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Littérature
par Patrick Schindler le 30 septembre 2024

In July with the library’s black rat

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Changement de cap pour démarrer ce mois de juillet pas fun du tout. Aussi pour contrebalancer une actualité mortifère, essayons de garder le moral et l’espoir avec quelques titres un peu plus léger qu’à l’ordinaire. La Chine antique pour commencer, avec Essai sur le Zhuangzi de Marc-Antoine Hellboid. Centenaire : l’incontournable Clochemerle de Gabriel Chevallier. Quelques leçons de Politesse avec François Bégaudeau. Mise en orbite avec 2001 : l’Odyssée de l’espace, le roman d’Arthur C. Clarke. La tête toujours dans les étoiles avec La vie dans l’univers et Les Exoplanètes de Priscilla Abraham et Bruno Mauguin.

« Franz Kafka avait compris que l’écriture était la meilleure façon de poser les questions » Roland Barthes



Les copains du Rat noir au lac de Prespa (Macédoine occidentale). Photo Patrick Schindler


Marc-Antoine Hellboid : Essai sur le Zhuangzi



Dans sa préface du « Corpus » de l’Essai sur le Zhuangzi (éd. Apogée), présenté et commenté par Marc-Antoine Hellboid, Jean Levi nous dévoile en préface « le peu que l’on sait » sur la vie de Zhuangzi. Eminant représentant avec Laozi du « courant taoïste ancien » avec Laozi. A notre disposition, quelques maigres données factuelles sur Zhuangzi laissées deux siècles plus tard par l’historien des Han, Sima Qian (fin du IIème siècle avant notre ère). A découvrir.
Cependant, le préfacier révèle que dans son « mystérieux mythe ambivalent à la verve transgressive, rebelle et libertaire », Zhuangzi tient le rôle principal dans de nombreuses anecdotes, « au sein d’un univers prodigue en galerie des horreurs : infirmes, mutilés et disgraciés ; au sein d’une nature exubérante et baroque à la façon des toiles d’Arcimboldo ». A noter que plusieurs extraits du Zhuangzi avaient été particulièrement goûtés de Franz Kafka.
Pour sa part, la tradition chinoise a fait du Zhuangzi, « un philosophe à l’image rassurante et souriante ». Mais, de l’autre côté du miroir, on peut percevoir dans le Zhuangzi, comme « Un écho des préoccupations des serviteurs de l’Etat, ou comment survivre sous un maître despotique sans y perdre son âme, sa tête, par le degré zéro de l’action politique ? », conclue Jean Levi !
Nous vous proposons à présent, d’aller fouiller par-ci par-là au sein de l’ensemble des contradictions ressortant de ce texte, en compagnie de Marc-Antoine Hellboid dans ce passionnant volume.
Dans l’introduction, il nous propose d’aborder le Zhuangzi « mélange de doctrines diverses et complexes des différents systèmes de pensée, sous l’angle du processus de formation des écrits en Chine ancienne » avec sous-jacente, cette simple question : « Un gouvernement conforme à la nature est-il possible ? ».
Certains passages antinomiques de l’ouvrage invitent à une critique radicale du pouvoir, d’autres moins.

