Météo syndicale

mis en ligne le 9 octobre 2014
Une fois n’est pas coutume, sourions et citons un fait qui a dû faire ricaner dans les arrière-salles de l’antisyndicalisme primaire, voire (avouons-le !) au-delà. À savoir la condamnation de la France par la Cour européenne de justice parce que les militaires ne peuvent se syndiquer. Diable, ça branle dans le manche. On se souviendra que la jeune CGT refusait l’adhésion des fonctionnaires (larbins de l’État !) et ce jusqu’à la Libération. Mais le syndicalisme dans les forces armées n’avait pas fait couler beaucoup d’encre. Quoique, dans les années 1970, le droit de se syndiquer pour la soldatesque s’était posé avec la création de comités de soldats. « Sous l’uniforme, tu restes un travailleur » était un slogan à l’honneur dans l’extrême gauche française.
Revenons au XXIe siècle avec l’actuel président de la République qui déclarait en mars 2012 que les soldats étaient des citoyens à part entière. On aura tous les ingrédients pour de superbes polémiques tous azimuts ! À vos marques pour les diatribes, les ukases et les excommunications. Après les grèves de pharmaciens verra-t-on les crosses en l’air ? Drôle de siècle pour la Sociale.
Dans leurs réunions au sommet, CGT et CFDT vont-ils causer de ces vieux souvenirs lourds de polémiques ? En effet, des indiscrétions ont révélé que, à l’initiative de Laurent Berger, líder maximo de la CFDT, les naguère frères ennemis vont se voir « entre quatre yeux ». Pour se dire quoi ? Mesurer les divergences quant à la situation sociale, évaluer la longueur des couleuvres administrées tant par le patronat que par le gouvernement ? On se perd en interrogations. Et si, tout simplement, c’était pour se répartir les rôles et pour se gausser des cochons de payants de cotisations syndicales ? De tout ces gens faudrait s’en débarrasser !
Si sur le pavé des villes, ça et là, des manifestations, des victoires (comme celle des femmes de chambre de la chaîne d’hôtels Park Hyatt) et des « îlots » d’unité syndicale (syndicats du commerce) font espérer, les problèmes sont toujours là. Si on cause de Montreuil, des bouches syndicales s’ouvrent et on peut entendre que « le climat est lourd à l’intérieur, tout est verrouillé, l’organisation se replie sur son bunker. Thierry Lepaon est de en plus en plus contesté et la CGT est inaudible à l’extérieur… ». Triste constat, le syndicalisme à la remorque du politique peine à faire recette. L’autonomie ouvrière a toujours du plomb dans l’aile…
À Amiens, la semaine dernière, le conseil des prud’hommes a siégé pour désensabler les 595 salariés de Goodyear… La lutte juridique est un long chemin vers le bout du tunnel. Pas de quoi faire revenir Pouget.