Météo syndicale

mis en ligne le 24 novembre 2011
Ne dites pas à ma mère que j’écris dans Le Monde libertaire, elle croit que je traduis les inédits de Georg Trakl, le poète allemand qui voyait la vie en noir. Certes nous n’allons pas sombrer dans le pessimisme ambiant, mais…
Sur le congrès de la Filpac CGT du monde de l’imprimerie, rien d’imprévu. Les syndicats parisiens, anciens barons du Livre, sont entre une pente douce et la peau de chagrin. Avec France-Soir et le projet patronal de suppression du support papier, on verra ce que vaut le maçon au pied du mur. Celles et ceux des papeteries (autrefois « les parents pauvres » de la fédération) ont plus de perspectives et de pugnacité que les susnommés. Les temps changent.
On nous rabâche, dans les médias aux ordres, que l’autogestion (une vieille (sic) idée anarchiste comme on disait dans la CFDT des années soixante-dix) c’est du passé. Tout juste bonne à faire des films/documents sur la grève de Lip ou alimenter des écrits sur l’Espagne libertaire de 1936.
Or, voici que l’actualité nous apporte une brise chargée d’espoir. La compagnie maritime SeaFrance, qui assure le trafic entre Calais et Douvres, a vu sa liquidation judiciaire prononcée par le tribunal de commerce, mais avec maintien de l’activité jusqu’au 28 janvier. Côté syndicats, ça se bouge et principalement la CFDT (resurgie de ses cendres) veut profiter de ce répit pour trouver des sous pour financer un « projet de reprise par les salariés eux-mêmes ». Si ça ne s’appelle pas de l’autogestion, c’est que les mots n’ont plus de sens. On a bien compris le déroulement du film : la CGT est dubitative. Selon le délégué de la confédération de Montreuil, la chose est « difficile à mettre en œuvre dans le cadre d’une compagnie maritime ». Nous verrons bien ce que l’avenir nous dira.
Plus sombre est ce qui se passe à Peugeot qui marche à fond dans la moulinette de l’austérité. Après l’annonce en octobre d’un plan d’économie de 800 000 euros, PSA renchérit avec plus 6 000 emplois supprimés d’ici 2012. Illico le président de la République a convoqué « l’homme à la barre » pour qu’il lui explique les conditions de son plan social… Ça ressemble à la mise en marche d’un enfumage en règle ! Inversons la tendance.

Torrent Impétueux