Pour expliciter quelque peu ces contradictions, le premier chapitre tente d’élucider le sens de « la posture du sage à travers l’examen du thème de la conformité à la nature ». Archétype de la sagesse taoïste ? Toujours est-il que nous allons y croiser plusieurs interprétations, dont celles de Zhong Ni (nom d’usage de Confucius), « figure d’autorité par excellence ». Passage passionnant sur « le silence » ou « le vide » (ou encore le « neutre chinois » comme le nomme Roland Barthes dans son cours, au titre éponyme), en tant que soupçon sur l’authenticité de la « sagesse du sage », qui en fait, ne pourrait être que « spectacle » ? Ou encore, être qualifié d’acte limite, « de non-transmission d’un contenu discursif, mais initiation par la pratique ayant besoin pour être comprise d’être dite par un tiers » ?
Réflexion ensuite sur le « dao » (dynamisme du principe de l’ordre naturel et spontané). Variations sur le motif de « l’ombre », ou « l’autre personne que le sage » et ceci, selon les variantes exprimées par nombre des traducteurs des textes du Zhuangzi (Wieger, Watson, Graham Lynn, Lion, Julien ou encore, Jean Levi). Un texte magnifique nous est alors offert : « Savoir comment échapper à son ombre » ou, « comment expliquer les transformations des ombres » (trois lectures possibles) !... Plus loin, intervention du Wàngliang (démon du folklore chinois aux multiples facettes). Enfin, passionant : quels enjeux politiques se cachaient dans philosophie chinoise antique ?

Le deuxième chapitre creuse les réflexions historiques du Zhuangzi dont celle qui énonce le principe d’une « dégradation de la condition humaine qui rend nécessaire de reposer le problème de la conformité à la nature sur le plan politique ». Mais alors dans ce cas, que devient la posture du sage qui s’inscrit dans le dynamisme du Ciel, dans un monde désordonné ? Le sage devient-il alors néfaste, « face à la dégradation de la condition humaine et au désordre engendré sur l’ordre humain qui s’impose matériellement au monde par l’intrusion des objets qui remplacent les êtres naturels et pervertissent nature et animaux » ? Quel choix donc, pour les sages (dupes ou lucides) sinon que se rapprocher alors des puissants ? Passage édifiant sur « le commencement de la dégradation » avec l’Empereur Huangdi, dit le « Grand Dieu jaune ». Le plus connu et le premier des Cinq Empereurs mythiques : l’empereur central, le maître suprême de l’univers. Devenu, après sa victoire sur Chi You (le dieu guerrier), le dieu suprême selon le taoïsme, Ayant engendré les guerres. De fait qu’est devenu « le passé perdu » ?

Enfin, dans le troisième et tout aussi captivant chapitre, Marc-Antoine Hellboid tente de montrer que l’idée de gouvernement naturel (ou spontané) ne s’introduit dans le Zhuangzi « qu’au prix de certains écarts dans l’usage des concepts destinés à assoir une position idéologique ferme et marquée, geste parfaitement contraire à l’attitude du sage en retrait ». D’où la multitude de personnages différents que nous allons croiser ici : sages, parias, infirmes, artisans, hommes de l’antiquité ou encore, animaux merveilleux.
L’auteur propose alors de « partir du problème politique du gouvernement dans Zhuangzi, pour montrer ensuite comment il est détourné ou devient plus introspectif ». Nous voilà au cœur du problème. La réflexion sur le politique va-t-elle se développer alors, en un contenu positif, ou sous un angle purement critique du pouvoir ? Ou encore, tout pouvoir est-il un mal ou seulement une certaine forme du pouvoir ? Le calme apparent du souverain ne serait-il pas « paranoïa du tyran redoutant d’être renversé » et ne s’appuierait-il pas sur une administration qui « contrôle » ? Enfin, la question qui tue : le « non-gouvernement conforme à la nature », serait-il une certaine manière de gouverner ? Ah, ah !... En guise de conclusion, Marc-Antoine Hellboid se demande, avec raison, si les insertions contradictoires dans le Corpus du Zhuangzi avaient pour raison de protéger l’œuvre à travers les cicles et de le préserver des destructions politiques qu’il a traversé ? Ou faut-il y voir une ruse subtile dans le fait d’ajouter au Corpus quelques idées qui « ne tromperaient que ceux qui souhaitent l’être » ?!!!
Ces deux conjonctures très orientales restent ouvertes … A vous de juger !

