Écologie et anarchie : sortir de la confusion

mis en ligne le 28 mai 2015

1776HommeNatureLa question mésologique est l'un des enjeux majeurs du XXIe siècle. Cette formulation de mésologique (« ce qui est au milieu » ou « ce qui relève du milieu ») est plus pertinente que question environnementale car les êtres humains ne peuvent être abstraits de ce qui est supposé les « environner » : ils sont issus de la nature, d'un milieu, c'est-à-dire du monde naturel et social.
C'est un enjeu majeur pour la bonne et simple raison que nous n'avons jamais été aussi nombreux sur terre, et que le besoin mécaniquement croissant de ressources (à moins de plaider pour un maintien de la faim dans le monde et autres misères collectives) se traduit par une occupation de l'espace à la fois plus extensive (en surface) et plus intensive (en concentration, en densité). Soulignons au passage que densité n'est pas synonyme de pauvreté, et inversement (Monaco, Hong Kong ou Singapour versus Dharavi, Morro de Favela ou les bidonvilles de Lagos).
Capitalisme ou non, tout cela est une réalité anthropique, une situation difficile à gérer mais incontournable, sauf à prôner une forme de primitivisme au demeurant à la fois utopique et stupide. 1

De la science naturaliste à l'idéologie écologiste
La quasi-totalité des médias dominants voire des dirigeants eux-mêmes parle désormais de « question écologique » (« la maison brûle » façon Hulot-Chirac). Or cette expression, apparemment sympathique et anodine, est loin d'être neutre. Elle est, en fait, doublement réductrice pour ne pas dire trompeuse — je pense même délibérément manipulatrice — pour deux raisons.
Premièrement, comme nous venons de le voir, l'être humain ne peut pas être extrait de son milieu. La question des ressources n'est pas seulement une question naturelle (écologique, écosystémique) mais aussi humaine : c'est « la nature prenant conscience d'elle-même » comme le proclamait Elisée Reclus, c'est-à-dire encore la nature, mais plus uniquement la nature puisqu'il y a conscience et son dépassement, sauf à vouloir revenir à l'état animal. Toute re-naturalisation d'un phénomène qui est également économique et sociale vise en réalité à détourner la question politique qui la fonde : qui décide, comment et pourquoi ?
Deuxièmement, l'écologie, discipline scientifique fondée en 1866 qui ne doit pas être confondue avec l'écologisme sous peine de graves dérives, a pour but d'étudier l'interrelation entre les espèces vivantes et « l'environnement » 2. À priori, cette science n'a pas vocation à être directement politique. Mais la posture de Haeckel — social-darwinienne, naturaliste et moniste 3 — a des implications idéologiques qui vont s'étendre dans le monde scientifique (début du XXe siècle), puis au monde politique (fin du XXe siècle).
En bref, rappelons que le protestant fondamentaliste Eugen Warming réussit, au début du XXe siècle, à imposer le terme d'« écologie » à la place de « géographie des plantes ». S'impose dans la foulée la théorie du climax qui croit dans des états écologiquement stables alors que tout est évolution. Au cours des années 1930, l'école dite de Chicago applique à la sociologie de la ville les termes, les méthodes et les valeurs de l'écologie naturaliste : c'est « l'écologie urbaine ». Celle-ci, au passage, légitime « scientifiquement » le fait qu'il y ait, comme dans une ruche, une tête (l'élite travaillant dans le centre-ville) et des jambes (les prolétaires placés en périphérie) 4.
À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, la naturalisation du social est largement en place dans les milieux intellectuels américains. En Europe occidentale, dans le sillage du personnalisme et du groupe de L'Ordre nouveau (1930-1938), des intellectuels habiles et politisés vont enfoncer ce clou.
C'est le cas de l'ex-doriotiste, et fondateur du club néo-libéral du Mont-Pèlerin (1947), Bertrand de Jouvenel qui, en 1957, dans un article absolument séminal, pose les fondements théoriques et politiques de « l'écologie politique », comme il l'appelle (il est le premier à le faire) : on y trouve quasiment la philosophie et le programme des partis écologistes actuels, et donc la logique en cours du « capitalisme vert ».

