Khomeiny, enfin mort !

mis en ligne le 15 juin 1989
Quand, en ce début d'année, le proxénète, le maquereau dictateur théocratique de l'Iran a lancé son contrat de maffioso pour faire assassiner Salman Rushdie, ses compères et complices catholiques, apostoliques et romains Wojtyla, Lustiger, Decourtray ont jésuitement dénoncé l'appel au meurtre tout en lui trouvant des excuses : paraît que le sacré c'est tabou, quand on y touche « on réveille le diable ! »... alors que si on croyait au Diable on le verrait très bien avec la gueule de Khomeiny.
Cet œcuménisme touchant avait fait écrire à un chroniqueur – à la surprise de nombreux observateurs, car cela se passait dans les colonnes d'un quotidien du soir plutôt connu pour servir de porte-parole à la fraction des réformateurs pieux au snobisme austère et pisse-froid – que « l'internationale de la calotte se porte bien » .

La maffia religieuse
Sa santé est toujours bonne. Merci pour elle. Alors que la crapule islamique de Téhéran vient de débarrasser définitivement le plancher (surtout pas de paix à ses cendres !), la crapule christique de Rome récidive : « Devant la mort de l'ayatollah Khomeiny... il faut se prononcer avec un grand respect et une réflexion profonde sur ce qu'il a fait, dans son pays et dans une partie importante du monde » (AFP). Tous les corbeaux qui s'efforcent de maintenir l'humanité sous l'éteignoir de l'obscurantisme savent se donner la patte.
Le Monde libertaire n'a pas à rougir de ses articles sur la situation en Iran. Rapidement, nous avons compris et écrit que le despotisme sanguinaire de Muhammad Riza Pahlavi avait laissé la place à un totalitarisme théocratique encore plus abject. Et pour une fois les cuistres avaient involontairement raison de définir le nouveau régime comme une « révolution islamique », puisque le sens originel en politique du mot révolution est « retour aux sources », même s'il a subi par la suite un glissement sémantique lui donnant une signification quasiment contraire.
Ce qui s'est produit en Iran montre au moins localement, que « la roue de l'Histoire » ne tourne que dans la direction imposée par les forces qui la meuvent... potentat « moderniste » favorisant l'industrialisation au profit d'un népotisme prévaricateur, le shah a eu pour successeurs les féodaux religieux... et les grands propriétaires terriens, les purs d'entre les purs parmi les réactionnaires.
Avant Khomeiny les opposants étaient traqués et torturés par la Savak, police politique digne de la Gestapo. Sous le régime totalitaire de la république islamique de Khomeiny étaient déclarés opposants, traqués et torturés tous ceux qui n'approuvaient pas la chienlit cléricale au pouvoir. Un despote se contente qu'on ne le combatte pas, un régime totalitaire refuse qu'on ne l'approuve pas. Pas étonnant que le pape appelle à respecter de tels salopards : c'est la solidarité internationale de la grande maffia des religions.
Professant une antipathie certaine pour toutes ces religions, sans en privilégier aucune, il n'est pas question de nous montrer indulgents envers l'islam sous prétexte que des millions de musulmans sont surexploités par les capitalistes « occidentaux ». Pas plus que nous n'acceptons de tomber dans le piège à cons des « différences culturelles » derrière lesquelles essayent de se planquer tous les féodalismes, car nous n'oublions pas que les fondements du fédéralisme libertaire sont d'ordre économique. Le prétendu « droit à la différence » n'est que le cache-sexe idéologique de la différence des droits et sert de soliveau aux hiérarchies.
Sur toute la planète les malfrats cléricaux cherchent à nous imposer leur conception à sens unique de la tolérance : nous aurions l'obligation de les tolérer et ne devrions pas exiger qu'ils nous tolèrent en retour. Pour eux, même quand ils choisissent de ne pas l'affirmer publiquement, un incroyant ne peut être qu'un sous-homme. En toute sérénité, nous préférons défendre la liberté de penser (et/ou de croire) et d'exprimer sa pensée, quelle qu'elle soit... quitte à nous opposer fermement au passage à l'acte lorsque cette pensée est liberticide.

L'intolérance
Sont intolérants ceux qui veulent imposer le concept de blasphème (et les condamnations conséquentes) aux incroyants qui n'ont rien à foutre de Yahvé, d'Allah, de la Trinité et de tout leur saint-frusquin. Sont intolérants ceux qui veulent nous interdire de penser, de dire et d'écrire que Mahomet (de même que J. C... s'il a existé et tous les « prophètes ») était un connard dangereux pour l'humanité. Sont intolérants ceux qui veulent nous interdire de penser, de dire et d'écrire que le même Mahomet allait chercher ses épouses dans un bordel (les prostituées sont-elles de sous-femmes ?) ou que J. C. (toujours s'il a existé) a probablement forniqué avec Marie-Madeleine et que tous deux se sont éclatés comme de bons petits diables.
Il y a plus d'un an j'en suis resté sur le cul quand je me suis entendu reprocher par un étudiant musulman originaire du Moyen-Orient : « Vous autres, Occidentaux, êtes intolérants ; vous interdisez les appels à la prière. » « Mon petit père, que je lui ai répondu, Occidentaux ou pas, ça fait des siècles qu'on se bagarre contre les curés pour qu'ils arrêtent de nous casser les oreilles avec leurs cloches de merde et on n'y a pas complètement réussi, alors vos décibels supplémentaires... Au fait, quels sont les droits des athées dans votre pays ? - Aucun, évidemment. - Et vous trouvez ça normal ? - Oui. - Alors vous êtes mon ennemi. En revanche, je suis l'allié de tous les croyants musulmans, heureusement il en existe, qui souhaitent faire sauter le couvercle des régimes théocratiques ».
J'avoue que je n'ai ni revu ni cherché à revoir ce peigne-cul fanatique. « Notre raison, sans doute, est bien imparfaite ; mais nous n'avons qu'elle. » C'est de Cavanna et je co-signe. J'ajoute que cette raison, aussi imparfaite soit-elle, est universelle.
Tous ceux qui usent du prêchi-prêcha « culturel » pour nous faire avaler que cette raison ne serait qu'une arme du Grand Satan occidental, tous ceux-là, d'abord, font preuve d'un paternalisme abominable à l'égard de ceux qu'ils traitent implicitement comme des demeurés incapables d'y accéder, ensuite s'efforcent de nous crétiniser, enfin tentent ainsi de nous faire oublier que tous les individus de l'espèce humaine doivent naître et demeurer libres et égaux en droits.
Étant entendu que pour nous, anarchistes, l'égalité économique fait partie de ces droits.