qui déshumanise et soumet davantage les vies aux diktats de la mort et de la souffrance. Dans une situation de concurrence capitaliste de plus en plus tendue, de nouvelles guerres éclatent à la périphérie des centres économiques puissants et dans les régions du monde riches en ressources. Après la Yougoslavie, l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie, la Palestine et bien d’autres régions du monde, la guerre a finalement éclaté ouvertement en Ukraine.

La guerre en Ukraine n’est pas une guerre entre peuples mais entre grands systèmes de domination capitaliste. Les personnes ne font qu’y mourir. Les armes, l’industrie de la guerre et les alliances militaires sont le problème, pas la solution. C’est pourquoi nous rejetons les armements et toute autre forme de renforcer l’appareil de guerre. Notre solidarité ne peut s’adresser aux États, à leurs armées et leurs drapeaux, qui mesurent actuellement leurs
armes de destruction en Ukraine, ni aux profiteurs de guerre qui se frottent déjà les mains à la perspective de nouveaux contrats vertigineux. Notre solidarité sans limite va à tous ceux et toutes celles qui en subissent les conséquences de chaque côté de la ligne de front. Nous sommes solidaires de toutes les personnes qui protestent contre la guerre et ne mettent pas leur corps à la disposition de la machine de guerre et qui, à cause de leur résistance, sont la cible de la répression. Comme nous, elles n’ont pas cherché la guerre mais en sont devenus les otages et les prisonniers. Nous ressentons leur douleur, que nous pourrons bientôt subir dans notre propre chair.

La guerre ne se déroule pas seulement avec des bombes et des tanks, et sur le territoire ukrainien. Pour une large part, elle se déroule dans sociétés apparemment éloignées des théâtres de guerre. Elle prend la forme de la production et du trafic d’armes, de la promotion du nationalisme, de la propagande, de la répression, de la propagation de la haine, du racisme et du traitement sélectif des victimes de la guerre. Dire non à la guerre signifie la rejeter toutes ses formes.

Dans un climat de guerre, il est important de créer des espaces de résistance anti-autoritaire contre tout ce qui la rend possible et l’encourage. Cela peut commencer par un échange auto-organisé d’informations, de points de vue et d’idées, s’organiser pour proposer une solidarité concrète à tous ceux et toutes celles qui en ont besoin dans cette situation difficile.

C’est pourquoi nous nous joignons au Rassemblement pour la paix à Ljubljana le mardi 1er mars 2022 à 17 heures.

C’est pourquoi nous appelons à une Assemblée ouverte contre la guerre le jeudi 3 mars 2022 à 17h au Menzo pri koritu de Metelkova, où nous construirons ensemble des propositions pour la solidarité et la résistance, même en temps de guerre.

Contre l’impérialisme et tous les nationalismes !
Solidarité de classe avec les peuples d’Ukraine, de Biélorussie et de Russie !
Ouvrons nos frontières à tou.te.s !

Ljubljana, 1er mars 2022
Initiative anarchiste de Ljubljana (FAO)

Traduction de l’anglais Monica Jornet Groupe Gaston Couté FA


Your wars, our dead!

Capitalism is driven by an internal logic of constant expansion and endless capital accumulation, which makes it going from one destructive crisis to another. The latter bear different names, only in the last decade these were the economic, the migrant, the Covid-19, yet the response of the authorities is always very similar: strengthening the apparatuses of repression and control, militarization, dehumanization, stirring up hatred among the people, persecution of social opposition and destruction of human lives. The rulers themselves are well aware of the fact that within the existing system they cannot guarantee the health or safety, let alone the well-being, to the people, and so they increasingly resort to naked violence and other authoritarian methods in order to maintain their own power.

Of all crises, war is the one that dehumanizes and subjugates lives to the dictates of death and suffering to the greatest extent. In an increasingly tense situation of capitalist competition new wars are breaking out on the fringes of powerful economic centers and in the resource-rich parts of the world. After Yugoslavia, Afghanistan, Iraq, Syria, Palestine and many other parts of the world, war has now finally broken out fully in Ukraine.

The war in Ukraine is not a war between people, but between the great systems of capitalist domination. People are merely dying in it. Weapons, the war industry and military alliances are the problem, not the solution. That is why we reject armaments and all other forms of
strengthening the apparatus of war. Our solidarity cannot be with the states, their armies and their flags, which are now measuring their weapons of destruction in Ukraine, nor with the war profiteers who are already wringing their hands over dizzying new deals. Our boundless solidarity goes out to all those who are suffering the consequences on all sides of the front lines. We stand in solidarity with all those who raise their voices against the war and with those who do not put their own bodies at the disposal of the war machine and who, precisely because of their resistance, are themselves targets of repression. Like us, they did not want war, they did not seek it, but they have become its prisoners and captives. We all feel their pain, which we may all too soon come to know in a very personal way ourselves.

The war is not only being fought with bombs and tanks, and not only on Ukrainian territory. A significant part of the war is being fought in societies that are seemingly safely removed from the theatres of war. It takes the form of arms production and trafficking, the promotion of nationalism, propaganda, repression, the spread of hatred, racism and the selective treatment of the victims of war. Rejecting war means rejecting all forms in which it takes place.

In a climate of war, it is important to create spaces of anti-authoritarian resistance against all that enables and drives it. To begin with, this means self-organised exchange of information, views andorganising to offer practical solidarity to all those who need it in
this difficult situation.

That is why we are joining the Rally for Peace in Ljubljana on Tuesday 1 March 2022 at 5pm.

That is why we are calling for an Open Assembly against the war on Thursday 3 March 2022 at 5pm at the Menzo pri koritu in Metelkova, where we will build together the possibility of solidarity and resistance even in times of war.

Against imperialism and all nationalisms!
Class solidarity with the people of Ukraine, Belarus and Russia !
Let us open our borders to all!

Ljubljana, 1 March 2022
Anarchist Initiative Ljubljana