De l'idéologie à la politique écologiste
Une partie du mouvement soixante-huitard reprend cette écologie politique, pour plusieurs raisons qui s'enchevêtrent.
L'urbanisation galopante, l'exode rural, les nouveaux modes de vie, le consumérisme, la dégradation des milieux ou des paysages et autre déménagement du territoire suscitent des réactions légitimes. Le catholicisme social de la CFDT et du PSU en France— à l'avant-garde des nouvelles luttes comme le Larzac — et le puritanisme protestant en Allemagne ou en Amérique y voient une occasion en or de se refaire une santé — c'est-à-dire un pouvoir — au sein de sociétés en voie de déconfessionnalisation 5.
Simultanément, alors que le stalinisme ayant inféodé le syndicalisme et le mouvement ouvrier vivait son apogée, l'anarchisme, qui est au plus bas, résiste mal aux démagogues qui ont, depuis pour certains, effectué de belles carrières politiciennes (en particulier au sein des partis écologistes). Il subit la confusion, tout en ratant le virage de la reconstruction là où il était le plus fort : en Espagne.
L'un des éléments problématiques pour l'anarchisme est que les ex-marxistes et les chrétiens qui ont rejoint l'écologisme, voire le courant libertaire, ont gardé de leurs anciennes croyances l'idée-force selon laquelle le capitalisme allait mourir : soit sous la crise économique, soit sous la crise écologique. Mais non, désolé, le capitalisme a une capacité incroyable de rebond, comme il le démontre depuis plusieurs siècles : ni optimisme, ni pessimisme, cela ressort d'une analyse fondée sur l'histoire et la géographie. Il ne va pas mourir mécaniquement, sauf si les êtres humains veulent et décident autre chose.
De la même façon que le syndicalisme d'origine socialiste a escorté l'évolution du capitalisme fordiste du XXe siècle, l'écologisme — d'abord radical et contestataire à ses débuts, comme le syndicalisme l'était à ses origines souvent révolutionnaires — restructure le capitalisme du XXIe siècle. Avec des tensions, des contradictions, des récupérations, mais il le fait, par l'école, les médias, les prêches, les nouvelles politiques « vertes » et autre « développement durable ». Par naïveté ou par manque de lucidité, les anarchistes devraient-ils à nouveau accompagner le processus ?
Le prophétisme marxiste, chrétien et écologiste est accompagné de la vieille idée religieuse de la fin du monde (eschatologie) et du messianisme (on écoute le gourou ou l'expert qui nous l'annonce). Or, ou bien il tétanise les énergies sur fond de fatalisme, ou bien il les place sur des rails trompeurs.
Contre cette véritable foi dogmatique — puisque celles et ceux qui la critiquent sont sans cesse renvoyés à une inéluctabilité, rendant ainsi inutile la discussion des arguments — la géographie sociale et l'anarchisme se fondent sur le principe de réalité, de l'ici et du maintenant.

La double manipulation : diktat de la science et gouvernement des experts
Qui prend un peu de recul voit donc la double manipulation qu'il y a à parler d'« écologie » (ou d' « écologie politique »), et non d' « écologisme » (mouvement qui affirme s'appuyer sur la science écologique).
Double, car au nom de quoi une science serait-elle qualifiée pour nous dicter notre modèle de société ? Cela n'ouvrirait-il pas la voie à une quelconque « biologie politique », à une « génétique politique » ou à une « éthologie politique » ? C'est d'ailleurs ce qui se passe... En recourant au terme de « biopolitique », le philosophe Michel Foucault a même introduit de l'ambiguïté puisqu'on ne sait pas s'il l'utilise pour dénoncer le système ou pour appeler de ses vœux une « véritable » biopolitique 6...

