D’après l’association Règles élémentaires, quatre millions de femmes et de filles n’ont pas accès à des protections périodiques en France. Et 53 % des filles de plus de 15 ans ont déjà manqué l’école à cause des règles. « Oui avoir ses règles reste discriminant. Non cela ne devrait pas être un luxe d’avoir accès à des protections pour vivre dignement ses règles, comme cela ne devrait pas être un luxe d’avoir accès à de l’information pour mieux comprendre ce qui se passe dans son corps. » Le 26 novembre dernier, l’association a soufflé sa huitième bougie : huit années de lutte collective contre la précarité menstruelle, de combat pour changer les mentalités afin que les règles ne soient plus sources de tabous et de discriminations.

Depuis 2015, l’association Règles élémentaires alerte sur cette discrimination. Des militant·es, plus de 3 000 bénévoles, s’activent dans toute la France, pas seulement dans les divers quartiers de Paris ou dans un grand nombre de villes. Ainsi :
- 18 millions de protections périodiques ont été distribuées depuis 2015, collectées dans des lieux où chacune peut les déposer, et ensuite elles sont données à des filles et des femmes qui en ont besoin : des migrantes, des jeunes à la rue, des filles et des femmes précaires, etc. Ce sont 1 340 000 mois de règles couverts ;
- Plus de 10 000 personnes ont été sensibilisées, grâce à des ateliers de formation, dont plus de 2 000 élèves du CM2 jusqu’à l’Université ;
- L’association a aussi interpellé l’opinion publique sur la composition dangereuse pour la santé des protections périodiques : la campagne avec la pétition #affichetacompo a mobilisé plus de 19 000 personnes en demandant plus de transparence dans la composition des protections périodiques ;
- Le remboursement des protections périodiques a été obtenu pour les moins de 25 ans en 2022. Et des protections périodiques sont mises à disposition gratuitement aux étudiantes ou aux femmes en entreprises, initiatives de plus en plus fréquentes mais qui méritent d’être encore plus répandues : il s’agit pourtant d’un accessoire d’hygiène de base au même titre que le papier toilette ou le savon ;
- Et c’est en 2022 que s’est tenu le premier festival « Sans gêne » avec une programmation 100 % dédiée aux règles : conférences, prises de parole de personnalités publiques, courts métrages.

Non aux tabous et aux discriminations

En octobre 2023, l’association a dévoilé les résultats de l’enquête qu’Opinion Way a menée pour elle, auprès de 1 000 jeunes filles de 11 à 18 ans. A l’école, on ne parle pas des règles et pourtant cela impacte la scolarité de la moitié des élèves. Pourtant le programme du cycle 3 établit que les élèves de 6e doivent pouvoir « caractériser les modifications morphologiques, comportementales et physiologiques de la puberté ». Seulement 15 % des élèves bénéficient des 3 séances annuelles d’éducation à la vie affective et sexuelles prévues. 72 % des filles ont leurs règles avant 13 ans et 20 % les ont en primaire. Il est nécessaire de proposer une éducation menstruelle dès la primaire. Les filles qui ont reçu des informations sur les règles déclarent mieux comprendre leur corps et elles aimeraient avoir ces séances en mixité pour 80 % d’entre elles. L’enquête révèle que pour 8 filles sur 10 avoir ses règles à l’école est un facteur de stress, 85 % affirment que ce sont les douleurs menstruelles qui les ont empêchées d’aller à l’école, une fille sur quatre considère que cet absentéisme a freiné sa progression scolaire, et 35 % seulement ont accès à des protections gratuites dans leur établissement.

L’impact physique, psychologique et social des règles est bien réel. Aussi l’éducation menstruelle doit devenir un droit dès l’école primaire, pour tous les élèves. Cela permettrait de mieux vivre ses règles à tout âge et quel que soit son vécu, de prévenir les risques de précarité menstruelle, de prévenir les maladies liées aux règles (endométriose, adénomyose, syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), de mettre fin aux tabous et aux discriminations liés aux règles, de favoriser l’égalité active.

La nouvelle campagne #cestpasduluxe vise à attirer plus fortement l’attention sur les règles et leurs conséquences. La collecte Règles de survie est de retour. Pour la 7e année, les 15 et 16 décembre 2023, une collecte est organisée avec la Fondation des Femmes, partout en France, dans des Monoprix. Des initiatives pour briser publiquement les tabous des règles !

Hélène Hernandez
Groupe Pierre Besnard

Association Règles élémentaires : La Cité Audacieuse, 9 rue de Vaugirard - 75006 Paris
https://www.regleselementaires.com/
https://educationmenstruelle.regleselementaires.com/
L’association avait été reçue par l’émission Femmes libres sur Radio libertaire, le 21 mars 2017 : http://emission-femmeslibres.blogspot.com/