Comme si la pauvreté de la population de Mayotte ne suffisait pas, le cyclone Chido a plus que durement frappé celles et ceux qui n’ont rien. Des images de dévastation glaçantes nous sont parvenues. Comment rester insensible ? Rappelons à ce gouvernement que Mayotte est territoire français et que l’île est dans l’Océan Indien et non Pacifique, comme cela fut affirmé.

Mayotte département en déshérence ?
Mayotte le département le plus pauvre de France. C’est un constat qui interroge. Comment se fait-il que dans une république, qui affiche dans sa constitution le principe d’égalité, qu’un département soit le plus pauvre par rapport aux autres. Il y a donc un principe d’inégalité de fait. La notion de département le plus pauvre, recouvre beaucoup plus qu’une notion d’argent. Système scolaire défaillant, secteur santé sous-dimensionné et désuet, avec risques épidémiques, circuit d’eau vétuste et tributaire des sécheresses, énergie électrique précaire. 53 % des jeunes au chômage.
Je ne trouve aucune excuse aux gouvernements successifs, qui laissent perdurer cette situation. Les gouvernements depuis 1975 date à laquelle Mayotte a été intégrée à la République française, il y a eu plus que le temps pour agir et puis rien, vraiment rien. Et surtout les gouvernements savaient quelle était la situation de ce département.
Un département n’est pas qu’une appellation administrative, c’est surtout et avant tout des populations.

Encore des promesses ?
La présidence et un ministre démissionnaire se déplacent et débitent leurs lots de ya ka, faut kon , on va, nous allons, j’ai apporté des bouteilles d’eau, plus des petites phrases révoltantes de mépris. De plus avec la médiatisation outrancière, on aurait cru à un monarque thaumaturge, donneur de leçon. Il y aura peut-être une amélioration des conditions de vie, dans les semaines à venir, mais qui ne seront pas satisfaisantes. Je m’attends plutôt à un retour à une situation avant cyclone. Qui aux yeux de ‘’ Paris ‘’ sera une mission accomplie et voilà tout. On en reparlera. Pour ceux d’en haut, ce sera bien suffisant, pensez-vous.

Question de choix
Dans les sociétés étatistes, tout est question de choix politique. Les moyens sont là, l’argent moteur des sociétés capitalistes est aussi là. Ensuite les décideurs et décideuses jugent ce qui leur paraît bon ou pas d’engager comme moyens. À Mayotte comme ailleurs dans le monde où subsiste la pauvreté, si cela subsiste ce n’est qu’une question de choix cyniques, calculés. Sans que cela ne retire à vous comme à moi, quoi que ce soit, l’on pourrait nourrir, vêtir, loger, soigner, éduquer toute la population humaine.

La solidarité, l’entraide, l’autogestion
Comme on l’a vu, cette situation à Mayotte est mal gérée, en amont et en aval du cyclone. Aucune leçon ne sera tirée de tout ceci. Compter sur l’Etat ? Ne surtout pas compter sur les riches les fortuné-es, qui sont très prompts à faire des dons pour la reconstruction d’une cathédrale, mais quand il s’agit d’aide aux populations, leur charité chrétienne ou pas, s’évapore.
Il reste la solidarité, l’entraide, l’autogestion. Et se libérer de ses gestionnaires de nos vies et conditions de vie, incompétents. Un fois débarrassée de cette pseudo-gestion, de ses représentants et représentantes, enfin les populations pourront s’emparer de la gestion de leurs besoins, en comptant au niveau mondial sur la coopération pour obtenir ce qu’il leur manque, mettre en place les moyens qui leur permettraient de vivre dignement et se protéger des événements météorologiques.
Je me doute que mes écrits peuvent paraître comme on dit ‘’déconnectés’’ et qu’il est tellement facile de commenter et de faire de la politique, à quelques milliers de kilomètres de là où se situe l’urgence. Néanmoins l’Etat est défaillant. Mais il me semble, que comme dans de nombreux cas de catastrophes, au lieu d’attendre que vienne l’aide de l’Etat, des situations d’entraide et d’autogestion doivent se mettre en place et fonctionner de manière informelle au niveau local, à Mayotte et ailleurs dans le monde. Et bien évidemment ce que chacune et chacun peut faire pour aider, même à des distances de milliers de km, pourra soulager ces sœurs et frères humains, est bienvenu.

Frédéric CLERE
Groupe Commune de Paris