Gabriel Chevallier : Clochemerle



Gabriel Chevallier, est né en mai 1895 à Lyon. Fils d’un clerc de notaire, il fait ses études dans divers établissements, dont un collège religieux. Il entre ensuite aux Beaux-Arts de Lyon, mais la guerre interrompt ses études. Mobilisé dès 1914, il est blessé un an plus tard. Rendu à la vie civile à la fin de l’année 1919, il exerce divers métiers : retoucheur de photographie, voyageur de commerce, journaliste, dessinateur, affichiste, professeur de dessin… À partir de 1925, il se lance dans l’écriture romanesque en utilisant sa propre expérience. Mais c’est Clochemerle, qu’il connaît le succès. Traduit en vingt-six langues et vendu à plusieurs millions d’exemplaires, l’ouvrage assure à son auteur gloire et fortune.



Quel plaisir (sans doute partagé ?) de lire ou relire le « rabelaisien » Clochemerle (éd. Livre de Poche) de Gabriel Chevallier.
Les événements qu’il va nous compter avec un humour féroce se situent dans le petit village de Clochemerle, charmante localité située dans les généraux vallons du Beaujolais. Nous sommes au printemps 1923, sous la présidence du Conseil de Poincaré, un an avant la victoire du Cartel des gauches, contre le Bloc national. Deux hommes, deux habitants de Clochemerle, s’y promènent et devisent tranquillement. Deux hommes qui ne sont pas n’importe qui. Le premier, Barthélémy Piéchut, gros propriétaire viticulteur respecté, en est le maire. Le second, Ernest Tarfadel, l’instituteur, anticlérical acharné « à l’haleine fétide et redoutée de tous les Clochemerlins ». Ces bons messieurs devisent sur l’opportunité de « trouver quelque-chose qui fasse éclater la supériorité d’une municipalité avancée ». Oui, mais quoi ? Ils cherchent jusqu’à ce que le maire avoue qu’il a bien une idée : « Par exemple, un édifice ayant son utilité aussi bien pour l’hygiène que pour les mœurs » … Un urinoir public ! D’abord un peu sceptique, l’instituteur, après avoir été un peu flatté, finit par accepter de défendre la proposition au prochain Conseil communal.
Mais voilà : où la placer, cette pissotière ?
Tout est là. Au milieu du village, à côté de l’église et en face de la très fréquentée Taverne des Torbayon ? Pourquoi pas, mais le problème, c’est qu’il s’agit ne pas de heurter qui que ce soit. Ni, Madame la baronne Alphonsine de Courtebiche « à la fortune déclinante dont la suprématie reposait sur la rareté qu’elle savait donner à ses témoignages de sympathie ». Ni, choquer Ponosse, le curé, « amateur de bon vin du Beaujolais, fierté locale, (pour se mettre à niveau de ses paroissiens) et à la rougissante gaucherie du séminariste aux prises avec les honteux malaises de la puberté qui ne l’avaient pas quitté depuis son passage chez les Jésuites ». Ni, Honorine, « type accompli de la toute dévouée servante de curé, complaisante et toute dévouée à l’hygiène personnelle de vie de son curé ». Ni, à maître Girodot, le notaire, ennemi juré de l’instituteur dont « la famille qui à force d’épouser des fortunes plutôt que des femmes, abâtardit leur race ». Le notaire qui, de plus, « embrouillait au mieux de ses intérêts, les affaires des familles ». Ainsi que les autres « suppôts de la réaction » que compte la petite bourgade.
Avec en tête de peloton : la Justine Putet, une vieille fille de quarante ans « la plus zélée paroissienne de Clochemerle, autrement appelée : la censure des mœurs du bourg ». Noiraude bilieuse « desséchée, vipérine, mauvaise langue, au mauvais circuit intestinal, bref : un scorpion camouflé en bête à bon Dieu ».
Continuons à faire le tour des « personnalités » du village ayant un beau rôle à jouer dans cette histoire. La ravissante Judith Formignon, la rousse, commerçante qui « donne bien des insomnies à tous les hommes » ! Sa rivale, Adèle Torbayon, la patronne de l’auberge du même nom, femme tout autant attrayante mais qui elle, montre des facilités de paiement à un certain Hyppolite Foncimagne, le jeune et beau greffier pensionnaire de l’établissement. Le docteur Mouraille, un homme robuste, gueulard et libre penseur « aux méthodes curatives musclées » … Poilphard, le pharmacien, homme étrange aux diagnostiques formels, mais accordant de petits privilèges « aux femmes prêtes à faire des pleines lunes aux hommes ». Etc., etc.
Belle brochette en somme qui va mener cette histoire, tambour battant.

