Littérature > Qui est in et qui est août ? se demande le rat noir
Littérature

par Patrick Schindler • le 28 juillet 2025
Qui est in et qui est août ? se demande le rat noir
Lien permanent : https://monde-libertaire.net/index.php?articlen=8496
Vacances obligent, le rat noir vous propose d’entamer ce mois d’août avec la lecture (ou relecture) d’un polar hilarant de Chester Himes : La Reine des pommes. Pour continuer, un des chefs-d’œuvre de la littérature polonaise : Ferdydurke de Witold Gombrowicz. Plus sérieux, la présentation de l’exceptionnelle biographie de l’Allemande antinazie, Hannah Arendt : Parias et la « tribu » en France de Marina Touilliez. Et enfin, nous terminerons ce voyage sur les turpitudes d’une famille espagnole sous la dictature de Franco, avec Vingt ans et un jour de Jorge Semprun.
« L’art contient toujours un aiguillon et du poison ; l’on ne peut butiner le miel sans pomper le poison par-dessus le marché. » Youkio Mishima
Chester Himes : La Reine des pommes
C’est le moment d’un petit passager clandestin...
Il part en Europe en 1953, c’est après avoir rencontré Marcel Duhamel deux ans plus tard qu’il écrit ses premiers romans policiers. La Reine des pommes obtient le grand prix de littérature policière. Y apparaissent ses deux fameux inspecteurs de police de Harlem, Ed Cercueil et Fossoyeur Jones. Ses derniers romans, violents et à nouveau politiques seront appréciés des Black Panthers.
Scoumoune qui durant une folle aventure va nous faire mieux connaitre le Harlem de la fin des années 50 et croiser toute une série de personnages plus vrais que nature.
Une logeuse « pire qu’une vraie Cerbère » ; un révérend bien naïf et très pénétré de sa sainte mission « Seigneur, protégez tous les pêcheurs de Harlem en difficulté, tant au point de vue des femmes qu’au point de vue argent. Amen ». Apparaitront encore le frère jumeau de Jackson déguisé en bonne sœur pour faire la manche et ses deux associées « patronnes » d’un bordel ; des flics pourris autant noirs que blancs dans un quartier pourrissant où pullulent des ados dévoyés ; toutes sortes de sectes plus louches les unes que les autres et « . Quartier où la moindre nouvelle circulait comme une trainée de poudre, où l’on buvait aux heures interdites, où les partouzes allaient bon train, où les putains vendaient ce qu’elles avaient à vendre et où les flambeurs plumaient les pigeons ». Beau programme !
Le déroulé foudroyant de ce polar très bien ficelé nous fera encore découvrir La Vallée, le Harlem de l’est, surnommé « le fond du seau à charbon, où les rats et cafards y disputent aux chiens faméliques et aux chats efflanqués les os rongés par l’homme. »
Le terme de l’aventure nous fera vivre, lors d’une scène hallucinante, un carnage sans nom aux alentours de la gare de la 125ᵉ rue parmi des « clodos, putains, traine-savates, voleurs à la tire, trimards, mendiants faux-aveugles : « Tous les rebus humains qui flottaient autour de la gare, comme de l’écume malpropre sur de l’eau stagnante et se bousculaient appâtés par le spectacle ».
Et quel spectacle ! Dans lequel notre Jackson, dit « la Reine des pommes » va tenir la tête d’affiche…
Witold Gombrowicz : Ferdydurke
L’œuvre de Gombrowicz, interdite en Pologne par les nazis, puis par les communistes, tomba dans un relatif oubli jusqu’en 1957, où les premières traductions de ses œuvres commençaient à paraître en Europe. Ferdydurke a beaucoup influencé Milan Kundera et fut très apprécié d’Albert Camus. En 1964, il s’installe en France à Royaumont et épouse sa femme Rita en 1968, tandis qu’il décède un an plus tard. Rita décide en 2013, de publier le journal intime de son époux, intitulé Kronos (que nous lirons dans un prochain Rat noir), qui révèle ses expériences homosexuelles.
C’est alors qu’il découvre dans sa chambre la présence inopinée d’un autre homme. Celui-ci semble âgé d’une cinquantaine d’année et dit s’appeler, Pimko. Mais l’effarement de Joseph prend une nouvelle ampleur alors qu’il s’aperçoit que si l’homme se met à grandir, lui se met simultanément à rétrécir ! « Mon pied devint un peton, ma main une menotte, mon œuvre une œuvrette, ma personne devenait petite, mon corps petit ». On se demande alors si nous ne sommes pas en train de pénétrer tout doucement dans un univers à la Lewis Caroll. D’autant plus lorsque Pimko explique à Joseph qu’il doit l’amener à l’école !