En choisissant de parler de « géographie sociale » et non d'écologie, Reclus récuse de ce fait l'idée d'une géographie anarchiste (ou libertaire), tout en affirmant l'existence de géographes libertaires (des personnes qui restent critiques, même vis-à-vis de leur science). En parlant d'« écologie sociale », Murray Bookchin part d'une bonne intention (et peut-être d'une forme d'opportunisme, disons-le), mais il entretient la confusion en replaçant au centre politique le naturalisme dont se défaisait la géographie sociale, et cela pour le plus grand bonheur des naturalistes intégristes dont c'est la posture philosophique et politique.
De fait, on conviendra que, lorsqu'on parle d'écologie, le quidam pense d'abord à « nature » et non à « société », et que tout effort pour socialiser l'écologie (?) reste vain à partir du moment où la question est mal posée.
Double car cela donne le pouvoir scientifique et politique à une cohorte d'experts en écologie, parlant au nom de la nature, mettant la pression politique et donc sociale sur le même mode que « l'impératif catégorique » de Kant qu'ont pourtant contesté des générations d'anarchistes (Proudhon, Bakounine, Reclus, Kropotkine, Malatesta...). Le paradoxe, c'est que ceux-là même qui critiquent la science et la technique (pas leurs excès, mais leur réalité même) appuient leurs arguments sur des constats scientifiques pris comme articles de foi. Or la servitude volontaire passe par la foi (et l'inculture de l'histoire militante).
Aujourd'hui, tout le monde est écolo comme tout le monde est démocrate, ce qui pousse les anarchistes à jongler avec le vocabulaire de l'adversaire : la « démocratie directe » ne se confond pourtant pas avec le « fédéralisme libertaire » ou la « gestion directe ». Passe encore que cela soit une étape commode pour se faire comprendre, mais gare à la légitimité qu'en retirent les politiciens démocrates ou écologistes. Vu l'actuel rapport de forces, c'est d'ailleurs ce qui se passe.

Du communalisme au fédéralisme libertaire, fédération des luttes et des initiatives
On l'aura compris, il ne s'agit pas de contester la dégradation des milieux, l'enjeu des ressources et l'importance d'une mésologie sociale. Bien au contraire. Dans toutes les luttes mésologiques actuelles, les anarchistes doivent prendre leur place, avancer leurs analyses et leurs pratiques. Le combat des Valsusains contre le TAV, où les pratiques autogestionnaires sont allées très loin (républiques libres, presidi, solidarités, méfiance envers les politiciens...), montre que tout cela va bien au-delà du percement d'un tunnel ou de la construction de quelques viaducs : la question est reposée de produire, consommer et habiter comment et pour qui. Il s'agit d'une réoccupation sociale et publique de l'espace au-delà d'une seule défense des écosystèmes.
C'est ce retour au communalisme, qu'on entrevoit également à Notre-Dame des Landes ou à Sivens, qui est essentiel. C'est lui qui renoue avec le cœur de la problématique anarchiste à condition de ne pas oublier son organisation et son changement d'échelle : le fédéralisme libertaire. Car isolée, non seulement la lutte périclite mais son schéma conforte aussi, paradoxalement, l'injonction du libéralisme à être mobile, mouvant, fugitif, et celle de la religion à former des petites communautés de croyants économiquement séparées mais unies par un même dieu.
Au-delà des luttes plus ou moins ponctuelles, c'est bien cette reconquête de la commune qui importe dans la perspective de fédérer toutes les initiatives économiques ou culturelles existant un peu partout, et qui pratiquent l'anarchisme comme Jourdain faisait de la prose.
Pour cela, il ne faut pas camper sur ses certitudes, ni se réfugier dans des démarches sectaires (petit groupe de convaincus entre soi, imposition de pratiques alimentaires ou de son mode de vie) 7, mais se colleter à la vie du quartier ou de la commune, tout en clarifiant les idées et les pratiques. Car cette clarification est fondamentale : tout en recherchant l'unité dans la lutte ou dans l'action locale (même réformatrice au départ), elle relance la perspective révolutionnaire globale, qui a disparu dans les poubelles écologistes 8, et elle permet de se réapproprier l'enjeu métapolitique dont l'ultra droite et l'extrême droite ont fait leur champ de bataille. D'une pierre deux coups.
C'est là que le « municipalisme libertaire » de Bookchin, sans se satisfaire de ses approximations sur l'anarcho-syndicalisme, ou le « municipalisme de base » des anarchistes italiens peuvent offrir des perspectives intéressantes.