Il est temps de revenir à la question centrale de l’urinoir, ce petit fait « apparemment insignifiant ». Mais s’il prenait rapidement, une ampleur considérable, si la passion s’en mêlait « avec la violence qu’on lui connait parfois en province : hors de proportion avec les causes dont elle prit prétexte » ? Et de l’action : nous allons en avoir pour notre argent !

Plus d’un siècle plus tard, si Clochemerle continue à compter autant d’adeptes, on peut en donner quelques raisons. Avant tout, le style inimitable de Gabriel Chevallier. Son humour, également. Bien trempé comme dans les meilleurs crus du Beaujolais et qui « bouquette » chaque tirade de cet impérissable chef-d’œuvre de la meilleure littérature française. Mais, ajoutons à tout cela, les considérations régulières, autant historiques que géographiques qui nous en apprennent beaucoup sur cette belle région qu’est le Beaujolais. Région « mal connue des gastronomes et des touristes. Série de montagnes placées en retrait des grands itinéraires, entièrement tapissées de vignobles dont les plus hauts sommets peuvent atteindre mille mètres. Comme cru, on le prend parfois pour une queue de Bourgogne, une simple trainée de comète. En réalité, le vin de Beaujolais a ses vertus particulières, un bouquet qui ne peut se confondre avec aucun autre ». Dixit Gabriel Chevallier en 1935, date de sortie du livre.

François Bégaudeau : La politesse



François Bégaudeau est né à Luçon, en Vendée. Dans les années 1990, il est le chanteur du groupe punk Zabriskie Point. Agrégé de lettres modernes, il commence une carrière d’enseignant, avant de se consacrer à l’écriture. Il est aussi connu pour son engagement politique proche du communisme libertaire.



François Bégaudeau introduit La Politesse (éd. Verticales) sous la forme d’un mail qu’il envoie à sa nièce pour lui raconter, à sa demande, son expérience d’auteur dans les années 2012/13, à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy. Il va donc le faire. Mais sur le ton de détachement serein d’un écrivain que l’on va découvrir au fil des pages, capable de « dégonfler tout seul sa montgolfière » !
Ce qui nous vaut force passages dans lesquels l’auteur rit de bon cœur de tous les individus qu’il croise dans le cadre de sa profession d’écrivain « qui ne se prend pas vraiment au sérieux ».
Quelque exemples. Enregistrements d’émissions raccourcies, dédicaces plus ou moins ratées dans des festivals ou dans des lycées. Passage hilarant dans une librairie où une cliente le prend pour le libraire et lui demande de lui faire dédicacer par l’auteur deux exemplaires d’un livre sur Napoléon à son mari, parce qu’il adore l’Empereur ! … Tournage d’une émission dite spontanée chez un lecteur qui avoue n’avoir lu que les vingt premières phrases de son dernier roman, en catastrophe ! Mises en situations avec des stagiaires peu motivés, des attachées de presses bourrées de bonnes intentions (ou carrément ailleurs), des critiques littéraires, dont l’un affirme que « vivre de la critique est plus facile que d’en mourir » !
Notre écrivain se trouve aussi parfois en proie aux attaques ou aux envies d’auteurs, certains anciens trotskystes (« car il est rare d’en croiser de nouveaux » !). D’autres cherchant désespérément les moyens de joindre les deux bouts (très instructif). D’autres encore demandant audience auprès de blogueurs littéraires « parce qu’en général, ils sont flattés de recevoir votre livre et vous font en retour des critiques positives » ! Confidences également d’éditeurs sur le stockage, par exemple : « Le pilon est encore la meilleure façon de désengorger ».
Bref, un microcosme où l’on croise tantôt de la politesse contrite ou trop appuyée ou, carrément de l’impolitesse. L’avis de l’auteur à ce sujet : « Je ne trouve pas si bêtes les formules de politesse. La simulation de la civilité est une marque de civilité. Est la civilité même ».