« Monsieur le professeur, dit Pimko, voici le jeune Joseph que je voudrais inscrire en Première. Jojo, dis bonjour à monsieur le professeur. Je vous le confie pour qu’il s’habitue à ses petits camarades » Réaction de Joseph : « Je restais hébété devant cette scène. Ne sachant comment protester alors que Pimko avait disparu et s’était caché derrière un arbre pour m’observer ».
Nous allons ensuite assister aux premiers échanges entre Joseph, à présent ancré dans un corps de pré-ado mais ayant gardé son esprit d’adulte, et les élèves d’un lycée dans les années 1930, dites postmodernistes. Population agitée qui, contrairement à ce que voudrait bien croire Pimko, n’a rien de naïve. En effet, la moitié d’entre eux, rassemblée dans « le clan des Gaillards », se révèle grossière et se refuse catégoriquement à se transformer en des êtres innocents. L’autre moitié antagoniste, dite du « clan des adolescents » se définie comme composée « d’êtres normaux, idéalistes à la mine noble » qui eux, se réclament énergiquement de « la plus pure naïveté ». Reflet des deux pôles divergents de la société polonaise d’alors. S’ensuit une scène hallucinante dans la cour de l’école qui se déroule sous l’œil naïf et bienveillant des surveillants et des mères de familles. Nous n’aurons de cesse d’être surpris en découvrant les personnalités du directeur et des professeurs de l’école. Parmi ces derniers, un enseignant illuminé dictant à la classe, textes et « principes sacrés de la Grande Pologne éternelle » ou un autre prof ne faisant que radoter des textes anciens. Fort heureusement pour lui, Joseph finit par sympathiser avec Mientas, un « Gaillard » qui ne rêve que « de manger du pain noir avec les valets de ferme et monter sur des chevaux sans selle, galoper dans les prairies et se baigner dans les rivières ».
Autant prévenir tout de suite le lecteur qu’entre deux chapitres (dont nous ne donnons qu’une petite idée), Witold Gombrowicz coupe très souvent court à son inspiration galopante pour introduire une digression qu’il considère comme « une coda, un trille ou plutôt un repli, un boyau dans l’histoire ou un feuilleton sans gravité, un art mineur qui m’ont conduit à construire cet ouvrage sur la base de parties séparées. Une réaction contre les tenants prétentieux de l’art pur et noble de celui qui provoque les guerres » ! Ainsi en est-il de la présentation du personnage du Docteur Philidor « le roi des synthéciens » et du Docteur anti-Philidor, dont la spécialité consiste en la « décomposition d’une personne ».
Et puis, Gombrowicz reprend le cours normal de son récit où nous retrouvons dans une deuxième partie Pimko, qui, satisfait des résultats de Joseph à l’école, entraine ce dernier cette fois-ci au sein « d’une famille moderne de l’après-guerre et partisans d’une nouvelle Pologne ». Joseph est censé faire bonne figure devant une « jeune fille moderne » car son maitre à penser a pour dessein « d’enfermer définitivement Joseph dans l’adolescence pour le convertir au culte juvénile ».
Le pauvre Joseph parviendra-t-il à déjouer ce piège ?
Inutile d’essayer de décrire le doux délire qui nous attend lors d’un passage digne d’une pièce de boulevard tragicomique où nous verrons entre autres, un HG Wells danser devant un Charlie Chaplin médusé ! Au détour d’une phrase, Witold Gombrowicz nous arrête une fois encore, mais cette fois-ci pour nous faire réfléchir très sérieusement au sens philosophique à accorder à un autre personnage invité, un certain Philibert, nous expliquant que ce dernier « en vertu de l’analogie avec Philidor, recèle dans sa mixture spéciale, le vrai sens secret de l’œuvre » … Pas le temps de nous appesantir car Gombrowicz revenant à son histoire centrale, passe à la vitesse supérieure. Nous voici alors emportés en compagnie de Joseph et de son complice du lycée, Mientas, dans une quête effrénée à la recherche du fameux valet de ferme tant fantasmé par ce dernier.
Ceci n’étant qu’un avant-goût de ce qui nous attend dans les derniers chapitres pour se terminer dans une apothéose de situations ubuesques, véritable charge contre les clichés des rapports de classe.
Lire Gombrowicz pourrait se résumer à jeter un véritable défi au bon sens et à l’orthodoxie. A déguster en ces temps devenus beaucoup trop sérieux et ennuyeux !
Marina Touilliez : Parias, Hannah Arendt et la « tribu » en France
Dans la préface de l’ouvrage, Martine Leibovici nous présente l’itinéraire que nous allons suivre au cours des années qu’Hannah Arendt passa à Paris de 1933 à 1944, parmi les réfugiés juifs allemands ayant fui le nazisme. Parias, Hannah Arendt et la « tribu » en France est un essai très dense, bien illustré et agrémenté entre autres, de manchettes de journaux très évocatrices. De fait, nous nous excusons de la longueur exceptionnelle de cette recension qui n’a d’autre but que de mettre en relief toute l’étendue du travail ayant été réalisé par l’auteure.
