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par Georges Brassens le 31 octobre 2021

Aragon a-t-il cambriolé l’église de Bon-Secours ?

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Le Libertaire n° 51 du 18 octobre 1946

Article extrait du Monde libertaire n° 18531 de septembre 2021




C’est arrivé à Rouen ou, plus précisément à Blaneville-Bon-Secours, petite commune des environs de Rouen.
Trouvant que les calices en or et en argent massif ainsi que les colliers de pierres précieuses n’étaient pas nécessaires à la pratique du culte de la religion de Jésus-Christ — lequel comme chacun sait préconisait la pauvreté — des inconnus se sont amusés à fracturer les portes de la basilique de Bon-Secours et à rafler les susdits précieux objets.
Jusque-là, rien d’extraordinaire, rien d’alarmant.
Des individus s’aperçoivent que dans une église dorment, inutiles, des valeurs susceptibles de leur accorder le pouvoir d’achat qui leur fait défaut.
Ils s’en emparent. C’est normal, c’est légitime. Il faudrait être détraqué pour trouver à redire à cela.
Mais où l’affaire se corse, c’est lorsque des policiers amateurs (il y en a plus qu’on ne pense), s’avisent d’établir une corrélation entre ce “vol” et celui commis en 1927 par le poète Louis Aragon au préjudice de l’église de Melun et de signaler ce dernier à l’attention des enquêteurs.
Grossière, fâcheuse méprise à la vérité.
Aragon est absolument incapable d’accomplir aujourd’hui un acte aussi noble, aussi grand. Entièrement soumis à la force capitaliste, il ne voudrait pour rien au monde la frustrer du moindre centime.
Et d’ailleurs, lui, quand il volait, ce n’était pas dans un dessein de lucre, il volait pour voler, tout simplement.
C’était du beau lyrisme, nous en convenons.
Mais de là à oser lui faire endosser l’honneur de la paternité du cambriolage glorieux de la basilique de Bon-Secours, il y a du chemin. C’est à notre avis pousser un peu loin l’inconscience. Aragon n’a pas besoin de voler pour se procurer des subsides. Il lui suffit de se baisser aux pieds de ses maîtres.
C’est plus facile et moins dangereux.

Géo Cédille
PAR : Georges Brassens
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