Météo syndicale

mis en ligne le 16 mai 2013
« Le gouvernement ne se couche pas… » Si, si ! C’est Arnaud Montebourg qui l’a dit aux syndicats dans des propos recueillis par des journalistes du quotidien Le Monde ! Le fait que cette formule à l’emporte-pièce soit mise à la une du supplément Eco & Entreprise (daté du 5-6 mai) montre bien l’effet d’annonce. Partout, les sycophantes du gouvernement tentent médiatiquement de sauver les meubles, et on envoie Arnaud Montebourg (postulant au titre de mouton noir de la social-démocratie ?) au créneau.
En parcourant les pages du « quotidien du boulevard Blanqui », on n’apprend pas grand-chose. Les représentants du syndicalisme (Edouard Martin de la CFDT ArcelorMittal à Florange, Nathalie Durand-Prinborgue de STX Saint-Nazaire et Jean-Pierre Mercier, de la CGT PSA) posent de bonnes questions. Arnaud Montebourg répond sur son violon habituel : « Je ne peux pas toujours réussir, mais il y a des succès », ou « On ne s’écrase devant personne » et le désormais célèbre « Le gouvernement ne se couche pas ». Le débat reste courtois… Y a-t-il eu des promesses… des informelles ?
Encore une opération redorage du blason gouvernemental ou, plutôt, une nouvelle promotion du vieil adage : demain, on rase gratis et les lendemains du monde du travail seront resplendissants.
Pourtant, du côté patronal, ça revendique ! Ainsi, Lakshmi Mittal, PDG d’ArcelorMittal, a dernièrement appelé les gouvernements européens à « baisser les coûts de l’énergie et du travail ». Concernant la France, il a déclaré : « Il faudrait que les coûts de l’énergie soient moins chers comme aux États-Unis ou en Allemagne. En France, le coût du travail est par exemple 20 % plus élevé qu’en Espagne et votre droit du travail reste encore trop rigide. » Tiens, tout ça, il l’a sûrement dit il y a belle lurette à notre président de la République !
Alors, avec toutes ces catastrophes annoncées et pas démenties, cela va-t-il nous gâter le plaisir du printemps enfin arrivé ? Les partisans de la voie parlementaire ont beau agiter leurs moulins à prières et miroirs aux alouettes, le réveil syndical semble encore jeté aux oubliettes.
Que des salariés en lutte soient présents à la manifestation du 5 mai avec leurs banderoles syndicales, soit. Mais croire que tout va changer en exigeant du gouvernement qu’il vire de cap, ou déclarer que, « par le biais du Front de gauche, on revendique une vraie politique sociale » 1… Est-ce la célèbre courroie de transmission à l’envers ? Cela semble plutôt le refus que les syndicats se suffisent à eux-mêmes, ce qui signifie, comme l’écrivait Léon Trotski, « la dissolution de l’avant-garde révolutionnaire dans la masse arriérée que sont les syndicats » 2.








1. Aujourd’hui encore il y a toujours du pain sur la planche pour l’autonomie syndicale !
2. Léon Trotski, « Communisme et syndicalisme », 1929, in Classe ouvrière, parti et syndicat, Classique Rouge, n° 41970. Cité par René Berthier, dans Octobre 1917. Le thermidor de la révolution russe, éditions CNT-RP.