Au-delà du 1er mai

mis en ligne le 6 mai 2015
Et un de plus ! Un nouveau 1er mai est passé, sans pertes ni fracas. La Journée internationale de luttes des travailleurs a beau être l'occasion de chanter dans nos rues L'Internationale et de scander des slogans révolutionnaires, celle de 2015 n'aura pas, comme celles qui l'ont précédée, débouché sur le grand chambardement tant attendu. C'est que la tradition a depuis longtemps relégué la revendication au second plan. Le 1er mai n'en reste pas moins une journée importante, qu'il serait ridicule et hautain de bouder au prétexte que rien ne s'y passe vraiment question affrontement social. Les traditions ont leur rôle, notamment celui de ne pas faire perdre au mouvement réel son lien avec l'histoire. Il n'y a pas plus stérile que des mouvements révolutionnaires – ou prétendus tels – orphelins de leur passé, aveugles sans canne qui piétinent pour avancer vers un objectif qu'ils ont perdu de vue depuis longtemps. Les puissants qui nous dominent, les possédants qui nous exploitent l'ont d'ailleurs bien compris, et, dans son histoire propre, le 1er mai a fait l'objet de plusieurs offensives visant soit à l'interdire (la répression à l'ancienne) soit à le recycler à la sauce capitaliste et nationaliste (la plus efficace des répressions). C'est comme ça que cette journée de lutte est devenue une stupide Fête du travail et que les rouges églantines ont été remplacées par le blanc muguet. Malgré tout, ces offensives diverses ne sont pas encore parvenues, en plus d'un siècle d'histoire, à vider le 1er mai de son fond contestataire. Ce sont toujours les syndicalistes qui descendent dans les rues, et même les syndicalistes de lutte (la CFDT ayant cette année déserté les pavés). Et nous étions plus de 110 000 enragés à défiler il y a une semaine dans toute la France, au sein des cortèges syndicaux principalement (quelque quatre cents anarchistes ont aussi défilé le matin en tant que tel à Paris, de la place des Fêtes à celle de la République).

Quoi d'autre ?
Cette année, ceux des salariés qui ont droit aux ponts ont pu apprécier les trois jours chômés de fin de semaine. Mais dès lundi, tout le monde est retourné au travail. Et si le refrain de L'Internationale était encore dans certaines têtes, le rapport social capitaliste s'est imposé à nouveau, après ce petit interlude syndicaliste. Jusqu'à quand continuerons-nous à jongler entre les deux et à accepter que la même balle finisse toujours par tomber ? On peut certes toujours arguer du fait que les conditions pour un bouleversement radical ne sont pas réunies, mais si on ne s'acharne pas à les construire, on finira bientôt par fêter nos luttes au travail, sous l'œil pervers et cynique des petits manageurs qui nous encadrent au quotidien. Les grandes confédérations syndicales (CGT et FO en tête) ont beau bomber le torse, quid des lendemains de mobilisation ? Derrière sa grosse moustache, Philippe Martinez, n° 1 de la centrale de Montreuil, fait la moue quand il s'agit de redoubler d'effort pour attaquer le gouvernement. Et si, lors de son accession au trône, il avait laissé espérer un regain de radicalité, force est de constater qu'on est plutôt toujours sur la même voie, celle qui joue les énervés mais qui, dans les faits, laisse le gouvernement couler des jours paisibles. Mais, au fond, on n'est pas surpris, cela fait longtemps qu'on a compris que les bureaucrates des confédérations ne mettraient rien de concret en œuvre pour faire pencher la balance de notre côté dans la guerre sociale en cours. Mais la lutte des classes se passera d'eux. Son avenir n'est pas dans les fauteuils confortables de Montreuil ou d'ailleurs, mais dans les sections syndicales, les syndicats de base et les structures interpro, entre nos mains de travailleurs conscients, peu effrayés par l'ampleur du travail à accomplir.
Vers la grève générale, la lutte continue !

Théodore Vial
Groupe Salvador-Seguí de la Fédération anarchiste



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


La lanterne

le 27 mai 2015
Muguet ou églantine?!! Quel article bidon...Mais c'est bien les gars de continuer à battre le pavé avec les pourris de la CGT qui servent de tampon entre le pouvoir et les ouvriers qui restent, et qui feraient mieux de monter des Scop ou de tout péter dans leurs usines.
La FA sert de plus en plus la soupe au système socio-démocrate avec petites manifs bien gentilles et déclarées en préfecture. Pathétique.

Durito

le 28 mai 2015
Ah voilà le cyber-populiste La lanterne de retour. Merci pour cette clairvoyance aux accents religieux qui a le mérite de faire rigoler. Tant de bêtise et de haine puérile derrière son écran, ça a de quoi faire marrer bien du monde. Les cyber-insultes des imbéciles heureux auront au moins cet avantage.

La lanterne

le 29 mai 2015
Durito, soit t'as des arguments, soit tu nous passes ton caca nerveux de cour de récré.
Donc quand je dis que les anars n'ont rien à foutre aux côtés de la CGT et des manifs sous contrôle étatique je suis sérieux. Si toi tu y vois de la "haine puérile" gamin, repasse quand tu auras grandis.