Le prologue de Marina Touilliez nous permet de mieux comprendre pourquoi Hannah Arendt refusa longtemps d’évoquer cette période de sa vie qu’elle qualifia « d’heureuse », nonobstant les circonstances défavorables qu’elle découvrit dès son arrivée : la pauvreté et l’hostilité des Français vis-à-vis des Allemands exilés. Après une période d’accalmie relative de deux ans, le cauchemar reprit. Hannah connu alors l’internement comme « ressortissante ennemie », un bref séjour au Vélodrome d’Hiver, puis l’internement au camp vichyiste de Gurs, où elle frôla la folie et le désespoir. Autant d’étapes que nous allons vivre avec elle dans ce livre. Mais le plus troublant reste le peu d’allusions qu’elle en fit, sinon lors d’une polémique qui éclata en 1963. On lui reprocha alors, le ton sarcastique qu’elle prit en évoquant Eichmann après son procès, le qualifiant « d’individu banal, un simple bureaucrate appliqué incapable de distinguer le bien du mal ». L’auteur nous expliquera les tenants et aboutissants de cette controverse qui secoua aussi bien l’intelligentsia que les communautés juives américaines, israéliennes et européennes…
Le récit s’ouvre sur l’année 1932, tandis qu’Hannah et Günther Stern, son premier mari, débarquent dans une ville de Berlin « devenue une véritable poudrière à l’atmosphère explosive avec les démonstrations nazies omniprésentes », selon ses dires. En effet, dès ses premiers instants dans la capitale allemande, Hannah pressent que le pays va bientôt devenir « invivable pour les Juifs » avec l’impossibilité de trouver un travail. C’est alors que dans un flashback, Marina Touillez nous propose de découvrir la personnalité de cette jeune intellectuelle née dans une famille de Juifs socialistes et athées qui, malgré quelques turpitudes terminera ses études de philosophie en candidate libre. Nous assisterons ensuite à sa rencontre avec Hans Jonas et Günther Stern, puis à l’apparition dans sa vie d’un certain Martin Heidegger, (le philosophe plus qu’ambigu qui va devenir son amant) ainsi que le psychiatre-philosophe, Karl Jaspers. Un long passage sera consacré aux oppositions entre Juifs sionistes et Juifs assimilés « dans une Allemagne en proie à un antisémitisme exacerbé ». Ceci expliquant entre autres, pourquoi Hannah s’éloignera des positions de son mari « marxiste assimilationniste ». À la suite de l’arrivée d’Hitler au pouvoir, ce dernier s’enfuira pour Paris, tandis qu’Hannah s’engagera dans la résistance intérieure. Nous verrons dans quelles circonstances elle se retrouvera elle aussi à Paris « écœurée de quitter une Allemagne où bon nombre de ses anciens amis dont Heidegger se rallient aux nazis ».
Les deux premières parties de l’ouvrage nous entrainent dans ce Paris qui semblait tant prometteur à Hannah mais dont la triste réalité va rapidement se révéler à ses yeux : précarité, suspicion, xénophobie, chômage et différents traitements réservés aux juifs allemands, selon leurs options politiques. Et ceci en pleine affaire Stavisky qui voit monter les extrêmes-droites « contre l’envahissement des youpins et des boches métèques ». Fort heureusement, ailleurs dans le Paris ouvert aux étrangers, les exilés antifascistes de « l’autre Allemagne » retrouvent leurs compatriotes tantôt à St Germain des Prés, tantôt à Montparnasse ou encore, à la librairie cosmopolite d’Adrienne Monnier et de son amie photographe et sociologue, Gisèle Freund. Dans ces lieux où on peut y croiser Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Raymond Aron ou encore Walter Benjamin, l’ami de Berthold Brecht. C’est à cette époque qu’Hannah s’engage dans la solidarité juive internationale, en réaction aux attaques de Juifs français « qui se méfiaient des Schnorrers » (terme yiddish très péjoratif ,signifiant parasite). Hannah n’en forgera pas moins une ironie qui deviendra légendaire. Tandis que « les amours des parias » se développent, le couple des Stern commence lui, à se déliter.
Nous en arrivons alors à la troisième partie avec l’arrivée du Front Populaire, l’été 1936. C’est dans ce contexte qu’Hannah fait la connaissance d’Heinrich Blücher, ancien communiste antistalinien. Malgré leurs engagements différents, c’est le coup de foudre. Ils s’installent dans un immeuble neuf du 15ème arrondissement qui va devenir le pivot de la « tribu des réfugiés indésirables ». Nous allons y fréquenter bien du beau monde. Outre deux médecins empathiques Rudolf Neumann et Fritz Fränkel, « l’aristocrate désabusée et solitaire », Lotte Sempell (l’ex-compagne de Heinrich) ; le journaliste écrivain Arthur Koestler, Walter Benjamin ou encore, le peintre « dit dégénéré par les nazis » Carl Heidenreich et Erich Cohn-Bendit, « l’avocat de la cause » et sa famille.