 

1. Ce qui ne signifie évidemment pas qu'il n'y ait rien à apprendre des sociétés dites « premières », de la même façon qu'elles peuvent apprendre des « sociétés dites civilisées ». Élisée et Élie Reclus évoquaient déjà cette co-relation il y plus d'un siècle.
2. Soit dans le vocabulaire d'Haeckel : Umgebund (« environnement ») ou umgebende Aussenwelt (« monde extérieur environnant ») et non pas Umwelt (« milieu »). Ce choix sémantique n'est pas neutre. C'est l'une des raisons pour laquelle, avec le social-darwinisme prôné par Haeckel et qu'il récusait, Élisée Reclus n'a jamais adopté « l'écologie », qu'il connaissait, mais la « mésologie » et la « géographie sociale ».
3. Le monisme postule la fusion de l'inerte et du vivant, ce qui revient à désubjectiviser l'humain, donc à dénier la liberté et la volonté humaines. Les anthroposophes l'ont bien compris qui s'en sont emparés, non sans incidences politiques vu les accointances de leurs leaders avec le nazisme, lequel prônait « la supériorité des lois de la vie » (et donc des « plus forts »).
4. C'est bien entendu un résumé de « l'écologie urbaine ». Pour un exposé plus précis de la question, cf. L'Imposture écologiste (1993).
5. Leur attaque systématique du « matérialisme », du « prométhéisme » et du « progrès » est redoutable. Sous couvert de dénoncer les abus du consumérisme, elle vise en réalité à remettre en cause la philosophie matérialiste (donc l'anarchisme) et à discréditer l'idée que la société (le socialisme) pourrait améliorer les choses. Rappelons que Prométhée s'est rebellé contre les dieux pour voler le feu, si utile. La métapolitique religieuse est en place.
6. Le respect des intellectuels envers Foucault est tel que, tout en oubliant le soutien que ce philosophe avait apporté au régime des ayatollahs iraniens, ils ont du mal à critiquer sérieusement ce fascinant concept de « biopolitique ». Or de nos jours, tout est « bio », même les mouvements comme Pro-Life, Pro-Vie, etc...
7. C'est le mot « imposer » qui a toute son importance ici. Car « imposer » ou « ne pas imposer » est au fondement de l'anarchisme.
8. Plus exactement, une fraction importante de l'écologisme parle de « révolution intérieure » et nous intime de commencer par là, comme, par exemple, le film En quête de sens. Les anarchistes chevronnés y reconnaîtront sans peine le vieux discours des métaphysiciens et des religieux, qui regagne du terrain puisque les marxistes et les nationalistes ont galvaudé et sali l'idée même de révolution, et que les anarchistes eux-mêmes se sont montrés inconséquents (cf. les mémoires de Juan Garcia Oliver). La pente est difficile à remonter.




COMMENTAIRES ARCHIVÉS


ECR-DCL

le 26 juin 2015
Globalement assez d'accord sur la critique du concept d'écologie (origines dans l'extrême droite, nouveau discours technique de la domination).
Le concept de mésologie est intéressant. Par contre, le double sens de "milieu" est problématique. Le premier sens porte l'attention sur l'intermédiaire, donc les interactions, et il est à retenir. Par contre, il y a un problème a considérer tout ce qui n'est pas humain ou sujet comme milieu et a en faire une totalité étrangère à l'humain. C'est à ce niveau que la critique superficielle du concept de Biopolitique de Foucault, qui n'est même pas expliqué ici, est problématique, car le concept de Bios que reprend Foucault, et qu'Agamben oppose à Zoé (vie non qualifiée), donne les outils conceptuels et les bases d'imaginaire social pour se sortir des réifications à la source du mépris de ce qui est autre et donc de la violence sociale. (voir http://decroissancecl.revolublog.com/la-decroissance-communiste-libertaire-face-aux-autres-propositions-eco-a117926538 , et aussi, précisément sur les concepts de "bios" et "zoé", le chapitre III de cet essai : http://ekladata.com/_8SfN16fJd08Bz_mlk8ADa_bCvk/Pour-une-Decroissance-Communiste-Libertaire.pdf)
Le concept de décroissace, en dépit de ce que Pelletier lui reproche, est plus intéressant que celui de mésologie, au sens ou la mésologie est descriptive là ou décroissance témoigne d'une démarche (qui doit être pensée conjointement au communisme libertaire) : http://decroissancecl.revolublog.com/pourquoi-la-decroissance-communiste-libertaire-a117926498 et http://decroissancecl.revolublog.com/la-decroissance-communiste-libertaire-face-aux-autres-propositions-eco-a117926538
...

