Nouvelles des fronts sociaux

mis en ligne le 19 janvier 2012
2011, une année mal terminée, malgré quelques soubresauts d’indignation sans beaucoup de projets, hormis la légitime révolte contre la domination économique et sociale des 1 % sans scrupules, coupables de toutes les spoliations. Des révolutions arabes islamo-libérale qui deviendront dans le meilleur des cas une sorte de christianisme social sans christ, de démocratie chrétienne sans chrétiens… À moins que les populations contournent la démocratie parlementaire, évitent la case prise du Palais d’hiver et réinventent les conseils d’ouvriers et de paysans… on peut rêver.
La fin de l’année 2011 fut marquée par quelques conflits, grève chez Altadis pour des hausses de salaires, la pénurie de clopes a été évitée de justesse ; usine bloquée pour 300 euros de plus mensuel chez Jacquet (Puy-de- Dôme), les michetons ont fait onze jours de grève. Mouvement dans les aéroports des personnels de contrôle, là encore pour une rallonge substantielle de 200 euros par mois, les bleus font les jaunes, droit de grève dans le transport aérien menacé par de faux otages et de vrais manipulateurs. Reprise contrainte mais ce n’est qu’un début… grève des salariés de la Comédie française et des cheminots stéphanois contre une privatisation larvée de la SNCF. Mouvement de mécontentement et occupation à la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne (76) pour quasi-faillite avec 550 emplois menacés, on aura tout vu ! Grève des conducteurs dans le métro de Londres et grève générale des cheminots belges contre la réforme des retraites, avec ou sans gouvernement, la contre-révolution sociale est toujours à l’ordre du jour à Bruxelles. Fin d’année maudite pour les 87 de France-Soir débarqués ; pour les 450 ouvrières de Lejaby liquidé qui peuvent aller s’habiller ailleurs ; pour les 115 de LTC (copies de film) à Saint-Cloud qui iront aussi se faire tirer le portrait au même endroit. 2011, la journée intersyndicale contre le plan d’austérité Fillon, la plus démobilisatrice de l’année, le grand flop d’artifice volontaire d’avant les élections, car comme tous, Chérèque, Thibault et consorts s’entêtent à nous le faire croire, la solution serait dans les urnes, pas dans la rue.
Année 2012 qui commence mal avec des confédérations syndicales toujours à la pointe du progrès. Une CGT branchée qui annonce la mise en place d’une page Facebook pour maintenir le contact avec l’adhérent, représentativité oblige. Une CFDT toujours fidèle à la trahison, toujours prête aux exclusions, qui dénonce comme aventuriste le projet de Scop des marins de SeaFrance que le gouvernement, en absence d’idées neuves, finit par soutenir, allez y comprendre quelque chose. Hollande consulte dans le sens du poil les Chérèque et autres Mailly. Sommet « social » à la botte de Sarko en janvier pour pacifier le climat, éviter les débordements, pérenniser la République délégataire, et surtout faire oublier les 100 000 emplois industriels disparus en trois ans, les 900 usines fermées ou, en d’autres termes, ne plus travailler pour ne rien gagner. 2012 de la récup’ avec le soutien sans arrière-pensées de Mélanchon, Arthaud et Poutou… au militant CGT de chez Conti qui a refusé de se laisser ficher à l’ADN pour fait syndical.
2012 qui s’annonce mal à Air France, gel des salaires et 2 000 suppressions de postes (de pilotage) ; au Crédit agricole, qui fait toujours semblant d’être coopératif, qui va réduire son effectif de 2 350 employés dont plusieurs centaines dans l’Hexagone, et la BNP qui dégraissera à hauteur de 1 500 postes dont 880 en France, même nombre de liquidation à la Société générale. Chez Areva, mais qui ne rêve plus, le tout nucléaire a du graphite dans l’aile, on prévoit 1 300 suppressions dont 500 à 800 en Allemagne pour leur apprendre à ne pas suivre la ligne bleu des Vosges en matière énergétique. Année fatale dans le bâtiment où rien ne va plus, avec la perte annoncée de 35 000 postes de travail, les intérimaires vont morfler comme les 3 750 ouvriers de chez SAAB en faillite. Quant aux fonctionnaires britanniques, ils vont devoir attacher leurs ceintures, le projet de Thatcher junior étant d’en supprimer 700 000 d’ici à 2015. Année 2012 qui commence bien pour les macchabées parisiens : grève des fossoyeurs publics… Y’a pas que des mauvaises nouvelles.