À vous faire regretter d’en avoir terminé

mis en ligne le 24 janvier 2013
« Le premier chapitre est essentiel. Si les lecteurs ne l’aiment pas, ils ne liront pas le reste de votre livre. »
Avec ce second roman « américain » – qui, je l’espère, sera bientôt le deuxième d’une œuvre déjà très riche –, le jeune Helvète Joël Dicker nous offre la meilleure œuvre de
fiction de l’année 2012.
Déjà récompensé par le prix des écrivains genevois pour son premier manuscrit, Les Derniers Jours de nos pères, c’est un auteur majeur du XXIe siècle qui brille aujourd’hui de tous ses feux. Grand prix du roman de l’Académie française, prix Goncourt des lycéens, le gros pavé (670 pages) dont il est question aujourd’hui est aussi un cri d’amour à la littérature et à la vie.
Les personnages centraux… Marcus Goldman, écrivain américain dont le premier ouvrage a connu un immense succès en 2006, aujourd’hui en panne d’inventivité ; Harry Québert, maître à penser du précédent, écrivain ayant connu cette même foudroyante reconnaissance des lecteurs et de la critique, en 1975, pour un roman sur un amour impossible, Les Origines du mal, et devenu un personnage national très important ; Nola, jeune fille de 15 ans, disparue en été 1975, à Aurora, New Hampshire.
Autour des ces trois protagonistes s’organise toute un microcosme qui grouille d’humanité, avec ses richesses et ses horreurs, ses tendresses et ses brutalités, alors que se précise la candidature démocrate d’Obama à la nomination suprême. Hommes pervers, femmes jalouses, amoureux et violents. Joies, bonheurs… mais aussi morts, douleurs, tristesse et folie. Tous les sentiments qui peuvent traverser la vie humaine sont ici présents et nous sont montrés lors d’une enquête sérieuse menée par Marcus pour son ami Harry et dans laquelle les fausses pistes mènent à des découvertes étonnantes.
N’ayant aucune envie d’en dévoiler plus, pour vous laisser découvrir seuls la beauté de cet ouvrage, il me reste à noter que chaque chapitre (parmi les trente et un numérotés de 31 à 1) est précédé d’un conseil littéraire du maître à l’élève, dont le dernier assène : « Un bon livre, Marcus, est un livre que l’on regrette d’avoir terminé. »
Pour le lecteur, c’est aussi un critère d’appréciation dont il faut tenir compte. Cette affaire Harry Québert se laisse quitter à regret et avec une seule envie : reprendre tout de zéro et suivre à nouveau les méandres de cette épopée humaine, littéraire et policière pour en mieux apprécier les petits secrets et les grands bonheurs.
À lire absolument !

Serge Moulis