Brèves de comptoir : increvables anarchistes

mis en ligne le 8 mars 2012
Je rentre du boulot et je m’arrête prendre une petite bière dans le bistrot à côté de chez moi, dans le XIe à Paris. Des gens discutent politique, curieux, j’écoute la conversation. Un habitué m’interpelle : « Toi qui est anarchiste [je suis connu comme tel dans le quartier], tout le monde se déchaîne autour des élections. Beaucoup de Français iront voter pour le moins pire et vous qui êtes pour l’abstention, on ne vous voit pas, on ne vous entend pas. Pourtant ce serait le moment, c’est maintenant que nous voudrions vous entendre ! En fait, on n’entend plus que les médias. » Très calme, je lui explique qu’au contraire, nous faisons beaucoup de choses, notamment de la propagande, que nous avons une librairie, un journal, une radio, des éditions et tout cela pratiquement grâce à des bénévoles. Je lui dis que nous essayons de faire connaître ces différentes œuvres. Je lui dis que nous collons régulièrement des affiches (il reconnaît qu’il en a vu dernièrement dans le quartier). Je lui dis que nous distribuons toutes les semaines depuis janvier une version gratuite du Monde libertaire (j’en dépose parfois ici quand il en reste quelques-uns). Je lui dis, enfin, que nous voyons arriver régulièrement de nouveaux militants et beaucoup de jeunes, ce qui est un signe ! Il me répond : « Ah bon ? Et vous êtes combien ? » Je lui réponds qu’à la louche, nous sommes environ 500 adhérents, sans compter les sympathisants. Son copain me répond que ce n’est pas beaucoup et que les Francs-maçons sont plus influents que nous (!) et sont beaucoup plus nombreux, environ 5 000, et comptent également des politicards de tous bords. Il enchaîne : « Mais vous les anarchistes, à part poser des bombes vous savez faire quoi ? » Et me voilà reparti dans l’histoire de notre histoire… J’explique que la propagande par le fait n’a été qu’un épiphénomène à un moment donné, mais ils ne m’écoutent déjà plus. Le barman, qui me connaît, prend ma défense : « Eux, les anarchistes, au moins, ils agissent tous les jours ! » Ravi de cette dernière sortie, je les quitte. Un sympathisant me rattrape dans la rue et insiste car il tient à me dire que lui : « Je connais un peu les anarchistes et je vous fait confiance. Je sais que vous n’aimez pas l’argent, ni le pouvoir, ni l’autorité, mais c’est vrai qu’on ne vous voit pas assez, vous êtes si rafraîchissants dans le brouillard actuel ! ». Voilà pourquoi il nous faut continuer encore et toujours à bien expliquer notre histoire et nos convictions, ne jamais refuser le dialogue, nous ne sommes peut-être que 500, mais nous sommes tellement vivants !



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


1hommelibre

le 28 mars 2012
"C est l ignorance sociale qui fait la fortune du socialisme"...et des autres....