Après deux années « passées en accord parfait », la tribu va devoir faire face aux événements qui s’emballent. En vrac : la répression nazie en Allemagne ; le début de l’invasion de l’Europe par les nazis et des procès de Moscou, organisés par Staline et surtout, les batailles intestines entre les Républicains espagnols. Comment réagiront la France et l’Angleterre après la Nuit de Cristal et le nouvel exode massif des Juifs allemands fuyant les premiers camps de concentration ? Quel sera l’avenir d’un Léon Blum traité de « sale youpin » et celui de la coalition du Front Populaire ? Nous assisterons aux premières traques « aux étrangers indésirables », mises en place par le gouvernement du radical Edouard Daladier et ses « camps de la République », vouant les plus chanceux des Juifs apatrides aux petits boulots précaires ou… au suicide !
Devant ce climat délétère, comment s’organiseront les membres de la tribu afin d’accueillir un nouveau flot de migrants fuyant les nazis, pour lesquels le fameux poème de Berthold Brecht se référant à Lao Tseu, deviendra le mot de passe ou le « comprend qui peut », des antinazis. Comment résister à en citer la dernière strophe :
« Que l’eau qui doucement effleure la pierre énorme, avec le temps en vient à bout. Tout ce qui est dur a le dessous. »
Cependant, à la rentrée 1939, la situation se durcit encore, avec la signature du Traité de non-agression entre Hitler et Staline, tandis que la guerre éclate le 3 septembre. La France va connaitre les premières grandes rafles. Combien des parias de la tribu passeront au travers ? Toujours est-il que les autres seront rassemblés au stade de Colombes pour les hommes et à la prison de la Petite Roquette pour les femmes, considérées « comme les plus indésirables » … Nous entendrons à ce sujet les Parisiens reprendre la fable de la Cinquième colonne, née sous l’occupation franquiste, visant cette fois-ci tous les Juifs antifascistes ou communistes réfugiés en France, « afin de ménager Franco ». Fin 1939, 200.000 seront enfermés dans les camps et ceux considérés comme les plus suspects, transférés dans les redoutables camps de Vernet et Rieucros « déjà remplis de Républicains espagnols épuisés et comme morts-vivants ». Nous lirons de nombreux témoignages dont ceux de Walter Benjamin et Arthur Koestler.
Alors que pendant ce temps-là comme le dit Hannah : « les Français tombaient dans l’apathie ». Pour faire face, elle entreprend l’écriture de son fameux ouvrage Les origines du totalitarisme qui deviendra et demeure, une référence en la matière. Koestler commence, lui, son célèbre Zéro et l’infini, un classique de la dénonciation du stalinisme, notamment durant la Guerre d’Espagne. Mais quelles solutions auront les « déportés libérés provisoires » qui devront en sus affronter leurs traumatismes ? Et que va-t-il se passer une fois la Finlande, le Danemark et la Norvège envahies par Hitler ? Que vont devenir en France, les femmes juives allemandes (dont Hannah) et autrichiennes, puis hollandaises traitées « d’anti-Françaises » ? Quel sort les attend après avoir été rassemblées au stade du Vel d’Hiv ? Combien d’entre elles finiront dans le camp de Gurs dans le Roussillon réputé pour sa dureté, où croupissaient déjà les réfugiés de la Guerre d’Espagne ? Comment seront-elles accueillies par les habitants locaux, seront-elles encore traitées d’espionnes et combien d’entre elles crèveront de faim dans des couches de 70 cm2, couvertes de puces, au milieu des rats ? Comment Hannah réussira-t-elle à ne pas sombrer dans le désespoir le plus complet, sans aucune nouvelle du dehors ? Suivra-t-elle la soixantaine de femmes déterminées à quitter coûte que coûte le camp, sans même avoir de but immédiat ?
Nous en arriverons alors à la dernière partie du livre, tandis que le 14 juin 1940, les premiers bataillons allemands défileront Place de l’Etoile et que Pétain annoncera la capitulation. Les antifascistes allemands, italiens, espagnols devenus indésirables, réussiront-ils à rejoindre le flot de l’exode dans une cacophonie devenue générale, pour ne pas être livrés au Reich ?
