Syndicalisme d’été ?

mis en ligne le 23 juin 2011
« La référence anarcho-syndicaliste, au sens qu’elle revêt encore actuellement, apparaît en France au début des années vingt, d’abord dans la bouche et sous la plume des militants communistes, puis, très vite, comme référence revendiquée par les petits groupes syndicalistes anarchisants qui s’opposent vainement au nouveau parti. Dans cette naissance, interne au mouvement ouvrier français, apparaît sans doute le plus nettement le passage entre d’un côté un espace militant se passant de théorie, de l’autre un agencement où la théorie est essentielle, où l’impuissance à théoriser, à produire du discours théorique condamne à la marginalisation. »
Ainsi s’exprimait en 1984, à Venise, le camarade Daniel Colson, au cours d’un colloque sur l’anarchisme contemporain 1. Il s’agissait, bien sûr, de l’entre-deux-guerres, mais nous étions nombreux dans le mouvement libertaire français à penser que le problème restait entier. La référence ultérieure à l’Espagne et à la CNT ajoutait, pour certains, au manque de propositions concrètes actuelles pour un courant syndicaliste antiétatique, œuvrant en dehors, contre les partis politiques.
Ça et là, dans l’actualité sociale, il y a, en ce début du XXIe siècle, des références à ce qu’a été l’anarcho-syndicalisme. On évoque la CGT du début du XXe siècle souvent pour dire que c’est une pratique statique, qui, au-delà du déclamatoire, ne mord pas sur la réalité. Les seuls aptes à ça étant, comme de bien entendu, les partis politiques. D’autres voix se font entendre et pas seulement pour se référer à l’âge d’or du syndicalisme français. Ainsi, dans Le Monde libertaire, nous nous faisons l’écho de luttes qui sont à mettre en parallèle avec les conceptions syndicalistes du mouvement libertaire.
Ainsi, à Valenciennes, le 7 juillet, est appelée une grève au niveau régional suivie d’une manifestation. Les syndicats CGT de Sevelnord, Renault Douai, Française de mécanique, Mercedes…, bref toute la métallurgie battante, ont décidé d’entamer la bataille contre la fermeture des trois usines de PSA à Aulnay, Valenciennes et Madrid. Dans la ville espagnole, leur contact de lutte est la CGT espagnole (« syndicat anarcho-syndicaliste de lutte de classe »). Internationalisation de la lutte syndicale ? Bon été !



1. Anarcho-syndicalisme et luttes ouvrières, Lyon, Atelier de création libertaire, 1985.