A présent petite sélection de quelques perles (il y en a beaucoup), piquées au passage :
- « Dans les studios on m’accueille sans sourire. Ce n’est pas moi qui leur fais la grâce de venir, mais eux de me recevoir : on est une célébrité que lorsque le rapport s’inverse » !
- Anecdote d’un auteur qui veut rentrer au Salon du livre avec son cocker et auquel un agent de la sécurité lui fait remarquer que « Les chiens ne sont pas admis. » – « On laisse bien entrer les enfants, lui répond l’auteur. - Oui, mais les chiens ne lisent pas. Réponse : Les enfants encore moins ! ».
- L’auteur à une étudiante en philosophie. « - Vous êtes au courant que la philosophie, ça ne mène nulle part ? » - « ça mène à prof de philo… » - « C’est bien ce que je dis » !
- « La rançon du succès est qu’on se fait souvent allumer. Mais on peut aussi se faire allumer sans avoir de succès ».
- « Comment faire lire un gamin de quatorze ans ? - En le menottant à son livre, il finira bien par l’ouvrir » !
- Un écrivain à l’auteur : « J’ai envoyé mon roman à plein d’éditeurs et je ne reçois que des lettres type de refus ». Réponse : « Cela ne veut pas forcément dire que le roman est bon » !

Le ton change dans la troisième partie du roman. Notamment des pages 195 à 199, François Bégaudeau ne se serait-il pas, perdu au Salon du livre de Merlieux ? Et par hasard, ne se serait-il pas retrouvé dans l’antre des Kropots ? Car dans ce passage, ça sent diablement l’anarchie ! Dans la même veine, l’auteur nous livre des notes prises in vivo, d’expériences de cogitations collectives pour « vivre autrement », ou des séances d’expression spontanées, et une enrichissante expérience de réappropriation d’un hôtel de luxe sur la Côte. « Il faut vraiment être riche pour ne pas se sentir con dans un jacuzzi ». Ou quand l’utopie devient enfin possible !...

Arthur C. Clarke : 2001, l’Odyssée de l’espace (le roman)



Arthur Charles Clarke est né en 1917 à Minehead, dans le Somerset (Royaume-Uni). Ecrivain scientifique, futurologue, présentateur de télévision, explorateur sous-marin et inventeur britannique, il fait partie, avec Isaac Asimov et Robert A. Heinlein, des « Trois Grands » (Big Three) auteurs de science-fiction de langue anglaise. Dans certains de ses romans, il a anticipé Internet et l’intelligence artificielle (avec notamment dans 2001 : l’Odyssée de l’espace). De plus, dans une interview en 1976, il a prédit pour l’an 2000, à la fois l’arrivée du World Wide Web et celle du téléphone portable.



Le roman 2001 : L’Odyssée de l’espace (éd. J’ai lu, nouvelle traduction de Gilles Goullet), publié en 1968 par Arthur C. Clarke, a été écrit parallèlement à l’élaboration du film de Stanley Kubrick, également sorti en 1968 (leur projet commun remontant à la rencontre entre les deux hommes en 1964). 1968 : un an seulement avant le premier pas humain fait sur la Lune ! Mais ce qui distingue le roman du film, ce sont les images suggérées par les mots qui laissent l’imagination ouverte, alors que les images du film en limitent sans doute la perception.