Hannah : « Plus aucun train ne circulait, personne ne savait où étaient passés, famille, amis. La France était devenue une véritable souricière ». Il nous faudra encore assister à une nouvelle vague de suicides parmi les antifascistes. « Fuir à tout prix, mais où, gagner le sud-ouest ou Marseille ? Comment éviter les pièges administratifs ? ». Nous verrons comment par miracle, Hannah retrouvera Heinrich à Monbahus, devenu le point de ralliement des opposants étrangers fuyant la Gestapo et les terribles propos émis sur Radio Vichy ou lus dans Je suis partout. Comment traverser l’Espagne de Franco pour rejoindre Lisbonne, puis les Etats-Unis pour les plus veinards ? Marina Touilliez nous redonnera un peu d’espoir en nous racontant le geste d’Elanor Roosevelt en faveur des réfugiés antinazis, ainsi que l’action courageuse du journaliste américain, Varian Fry débarqué à Marseille avec une liste de 200 noms d’artistes et intellectuels à sauver. Mais quid des autres ? Le peu de rescapés de la tribu en feront-ils partie ? Pour les moins fortunés, nous les suivrons au jour le jour sur les traces qu’ils ont laissées dans leur correspondance.
« Fuir, toujours fuir, mais quel dilemme que de laisser derrière soi les personnes tant aimées se débrouiller seules face au fameux statut des Juifs édité par le gouvernement de Vichy et les rafles qui se multiplient. Les Juifs meurent en Europe et on les enterre comme des chiens », écrit Hannah …
Pour notre part, nous vivrons les derniers jours de son cher ami Walter Benjamin. Comme un écho, la voix d’Hannah nous criera en 1942 :
« Le cœur reste derrière avec la culpabilité d’avoir échappé au pire, en avant. Voix lointaines, chagrin proche : la voix de ces morts que nous avons envoyé comme messagers pour nous guider vers le sommeil ».
Dans l’épilogue, nous apprendrons ce qui advint des survivants de la tribu, notamment ceux réfugiés aux Etats-Unis, mais devant à présent affronter les lois de Mc Carthy. Le plus terrible restant à venir lorsqu’ils découvriront les atrocités de la Shoah. Comment y survivre ? Hannah Arendt dira plus tard, en 1964 :
« Durant tous ces événements, nous étions jeunes et je dois avouer qu’à certains moments j’y pris même du plaisir. Je ne peux pas le dire autrement. Mais pas Auschwitz. Ça c’était tout autre chose. De tout le reste on pouvait s’en remettre. Mais pas de ça ».
L’époustouflante liste bibliographique située en fin de cet ouvrage, témoigne de l’étendue des recherches menées par Marina Touilliez. Elle justifie pleinement le prix Jean Blot qu’elle vient d’obtenir pour ce véritable trésor d’informations historiques. Souhaitons que les jeunes générations les découvrent et n’oublient jamais ce dont le fascisme est capable !
Jorge Semprun : Vingt ans et un jour
Et c’est en juillet 1956, précisément vingt ans après le début de la Guerre civile espagnole et donc sous la dictature franquiste, que notre héros Michael Leigton, arrive à la propriété La Maestranza, située dans un petit village voisin de Quismondo, dans la province de Tolède. Il s’y rend afin d’achever un essai historique consacré à la crise de la Deuxième République et à la Guerre civile, afin de « tenter de retrouver la trace de certains oublis volontaires de la part de tous les protagonistes des événements ».
Mais dès son arrivée dans le village, il se rend compte que pratiquement tous les Espagnols ayant combattu, des nationalistes de la « Croisade » ou phalangistes, aux communistes ou anarchistes, ont leurs propres versions souvent contradictoires. Alors comment parvenir à une espèce de réconciliation pour colmater rancunes et injures ? se demande le héros. Celui-ci va nous embarquer alors parmi nombre de terrains nébuleux, hyperréalistes, voire carrément improbables.
Ainsi serons-nous invités à une cérémonie ressemblant aux « auto-sacramental expiatoires théâtrales » du XVIIe siècle. Nous visiterons également la plus ancienne synagogue (XIVe siècle)séfarade de Tolède, berceau du narrateur « d’où sa passion pour "les" histoires d’Espagne ». Plus loin, nous aurons l’occasion de croiser plusieurs fois Federico Garcia Lorca, d’entendre parler du fameux philosophe Ortega y Grasset, vénéré par la jeune génération. Mais nous entendrons parler du fameux « rapport secret » d’un certain Kroutchev critiquant l’autoritarisme et le culte de la personnalité de Lénine puis de Staline, mais aussi des calomnies lancées contre Heriberto Quinones et Gabirel Léon Trilla, avant leur assassinat en Espagne.
Parfois, le narrateur s’adresse à nous lecteurs en nous priant de ne pas décrocher parmi tout ce flux historique et s’excuse de prendre un peu d’avance sur nous dans la chronologie d’une histoire beaucoup plus intime que nous allons découvrir par petites touches, au fil des pages.