ECR-DCL

le 26 juin 2015
... L'autre problème de cet article : son épistémologie du refus des sciences et son épistémologie optimiste.
L'épistémologie optimiste intervient lorsque l'auteur est amené, par exemple, à prendre la défense du prométhéisme face au messianisme millénariste (la thèse de l'effondrement).
Le risque serait alors de viser trop haut et de manquer de prudence quant aux possibilités ou conditions d'émancipation sociale, et, par manque de prudence, de s'exposer inconsciemment à une série de catastrophes qui viendraient à bout de l'émancipation.
La défense de la décroissance, c'est de se dire, d'une part, qu'au pire des cas, il existe toujours des possibles d'émancipation sociale et économique. Si "la science" trouve quelque chose de crédible et à long terme qui permet de l'éviter, alors, elle pourra être révisée. Si l'on nous propose que des solutions palliatives pour différer le problème de fond, alors on risque de se retrouver, à un moment donné, à court de solutions - et ce même si l'on met en place toutes les conditions matérielles et sociales favorisant l'émergence des découvertes (c'est ce dont témoigne l'histoire des découvertes scientifiques). Ainsi, quand les solutions font défaut, il vaut mieux, au niveau social, des prises de décision, faire "comme si" il n'y en aurait jamais (quitte à laisser aux chercheurs la possibilité de prouver le contraire et d'en convaincre la société).
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ECR-DCL

le 26 juin 2015
...C'est la même chose concernant la question économique. Il ne suffit pas de décrire l'histoire des capacités de survivance du capitalisme pour qualifier cela d'analyse du capitalisme. Le capitalisme, par la concurrence et la technique, amène à une diminution de la valeur produite, parce que mois cher on vend les produits, moins on peut payer les producteurs qui vont les acheter, plus les cadences s'intensifient et plus on licencie, plus certaines entreprises font faillite, etc. et, avec la mécanisation, plus on supprime de travail humain, donc de travail humain rémunéré, donc d'acheteurs, plus on favorise les crises de surproduction, à la source des autres crises (par exemple celle du crédit, et sa conséquence: dette et austérité). Le capitalisme peut donc trouver des béquilles pour avancer encore un peu, ce qui n'empêche qu'il est gangréné en lui-même par sa logique récessive. De fait, si le capitalisme parvient à supprimer l'essentiel du travail humain, il ne peut que se contracter et se réduire à quelques minorités, et donc que s'auto-abolir (le capitalisme est extensif ou disparait).
Mais cela se passera dans la douleur et ne signifie pas la fin des régimes de propriété autoritaire (privée, d'Etat), qui peuvent se poursuivre sous d'autre modalités. C'est là qu'intervient le choix moral (du communisme libertaire).
Placer le choix moral avant l'analyse, et parler de capacité de régénération infinie du capitalisme, revient à la même logique réformiste keynésienne alter-capitalistes illusoires que celle du Front de Gauche, d'ATTAC et des économistes atterrés, qui ne proposent que des solutions de relance par la consommation, niant le problème de la valeur et des crises de surproduction qu'il engendre.
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ECR-DCL

le 26 juin 2015
Avec cette logique, il est aussi très étrange et dangereux, pour un anarchiste de ponctuer sur le municipalisme libertaire (plutôt que sur le syndicalisme anarchiste articulé au communalisme, par exemple). Ce n'est pas très loin de la démocratie citoyenne du front de gauche. Or on sait, notamment grâce à ce superbe article de Paul Boino (http://libertaire.pagesperso-orange.fr/archive/2001/236-fev/municipal.htm) que le municipalisme libertaire commet une erreur d'analyse concernant la question des classes sociales, ne pose pas la question du point de vue du contrôle commun des moyens de production par la classe laborieuse, mais de l'administration des territoires en collaboration avec les couches moyennes sup et petites bourgeoises, et amène les libertaires vers une forme d'électoralisme dangereux et inconséquent.
Floran Palin, rédacteur des sites http://esprit-critique-revolutionnaire.revolublog.com et http://decroissancecl.revolublog.com

luc lefort

le 18 août 2015
si la décroissance est incontournable pour imaginer un futur vivable,c'est la décroissance démographique qui est la base de sa possible réalisation.
c'est quand même un réel paradoxe,que, presque cinquante ans après la mise en place de méthodes éfficaces de contraception,,le besoin humain de projeter ses gènes,soit d'une vivacité aussi tenace.
je trouve très beau,le geste des femmes qui assument avec bonheur,une sexualité épanouie sans aucun goût pour la maternité.