Dans un premier temps nous sommes sur Terre, (dans cette région qui prendrait un jour le nom d’Afrique), après la période de grande sécheresse qui avait duré plus de 10 millions d’années. Tentent d’y survivre une tribu d’hommes-singes incapables de progresser jusqu’au jour où le chef de meute tombe par hasard sur un étrange bloc monolithe « de matière inconnue » et qui après un bref passage, disparait mystérieusement. Mais non sans avoir laissé aux hommes-singes une espèce « signe ou de message », les incitant à développer leurs premiers réflexes de défense et d’attaque. Ce qui les conduira d’étape en étape, à se répandre peu à peu sur la planète depuis ce cœur de l’Afrique. Puis, traverser les siècles sombres, apprendre à parler, première victoire contre le temps pour le reste, nous connaissons la suite !

Deuxième partie : autres temps, autres mœurs. Nous sommes sur la Terre en 1999. La population atteint déjà six milliards d’êtres humains entrainant des problèmes de nourriture, l’homme n’ayant rien perdu de son agressivité première (38 puissances nucléaires !), etc. Nous embarquons avec le Pr. Hywood Floyd accoutumé aux voyages dans l’espace, pour une mission un peu spéciale. En effet, une rumeur court au sujet d’une probable épidémie qui se serait développée sur la Lune. Nous débarquons avec lui sur la base de Clauvius, où vivent en circuit fermé plus de 1.700 scientifiques et techniciens hautement qualifiés, homme et femmes. Sont-ils tous contaminés, ou bien sa mission est-elle tout autre ? N’en disons pas plus.

Dans la troisième partie, nous allons cette fois-ci être propulsés en 2001, à bord du Dicovery II, en compagnie du commandant David Bowman et de son assistant Franck Poole. Destination Saturne, avec une escale sur Jupiter. Tous deux sont soumis techniquement aux équipes au sol ainsi que sous le contrôle de HAL 9000, un ordinateur « intelligent », cerveau et système nerveux du vaisseau spatial qui, seul a connaissance du but du voyage. On cherche alors quel peut bien être le rapport avec les autres chapitres !

Si le film a laissé à plusieurs générations le souvenir de grands moments musicaux et de réjouissantes images psychédéliques, le livre en revanche est tout aussi fascinant par son rythme narratif qui monte crescendo. Véritable épopée dont la pérennité est la meilleure preuve !

Priscilla Abraham & Bruno Mauguin : La vie dans l’univers et Les exoplanètes



Responsables du planétarium de l’Espace des sciences à Rennes, Priscilla Abraham et Bruno Mauguin, brillants vulgarisateurs scientifiques « vivent la tête dans les étoiles ». Un des ouvrages de leur collection, La vie dans l’univers (éd. Apogée) pose cette question : « Qu’est-ce que la vie et sur quoi repose-t-elle ? ».
Aussi dans le premier chapitre, les auteurs nous donnent le premier élément de la réponse : la molécule d’eau à l’état liquide qui réunit, entre autres, des propriétés extraordinaires (électriques, physiques et chimiques) que nous allons découvrir et qui se trouvent également dans notre corps !
Plus loin, nous découvrons que la vie possède une autre particularité « propre au temps » ou plus précisément, à une succession de périodes calmes et d’autres plus mouvementées. Mais, quelles seraient les conséquences, si par exemple, on assistait à un ralentissement de l’activité volcanique sur notre planète ?
Les auteurs nous invitent plus loin, à comprendre les différents paramètres qui ont été à l’origine de la vie sur terre, notamment grâce à la découverte récente de la pierre d’Allende, une météorite datant de 4,6 milliards d’années, contre 4,55 pour la Terre : passionnant !
Réflexions ensuite, sur les exoplanètes (situées en dehors du système solaire). Focus que les quatre planètes géantes gazeuses de notre système (Jupiter, Saturne, Venus et Neptune), en comparaison des plus petites planètes telluriques que sont Mars, mercure, Venus et la Terre. Mais, quelles seraient les réactions en chaînes que provoquées par un astéroïde dans ce jeu de quille ?
Ensuite : comment la Lune s’est-elle formée ? La vie aurait-elle pu se développer sur Mars ? Quelle est l’action de la magnétosphère dans la présence de la vie sur Terre ?
Suivent des chapitres tout aussi passionnants sur les caractéristiques de la Terre, notamment l’apport du phosphore. Et si les extraterrestre échappaient totalement à notre imagination actuelle ? Que nous ont révélé les explorations satellites qui nourrissent autant d’espoirs, sur Titan, Europe et Encelade ? Quelles sont ces masses présentes autour de certaines étoiles ? Focus fascinant sur les problèmes posés par les distances et le temps : le décalage temporel. Quelle est la pertinence des messages inscrits sur les sondes spatiales et des messages envoyés dans l’espace ? Projections sur trois réactions possibles d’extraterrestres à ces signaux.
Conclusion : l’univers animé d’autres vies, rêve fantaisiste ou évidence d’une possibilité que d’autres êtres habitent l’espace ? A dévorer !