Entre alors en scène une certaine Mercedes, femme « restée sensuelle malgré le temps ». Mercedes et sa fascination pour le tout aussi inquiétant que suggestif tableau d’Artemisia Gentileschi, Judith décapitant Holopherne : porte ouverte sur le libertinage. Revenus au présent, nous allons être témoins dans la maison de Mercedes, de joutes oratoires familiales au sujet de la politique, mais aussi de la notion de virginité ou du droit de cuissage.
Ces échanges corsés feront le miel de notre héros, le beau Michael Leigton et plus encore du sombre commissaire de la Direction générale de la sureté, obnubilé par sa chasse aux étudiants après leur révolte en février 1956. Plus on avance dans le récit, plus tous ces éléments passés et présents se mélangent et se rejoignent dans le contexte on ne peut plus explosif du régime dictatorial franquiste et de la résurgence d’un mouvement de libération.
En terminant ce roman, nous n’aurons plus aucun doute sur le fait que les événements traversés par Jorge Semprun l’aient largement inspiré pour écrire ce trépidant récit dans lequel on perd un peu pied au début, avant de retrouver l’équilibre et de comprendre là où il veut nous conduire.
Patrick Schindler, groupe de Rouen de la FA
Août... D’Algérie jusqu’en Lorraine, un passager clandestin.
PAR : Patrick Schindler
Groupe de Rouen de la FA
Groupe de Rouen de la FA
SES ARTICLES RÉCENTS :
Juillet, rat noir, qu’est-ce que tu lis pour les vacances ?
Le Rat noir a lu Guy Pique
Mai, ou, et, donc, le rat noir ?
C’est le printemps, avril, le rat noir est de retour.
Sur le calendrier du rat noir, au mois de février, les jours s’allongent peu à peu
"Monsieur Janvier, c’est des livres francs" exige le rat noir.
Décembre, le rat noir a rempli sa hotte
A Athènes, Exarcheia est toujours bien vivante : La Zone, un nouveau lieu de rencontre libertaire vient d’ouvrir ses portes !
Le rat noir fera craquer les pages blanches, octobre tiendra sa revanche
Les livres portent déjà les couleurs de septembre et l’on entend, au loin, s’annoncer le rat noir
Le raout du rat (noir) en août
Les livres du rat noir de juin, les livres du rat noir de juin
Mai, mai, mai, Patrick mai... Mai, mai, mai, rat noir !
"Nous roulerons comme les écrivains roulent Ni riches, ni fauchés... Viens être mon rat noir d’avril Viens, nous allons briser toutes les règles"
Mars : "Un pas, une pierre, un rat noir qui bouquine..."
Février de cette année-là (2024) avec le rat noir
Janvier, une nouvelle révolution... terrestre*. Et le rat noir, toujours là.
Décembre : pas d’hibernation pour le rat noir.
Novembre, le rat noir toujours plongé dans des livres.
lectures d’octobre avec le rat noir
Sœurs ensemble, tu n’es plus seule !
Les vendanges du rat noir. Septembre 2023, un bon cru...
Le rat noir est "in" pour ce mois d’août
Lunettes noires pour un rat noir, voilà juillet.
Gay Pride d’Athènes 2023 en une seule photo !
Le rat noir répond à l’appel de juin
En mai le rat noir lit ce qui lui plait (mai 2023)
En avril le rat noir ne se découvre pas d’un livre
Athènes . Rendez vous féministe et solidaire était donné le 8 mars
En Arès, le rat noir hellénophile attend le printemps.
Hommage au philosophe, René Schérer
Pour un mois de février à ne pas mettre un rat dehors...
Le rat noir a fait au gui l’an neuf : merveille : son œuf mensuel.
Grèce. Un Rom de 16 ans tué par un policier pour un vol à 20 €
Pour finir l’année avec le rat noir
Commémoration du 17 novembre 1973, hier à Athènes
Ballade en novembre pour le rat noir
Finies les vendanges en octobre, le rat noir fomente en tonneau
"C’est en septembre que je m’endors sous l’olivier." rêve le rat noir
Coming août, voici le rat noir.
Le rat noir lit à l’ombre en juillet
Gay Pride Athènes 2022
En mai, le rat noir lit ce qui lui plaît.
En avril, le rat noir ne se découvre pas d’un livre.
Encore un peu du rat noir pour mars
Le rat noir de mars
Vite, le rat noir avant que mars attaque...
Février de cette année-là, avec le rat noir.
Une fin de janvier pour le rat noir
deux mille 22 v’là le rat noir
Le Rat Noir de décembre...
Un rat noir de fin novembre...
Début novembre, le rat noir est là
Octobre, nouveau message du rat noir
revoilà le rat en octobre
Le message du rat noir, fin septembre
La rentrée du rat noir
La fin août du rat noir
Mi-août, voilà le rat noir !
