Bon Dieu, foutez-leur la paix

mis en ligne le 30 octobre 2014
Voilà enfin un peu de fraîcheur, et jamais ce bon vieux Prévert n’aura été autant d’actualité. Car c’est une déferlante, un tsunami, une houle qui menace de tout dévaster. L’offensive, ces derniers mois, de ces bons vieux catholiques réactionnaires est en train de prendre une dimension inégalée.
Comme on le sait, les mêmes causes produisant nécessairement les mêmes effets, c’est à travers cette idée pas si farfelue et voire plutôt sympathique du mariage pour tous que toute une bordée de racaille cléricale va trouver son miel et, partant, montrer une capacité de nuisance absolument intacte.
Indépendamment de ce que l’on pense du mariage, cette pratique reste encore très vivace. Et s’il est vrai que si nul n’a besoin de la République pour consommer des ébats nuptiaux, cela peut, dans certains cas, faciliter les choses. Point de vue que ne partagent sans doute pas, et à raison, les libertaires, mais le combat contre le mariage n’a jamais, que je sache, été une de leur priorité. Et puis, après tout, ce choix ne retire absolument aucun droit à ceux qui ne veulent pas l’exercer. Oui, mais voilà, il ne fallait guère plus que l’extension de ce droit aux homosexuels pour que, immédiatement, les catholiques, les clercs comme les pratiquants, recommencent à vouloir s’intéresser à ce qui se passe dans nos slips, caleçons, culottes et autres lingeries fines.
Quand j’étais petit garçon, il y avait des cours de morale à l’école. Ça s’appelait comme ça dans mon école communale, obligatoire, laïque et républicaine. Maintenant, c’est plus ça, mais les mœurs, les habitudes et les attitudes se sont décidément bien incrustées dans les cerveaux reptiliens. Les catholiques sont désormais les seuls à croire, c’est d’ailleurs une vocation pour eux, les seuls à croire donc que la famille en tant que socle de vie est attaquée.
Inacceptable sans doute, mais, rien que pour eux. Et leurs démonstrations de « force » de ces derniers mois sont bien là pour démontrer qu’il y a désormais pour les libres athées que nous sommes un nouvel adversaire que toute une frange d’extrême droite est prête à soutenir.
Désormais, le pape des pauvres et toute sa sinistre cohorte en soutane nous invitent à choisir entre obscurantisme et progressisme et de nombreux articles de presse sont tout prêts à nous faire avaler que l’Église est en train de changer, de se gauchir, de prendre un nouveau virage. Mais ce pauvre François est bien loin d’être un gauchiste. Point trop n’en faut. Certaines déclarations sont à se tordre. Je ne résiste pas : « Les communistes nous ont volé notre drapeau. Le drapeau des pauvres est chrétien… Heureux les affamés et assoiffés de justice. Les communistes disent tout cela… On pourrait leur dire, mais vous êtes chrétiens. » Cette bouillie pour les chats, publiée en juillet dernier dans Il Messaggero et rapporté par L’Humanité, illustre, s’il en était besoin, qu’il leur reste, et c’est malheureux, encore beaucoup de chemins de croix à parcourir. Malheureux parce que la pesanteur morale dont ils font preuve exerce malgré tout une pernicieuse et néfaste influence depuis plus de deux millénaires et qu’il serait grand temps de s’en débarrasser. Sous des aspects populaires et sautillants, ce chef de communauté n’en exerce pas moins une autorité morale toujours vigoureuse et contre laquelle nous avons encore bien des lances à rompre.
De préjugés en intolérance, de dégoût en aversion, ce sont aujourd’hui les homosexuels, les divorcés remariés qui sont leur cible. Pour ces cléricaux qui ont fait vœu de chasteté, c’est plutôt une farce. Eh bien, non les ratichons ! Les homosexuels ne se reproduisent pas entre eux et la science est toujours en panne et le restera sans doute un bon moment, pas de berceau, donc pas de sourire de Dieu, nom de Dieu ! Que les ouailles se raréfient, ils ne peuvent l’admettre ni le supporter. Qu’ils se démerdent et mettent les hosties dans la tirelire. Ils auront beau s’épuiser dans leurs synodes, leurs congrégations, leurs bulles, leurs encycliques, leurs conciles, leur banque qui déborde de pognon à s’occuper de ce qui ne les regarde en rien, peur sans doute confuse, inavouée ou inconsciente, ils n’auront jamais raison contre la liberté de ceux et de celles qui ont fait le choix de vivre librement leur sexualité libre. Jamais.
La solution idéale serait-elle un bon vieux solide et vigoureux bras d’honneur ? Serait-elle que tous et toutes les pacsés, les divorcés, les mariés civilement se moquent royalement des criailleries vaticanesques ? Pas si sûr, la bête, comme on le voit, a de la ressource.
Et comme si cela ne leur suffisait pas, ils nous affligent de cette grotesque affaire du sapin de la place Vendôme. Le Printemps français, infesté comme il se doit d’identitaires et composé de catholiques traditionalistes, s’est réjoui de la destruction d’une œuvre d’art évoquant à la fois un arbre de noël et un sex-toy. On peut se demander comment ces petits anges ont appris à quoi pourrait servir ce genre d’objet. Cela en dit long sur leurs fantasmes et peut-être aussi sur leurs profondes connaissances en la matière.

Jean-Dominique Gautel



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


gautel

le 3 novembre 2014
Une erreur de transcription de notre part (les auteurs) a fait sauter le début de l'article rendant la première phrase un peu mystérieuse.
Voici ci-dessous le début initial.

A comme absolument athée
T comme totalement athée
H comme hermétiquement athée
É accent aigu comme étonnamment athée
E comme entièrement athée
pas libre penseur
athée
il y a une nuance