Total en deuil ; nous, ça va

mis en ligne le 30 octobre 2014
« Grand patron visionnaire », « grand capitaine d’industrie »… À gauche comme à droite, toute la classe politique n’en finit pas de saluer Christophe de Margerie, mort dans un accident d’avion la semaine dernière. Héritier du champagne Taittinger et de la cristallerie Baccarat (ça aide un peu pour démarrer dans la vie), le dirigeant de Total, présenté comme « franc, direct et jovial », côtoyait les « grands » de ce monde, comme on dit. Le dernier en date, Poutine, a ainsi pu déclarer qu’il s’agissait « pour la Russie de la perte d’un vrai ami ». Chez nous, notre Valls adoré a souligné, entre autres qualités, « l’humour si français » de Christophe de Margerie. Humour ? Ça n’a pas déridé la justice, qui s’était penchée sur les versements de commissions occultes dans le cadre du programme Pétrole contre nourriture mis en place par l’ONU lors de la guerre du Golfe. Pas sûr que ça ait fait beaucoup rigoler les salariés de Total sur les sites fermés de Dunkerque, Reichstett, Petroplus. Pas sûr non plus, d’après les accusations en 2013 de Earth Rights International, que les habitants réquisitionnés de force pour les travaux de forage en Birmanie se soient tordus de rire. Patrons et politiques attristés ? Nous, on a repris deux fois des moules.