Météo syndicale

mis en ligne le 16 avril 2015
Sur la journée du 9 avril, il y a du grain à moudre ou plutôt des commentaires à trier ! On commencera par l'autosatisfaction de la veille venue du Lider maximo de l'avenue du Maine : « Les annonces du Premier ministre, à l'issue du Conseil des ministres et à la veille d'une journée de grève interprofessionnelle à l'initiative de Force Ouvrière et de 3 autres organisations syndicales, ne font que confirmer, d'une part, le cap suivi et maintenu par le gouvernement et, d'autre part, la nécessité de l'action syndicale traduite par la journée de grève et de manifestations syndicales de demain avec le slogan de : "Ça suffit ! Maintenant, le social !" »
La CGT ayant mis le paquet sur la manifestation parisienne, il y avait moins de rassemblements en province que lors des précédentes journées d'action, comme celle du 18 mars 2014, organisée avec FO, la FSU et Solidaires, où 140 manifestations avaient eu lieu contre 86 ce 9 avril. Les manifs de province ont rassemblé, selon la CGT, 45 000 manifestants à Marseille (7 000, selon la police), 8 000 à Toulouse (4 000), 10 000 à Bordeaux (4 700), 7 000 à Lyon (4 200). Au total, la CGT parle de 300 000 manifestants dans toute la France (240 000 en mars 2014).
Belles manifestations, mais grèves invisibles, ou guère mieux, alors convient-il pour les oppositionnels de tout poil de faire la fine bouche ? Car à part l'enseignement on n'a pas vu un raz de marée de débrayages 1. Bien sûr, la mobilisation intersyndicale a montré la voie vers un mouvement social dynamique qui ne se contente plus de la protection des emplois menacés. Un chroniqueur de L'Humanité a, pour sa part, écrit : « Le retour sur l'avant-scène du pays d'ouvriers en lutte, de cadres contestataires, d'enseignants revendicatifs ou de postiers exigeants, est un facteur décisif pour sortir du piétinement ou des régressions qui usent le pays. » Dont acte, dirons-nous, mais ça ressemble quand même à une nouvelle version de la « fameuse » courroie de transmission... Actualisée, bien sûr, mais ! Les forces politiques éclairées ont subi la défaite électorale que l'on sait, alors on glorifie l'unité syndicale, mais pour souligner qu'elle ne peut aller bien loin sans l'indispensable outil politique. Donc on reprend la vieille chanson : sans le parti, pas d'avenir ! La CGT ne servant qu'à faire gagner des élections au PC, Front de gauche ou autres, c'est encore la même ritournelle ! Au début de la CGT, on ne pensait pas à des places chaudes dans les corridors du pouvoir, enfin pas tous et pas les nôtres. Transmettre tout ça à la jeune militance n'est pas toujours chose aisée, mais il y a du pain sur la planche.
« À la CGT, la question de quel syndicalisme et de l'évolution des structures est posée. Le prochain congrès devra faire toute la lumière sur cette question : lutte ou accompagnement ? La CFDT, liée étroitement au pouvoir, a choisi. La lutte des classes est-elle encore d'actualité ? Y a-t-il une différence entre gauche acquise à l'économie de marché et une droite conservatrice ? La situation économique que nous connaissons est-elle une fatalité ? Faut-il se résoudre à l'exploitation de l'homme par l'homme et abandonner progressivement le terrain de la lutte avec toutes ses conséquences sur le monde du travail actuel et l'avenir de nos enfants ? » Ainsi on cause au comité national de l'Union nationale de l'UFR (Union fédérale des retraités CGT) ; et le reste du syndicalisme ?



1. La Bibliothèque nationale de France est en grève depuis le 9 avril. Plus précisément le personnel du nettoyage de Tolbiac. Les travailleuses et travailleurs du 57, du boulevard de Strasbourg à Paris ont obtenu gain de cause après une longue lutte pour leur régularisation... des mèches pour embraser le tout ?