Le rat noir, du temps de Jules au temps d’Auguste
Le rat, à l’ombre des livres
Interview de Barbara Pascarel
Le rat noir, fin juin, toujours le museau dans les livres
Un bon juin, de bons livres, voilà le rat
On est encore en mai, le rat lit encore ce qui lui plait
En mai le rat lit ce qui lui plait
Fin avril, le rat noir s’est découvert au fil de la lecture
Un rat noir, mi-avril
Une nouvelle Casse-rôle sur le feu !
Qu’est Exarcheia devenue ?
V’là printemps et le rat noir en direct d’Athènes
Le rat noir de la librairie. Mois de mars ou mois d’arès ? Ni dieu ni maître nom de Zeus !!!
Librairie athénienne. un message du rat noir
Le rat noir de la librairie athénienne. Février de cette année-là.
Le rat noir d’Athènes mi-janvier 2021
Le rat noir de la bibliothèque nous offre un peu de poésie pour fêter l’année nouvelle...
Volage, le rat noir de la bibliothèque change d’herbage
Octobre... Tiens, le rat noir de la bibliothèque est de retour...
Le rat noir de la bibliothèque pense à nous avant de grandes vacances...
Maurice Rajsfus, une discrétion de pâquerette dans une peau de militant acharné
Juin copieux pour le rat noir de la bibliothèque.
Juin et le rat noir de la bibliothèque
Mai : Le rat noir de la bibliothèque
Séropositif.ves ou non : Attention, une épidémie peut en cacher une autre !
Mai bientôt là, le rat de la bibliothèque lira ce qui lui plaira
Toujours confiné, le rat de la bibliothèque a dévoré
Début de printemps, le rat noir de la bibliothèque a grignoté...
Ancien article Des « PD-anars » contre la normalisation gay !
mars, le rat noir de la bibliothèque est de retour
Janvier, voilà le rat noir de la bibliothèque...
Vert/Brun : un "Drôle de couple" en Autriche !
Ancien article : Stéphane S., le poète-philosophe libertaire au « Sang Graal »
Algérie : l’abstention comme arme contre le pouvoir
Décembre 2019 : Le rat noir de la bibliothèque
1er décembre, journée mondiale contre le sida : les jeunes de moins en moins sensibilisés sur la contamination
A Paris, bientôt de la police, partout, partout !
Les Bonnes de Jean Genet vues par Robyn Orlin
N° 1 du rat noir de la bibliothèque
En octobre et novembre le ML avait reçu, le ML avait aimé
Razzia sur la culture en Turquie
Ces GJ isolés qui en veulent aux homos !
Service national universel pour les jeunes : attention, danger !
Vers l’acceptation de la diversité des familles dans la loi ?
Une petite info venue de Grèce
Le philosophe à l’épreuve des faits
La Madeleine Proust, Une vie (deuxième tome : Ma drôle de guerre, 1939-1940)
Loi sur la pénalisation des clients : billet d’humeur
Les anarchistes, toujours contre le mur !
Le Berry aux enchères
Juillet, rat noir, qu’est-ce que tu lis pour les vacances ?
Le Rat noir a lu Guy Pique
Mai, ou, et, donc, le rat noir ?
C’est le printemps, avril, le rat noir est de retour.
Sur le calendrier du rat noir, au mois de février, les jours s’allongent peu à peu
"Monsieur Janvier, c’est des livres francs" exige le rat noir.
Décembre, le rat noir a rempli sa hotte
A Athènes, Exarcheia est toujours bien vivante : La Zone, un nouveau lieu de rencontre libertaire vient d’ouvrir ses portes !
Le rat noir fera craquer les pages blanches, octobre tiendra sa revanche
Les livres portent déjà les couleurs de septembre et l’on entend, au loin, s’annoncer le rat noir
Le raout du rat (noir) en août
Les livres du rat noir de juin, les livres du rat noir de juin
Mai, mai, mai, Patrick mai... Mai, mai, mai, rat noir !
"Nous roulerons comme les écrivains roulent Ni riches, ni fauchés... Viens être mon rat noir d’avril Viens, nous allons briser toutes les règles"
Mars : "Un pas, une pierre, un rat noir qui bouquine..."
Février de cette année-là (2024) avec le rat noir
Janvier, une nouvelle révolution... terrestre*. Et le rat noir, toujours là.
Décembre : pas d’hibernation pour le rat noir.
Novembre, le rat noir toujours plongé dans des livres.
lectures d’octobre avec le rat noir
Sœurs ensemble, tu n’es plus seule !
Les vendanges du rat noir. Septembre 2023, un bon cru...
Le rat noir est "in" pour ce mois d’août
Lunettes noires pour un rat noir, voilà juillet.
