Quand l'État licencie, il n'y va pas de main morte !

mis en ligne le 21 mai 2015
Le directeur des ressources inhumaines d'Areva a, le matin du 7 mai 2015, annoncé non pas le licenciement de 5 000 à 6 000 salariés dans le monde, dont 3 000 à 4 000 en France, mais « le plan de réduction des frais de personnel ». On remarquera toute la désinvolture et l'irrespect que la direction d'Areva et l'État – qui est le premier actionnaire (à hauteur de 86,52 %) – affichent envers les salariés de cette entreprise. C'est clair que François Hollande et ses sbires qui siègent au conseil d'administration, lorsqu'ils parlent de réduction des frais de personnel, considèrent les travailleurs et les travailleuses de cette entreprise d'État comme de vulgaires choses, des trucs, des objets, des machines... dont on peut se séparer, que l'on met au rebut, que l'on jette lorsqu'ils sont jugés encombrants ou qu'ils coûtent trop cher à entretenir (en salaire) !
À cet exercice, les représentants du capitalisme d'État n'ont rien à envier à ceux du capitalisme privé, seuls comptent pour eux les profits, les bénéfices et les dividendes. Et lorsqu'ils font de mauvaises affaires, des investissements hasardeux ou qu'ils font de somptueux cadeaux financiers, ils font payer les pots cassés aux salariés. C'est ainsi que la PDG Anne Lauvergeon a racheté, en 2007, trois mines d'uranium à la compagnie canadienne Uramin, au prix astronomique de 1,8 milliard d'euros ; elle a également à son actif le fiasco du réacteur nucléaire EPR de Flamanville qui a creusé d'une façon abyssale le déficit de l'entreprise, de près de 5 milliards d'euros ; sa générosité était quasiment sans limite, d'où les 60 millions d'euros de cadeaux offerts à la République centrafricaine et plus de 2 % sur les bénéfices de l'exploitation du gisement de Bakouma ; et encore les 40 millions de dollars pour récompenser les intermédiaires peu recommandables comme, entre autre, l'incontournable Balkany qui ont aidé l'entreprise Areva à faire de si mauvaises affaires. Alors, pour compenser ces pertes financières, François Hollande, en tant que chef d'État, a donné son feu vert au conseil d'administration d'Areva, par le biais de ses représentants qui y siègent, à ce dégraissage spectaculaire. C'est 5 000 salariés à l'échelle mondiale, dont 4 000 en France, qui seront sacrifiés sur l'autel du sacro-saint profit.
Décidément, François Hollande n'est pas crédible. Car dès son arrivée à la présidence de la République, il y a trois ans, il avait promis d'inverser la courbe du chômage et, aujourd'hui, il donne l'exemple en licenciant. En tant que chef de l'État, il est le premier actionnaire de l'entreprise et, par sa décision irresponsable, il cautionne le licenciement de 4 000 salariés en France. Pourtant, une solution existe : pour cela, il suffirait qu'il donne l'ordre de taper dans les 8 milliards de chiffres d'affaires consolidés que la société a réalisés en 2014. Mais il ne l'a pas fait et il ne le fera pas, car, comme les patrons du privé, il a le regard fixé non pas sur la baisse du taux de chômage, mais sur la baisse tendancielle du taux de profit. Les deux contribuent à enrichir le patronat et les actionnaires. Plus il y a de chômeurs (capital variable), moins vous avez de frais de personnel (salaires) et moins vous payez de charges sociales. Parallèlement, vous veillez à ce que le taux de profit n'est pas une sale tendance à baisser, car cela signifie moins de bénéfices et de dividendes. C'est pour cela que chômage et profit sont des concepts antagoniques, comme patronat et travailleurs, et aussi lutte de classe et collaboration de classe.
Il s'agit pour François Hollande de faire en sorte de diminuer le déficit de l'État et de permettre de remplir les poches aux PDG successifs ainsi qu'à un certain nombre de cadres, mais aussi à quelques actionnaires de se goinfrer sur le dos des salariés. C'est clair, le président socialiste a fait un choix de classe, le pognon contre les travailleurs.