Les glands des mocassins du pas doué magouilleur *

mis en ligne le 25 novembre 2010

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Ils ont remanié, et après ? Révolution dit mère Lagarde, que le mot n’effraie plus. Révolution mais oui, puisqu’un tour à 360°, pouffe la pouffe : non seulement ces gens-là, qu’ils soient de Bercy ou d’ailleurs, se moquent de nous à outrance, mais, cerise sur l’étron, ils n’ont aucun humour. Pour le reste, c’est à croire qu’on ne change pas une équipe qui perd, qu’on se contente, en douce, d’en affûter les crocs. Dans cette optique, mettre entre les papattes d’Hortefeux-d’artifice la question de l’immigration n’est pas un signe neutre. Immigré = délinquant = place Beauvau : l’équation, pour être logique, n’en est pas moins à pleurer de rage, ou de honte, selon. « Je m’inscris très directement dans les pas d’Éric Besson », a précisé Hortefeux-nouille, ce qui, sans étonner, ne lasse pas d’inquiéter. D’autant qu’à la question de savoir si, du coup, le maroquin ne risquait pas d’être comme qui dirait par trop lesté et la tâche, donc, immense, Hortefeux-à-volonté a répondu que non, bien sûr, que c’est une simple « question d’organisation ». Brrr… Cela vous a, n’est-ce pas, un petit côté… planificateur, à la mode Eichmann, finalement.
Le remanie ment, le remanie ment, le remaniement est allemand ? Il fut néanmoins l’occasion d’un télésarkoshow d’un comique achevé. Sur la prochaine réforme : « En matière de fiscalité, je voudrais qu’on harmonise nos assiettes. » No comment. Sur la politique monétaire : « La Chine m’a donné son accord pour l’organisation d’un séminaire à ce sujet. » Diantre, la Chine, vous savez, ce pays d’un milliard quatre-cent millions habitants, dont pas un sur trois cent ne connaît l’existence d’un vague canton nommé France, eh bien, la Chine, la voilà donnant « son accord » à Sarko. Et son accord sur quoi ? Sur un séminaire… On en tremble, puisqu’à n’en pas douter, ce jour-là, la face du monde en sera changée, de long temps. Plus loin, concernant la remise du prix Nobel de la paix au Chinois Liu Xiaobo, le préfet s’empresse de botter en touche – à moins qu’il ne se mélange les nouilles, dès qu’il s’agit de l’Asie : « Aung Saan Suu Kyi a appelé Carla pas plus tard que ce week end. » Ben oué mon pote, comme je te le dis… Outre qu’on ne voit guère le rapport entre l’opposante birmane et le Nobel chinois – les yeux bridés, pour Sarko ? –, il n’est pas aisé, euphémisme, d’imaginer Aung Saan, en résidence surveillée depuis plus de sept ans, se précipiter le jour de sa libération sur le téléphone le plus proche afin d’appeler Carla Bruni, toute Sarkozy qu’elle soit. Bref, ceci n’était jamais qu’une séquence de plus du Big Nawak sarkozien, basé sur le principe « Je raconte ce que je veux, je m’en fous, allez-y prouvez que je mens, ah ! ».
Tandis que l’excité du château s’invente des amis et des influences qu’il n’a pas, quelques juges cravachent, qui resserrent l’étau autour de sa petite personne, laquelle ne serait pas tout à fait étrangère à l’attentat de Karachi. On peut néanmoins faire confiance à notre justice de classe pour enterrer, à temps, cette embêtante affaire, avant qu’elle n’éclabousse les glands des mocassins du pas doué magouilleur. Parce que, quand même : plonger les mains dans la bouillasse, et jusqu’aux coudes s’il vous plaît, pour au final arroser de thunes la campagne 95 d’un looser tel Ballamou, ça vous en remet une couche de ridicule sur le Sarko. Il n’est plus à ça près, dites-vous ? Moi je dis : peut mieux faire.


* Ceci n’est pas une contrepèterie…