Gay Pride d’Athènes 2023 en une seule photo !
Le rat noir répond à l’appel de juin
En mai le rat noir lit ce qui lui plait (mai 2023)
En avril le rat noir ne se découvre pas d’un livre
Athènes . Rendez vous féministe et solidaire était donné le 8 mars
En Arès, le rat noir hellénophile attend le printemps.
Hommage au philosophe, René Schérer
Pour un mois de février à ne pas mettre un rat dehors...
Le rat noir a fait au gui l’an neuf : merveille : son œuf mensuel.
Grèce. Un Rom de 16 ans tué par un policier pour un vol à 20 €
Pour finir l’année avec le rat noir
Commémoration du 17 novembre 1973, hier à Athènes
Ballade en novembre pour le rat noir
Finies les vendanges en octobre, le rat noir fomente en tonneau
"C’est en septembre que je m’endors sous l’olivier." rêve le rat noir
Coming août, voici le rat noir.
Le rat noir lit à l’ombre en juillet
Gay Pride Athènes 2022
En mai, le rat noir lit ce qui lui plaît.
En avril, le rat noir ne se découvre pas d’un livre.
Encore un peu du rat noir pour mars
Le rat noir de mars
Vite, le rat noir avant que mars attaque...
Février de cette année-là, avec le rat noir.
Une fin de janvier pour le rat noir
deux mille 22 v’là le rat noir
Le Rat Noir de décembre...
Un rat noir de fin novembre...
Début novembre, le rat noir est là
Octobre, nouveau message du rat noir
revoilà le rat en octobre
Le message du rat noir, fin septembre
La rentrée du rat noir
La fin août du rat noir
Mi-août, voilà le rat noir !
Le rat noir, du temps de Jules au temps d’Auguste
Le rat, à l’ombre des livres
Interview de Barbara Pascarel
Le rat noir, fin juin, toujours le museau dans les livres
Un bon juin, de bons livres, voilà le rat
On est encore en mai, le rat lit encore ce qui lui plait
En mai le rat lit ce qui lui plait
Fin avril, le rat noir s’est découvert au fil de la lecture
Un rat noir, mi-avril
Une nouvelle Casse-rôle sur le feu !
Qu’est Exarcheia devenue ?
V’là printemps et le rat noir en direct d’Athènes
Le rat noir de la librairie. Mois de mars ou mois d’arès ? Ni dieu ni maître nom de Zeus !!!
Librairie athénienne. un message du rat noir
Le rat noir de la librairie athénienne. Février de cette année-là.
Le rat noir d’Athènes mi-janvier 2021
Le rat noir de la bibliothèque nous offre un peu de poésie pour fêter l’année nouvelle...
Volage, le rat noir de la bibliothèque change d’herbage
Octobre... Tiens, le rat noir de la bibliothèque est de retour...
Le rat noir de la bibliothèque pense à nous avant de grandes vacances...
Maurice Rajsfus, une discrétion de pâquerette dans une peau de militant acharné
Juin copieux pour le rat noir de la bibliothèque.
Juin et le rat noir de la bibliothèque
Mai : Le rat noir de la bibliothèque
Séropositif.ves ou non : Attention, une épidémie peut en cacher une autre !
Mai bientôt là, le rat de la bibliothèque lira ce qui lui plaira
Toujours confiné, le rat de la bibliothèque a dévoré
Début de printemps, le rat noir de la bibliothèque a grignoté...
Ancien article Des « PD-anars » contre la normalisation gay !
mars, le rat noir de la bibliothèque est de retour
Janvier, voilà le rat noir de la bibliothèque...
Vert/Brun : un "Drôle de couple" en Autriche !
Ancien article : Stéphane S., le poète-philosophe libertaire au « Sang Graal »
Algérie : l’abstention comme arme contre le pouvoir
Décembre 2019 : Le rat noir de la bibliothèque
1er décembre, journée mondiale contre le sida : les jeunes de moins en moins sensibilisés sur la contamination
A Paris, bientôt de la police, partout, partout !
Les Bonnes de Jean Genet vues par Robyn Orlin
N° 1 du rat noir de la bibliothèque
En octobre et novembre le ML avait reçu, le ML avait aimé
Razzia sur la culture en Turquie
Ces GJ isolés qui en veulent aux homos !
Service national universel pour les jeunes : attention, danger !
Vers l’acceptation de la diversité des familles dans la loi ?
Une petite info venue de Grèce
Le philosophe à l’épreuve des faits
La Madeleine Proust, Une vie (deuxième tome : Ma drôle de guerre, 1939-1940)
Loi sur la pénalisation des clients : billet d’humeur
Les anarchistes, toujours contre le mur !
Le Berry aux enchères
Réagir à cet article
Écrire un commentaire ...
Poster le commentaire
Annuler