Priscilla Abraham et Bruno Mauguin, nous invitent cette fois-ci à un fabuleux voyage au pays des Exoplanètes (éd. Apogée).
Les auteurs nous initient dans l’introduction à l’évolution de la perception de l’Univers depuis Aristarque de Samos au IIIème siècle avant JC, en passant par Copernic, Galilée, Kepler, Newton, etc. Au fil de leurs observations, nait la possibilité d’envisager l’existence de planètes ailleurs qu’autour du soleil, dites planètes extrasolaires ou exoplanètes « les deux termes étant utilisés de nos jours ».
Priscilla Abraham et Bruno Mauguin s’interrogent ensuite sur notre compréhension et nos raisonnements « au sujet d’éventuels autres systèmes solaires à partir de propres aspect du notre ». Mais, étant donné le nombre infini d’étoiles dans l’Univers, où chercher celles susceptibles d’abriter un cortège planétaire ?
A l’aide de macro-télescopes, mais est-ce bien suffisant ?
Les auteurs nous font partager les trois critères essentiels pour une présélection des candidates.
Nous survolons ensuite, les premières tentatives et les premiers indices (étoiles possédant des disques de poussière). Mais quels sont les modes de détection ? Vitesse ? Couleur ? Masse ? Luminosité ? Inclinaison ? Excentricité de l’orbite ? Quid des détections par transit ? Nous arrivons en 1995, année de la détection de la première planète : 51 Pegasi, ses orbites et leur analyse. Passionnant. Petit saut en 1999, année de la découverte par la « méthode du transit » de l’étoile HD 209458. Mais quelles sont ses faiblesses ? Quid de celle par « astrométrie » et quels résultats ? La microlentille gravitationnelle (multi-photographie d’un nombre important d’étoiles) est-elle une méthode plus aléatoire et pourquoi ? Quid de l’étude des astres n’ayant aucune chance de posséder des planètes ? Quid des planètes gazeuses et massives proches de leur étoile ? Nous en arrivons ainsi à 2004, et à la première photographie d’une exoplanète. Une fois encore : fascinant.

Pour conclure, Priscilla Abraham et Bruno Mauguin nous indiquent que plus de 5.500 exoplanètes ont été recensées de 1995 à 2023, d’où l’on a pu déterminer trois familles principales qu’ils nous présentent. « Pluri-diversité de mondes fascinants à étudier et il en reste tant à découvrir. La Terre est-elle une anomalie dans l’Univers ou bien est-elle une planète ordinaire, comme peut-être des millions d’autres ? Et demeurent encore beaucoup de questions, de projets, d’hypothèses pour bien peu de réponses » ! …

Patrick Schindler
, individuel FA Athènes





PAR : Patrick Schindler
individuel FA Athènes
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