Nouvelles des fronts

mis en ligne le 13 octobre 2011
Danger absolu ou pas ? Le groupe Fiat quitte la Confindustria, le Medef italien. C’est la fin du compromis fordiste, les maîtres de forge ne négocient plus au niveau général mais veulent imposer leur loi d’airain entreprise par entreprise. Ce n’est peut-être pas une si mauvaise nouvelle, ni un si mauvais exemple… un moyen de relancer la lutte des classes au niveau local et d’en finir avec les compromissions syndicales confédérales… À tester.
Grève dans l’Éducation pour protester contre les suppressions de postes, manif des retraités en voie de paupérisation le 6 octobre, journées d’action bidon contre l’austérité sarkozienne le 11, le tout en ordre dispersé, en deux mots, dernière démarque avant les élections ! On solde le mouvement social et on brique les urnes. La gauche de retour en 2012 fera sans doute comme à son habitude le sale boulot, les Grecs en savent quelque chose. Toujours plus d’efforts pour le salariat, toujours plus de profit pour le capital. Rien à dire, c’est dans la logique des choses tant qu’on acceptera le principe de la domination économique et sociale. Indignés oui, mais après ?
Et pourtant le cave se rebiffe, fonderie du Poitou, occupation face à une baisse des salaires inacceptable, tout comme à la raffinerie Lyondellbassell (États-Unis) sur l’étang de Berre (13) où on occupe pour protester contre une fermeture annoncée et la suppression de 350 emplois sur le site, sans compter ceux de la sous-traitance, environ 700 envoyés à la fonte. Ça grogne aussi en Lorraine où le dernier haut-fourneau de Florange à cracher ses dernières coulées… Va-t-on appeler à la rescousse le fils Chérèque qui après le père, plénipotentiaire mitterrandien, ouvrira un second parc d’attraction pour sauver Jeanne d’Arc ? Lorraine, cœur d’acier… Lorraine cœur d’artichaut… moins 45 000 emplois dans la décennie. Petite manif à Hayange, le désert économique s’élargit encore un peu plus en Moselle. PSA, 8 200 intérimaires menacés, 8 200 variables d’ajustement face à un marché en berne auxquels s’ajoutent 880 « départs volontaires ». Et comme chez Fiat (coïncidence) des menaces sur les salaires et une tentation de faire cavalier seul dans les négociations… Zodiac (17) 60 emplois pardessus bord ; LCI (TF1), liquidation annoncée, 142 collaborateurs licenciables au 31 décembre…
Alcan dans la Somme, 127 licenciements, on séquestre et la police libère. Sogeres dans le Val-d’Oise grève dans la restauration scolaire, 23 000 repas bloqués en protestation contre la pénibilité du travail. Grève des sages-femmes pour une meilleure reconnaissance sociale et salariale de leur activité. Grève dans l’éducation, tous ensemble, privé, public, main dans la main face au démantèlement… Et pourquoi ne pas rapatrier les emplois publics de profs mis à disposition des établissements privés sous contrat ? Pourquoi laisser des postes de fonctionnaires à disposition des archevêques ? Public, privé, même combat, sans doute pas. L’école de Marianne malgré ses limites vaut encore mieux que celle du goupillon !
Et puis du neuf, de la solidarité active : appel à la grève chez Lafarge en soutien des 12 employés de Frangey dans l’Yonne menacés par la fermeture du site ; Goodyear à Amiens, grève de solidarité avec des délégués syndicaux licenciés… Un retour aux bonnes pratiques, la grève non plus pour soi exclusivement (salaires, conditions de travail) mais pour l’autre face à l’injustice et à l’arbitraire, comme ça, gratos, et pour la dignité.
Grèce, toujours dans tourmente, manifs, grève générale, indignation, et toujours plus de rigueur, 30 000 fonctionnaires en danger, baisse de 40 % des traitements et licenciement au bout d’une année, 150 000 emplois publics dans le collimateur d’ici à 2014, manifs, grève, indignation… Va falloir trouver autre chose.
Suède, faillite annoncée de Saab, 3700 salariés à la casse ; Espagne, le groupe Telefonica va réduire de 20 % son effectif soit environ 27 000 postes sans correspondants ; Pologne,13 % de chômeurs avec des pointes à plus de 21 % dans le nord du pays. Europe, près de 10 % de chômeurs recensés, combien d’ignorés ? Corée, au nord aussi, 6 millions de crève-la-faim, ni le socialisme, ni l’électricité, ni même à bouffer… Le socialisme réel n’a pas fini de nous faire rêver. Pas plus d’ailleurs que le capitalisme tout aussi réel, aux États-Unis, chômage officiel à 9,1 % très largement sous-estimé, les sans-droit sont pléthores, 15 % des familles vivent sous le seuil de pauvreté, soit 4,6 millions de personnes, et 25 % survivent grâce à des coupons alimentaires. Les indignés de Wall Street ont du pain sur la planche.
Ici comme aux USA, aux indignés on leur envoie les cognes et ici aussi l’indignation ne sera sans doute pas l’arme fatale. 66 % des hexagonaux ont peur du chômage, 75 % estiment vivre moins bien qu’avant, 30 % des salariés en ont sérieusement « plein le cul » et souhaiteraient pouvoir démissionner, ambiance. Fillon, droit dans les bottes dont on ne sait trop qui, nous promet la retraite à 67 ans en manipulant l’opinion par une comparaison bidouillée avec nos voisins d’outre-Rhin où la retraite est acquise dès 35 ans de cotisations et à taux plein à 67 ans en cas de cotisations insuffisantes. Une seule solution l’indignation ? Indignons-nous dans un premier temps, puis, surtout, autogérons-nous dans un second.