Pour être vraiment d'ici : bienvenue aux Fermentations

mis en ligne le 21 mars 2013
Après avoir publié Pages insulaires (une revue plutôt articulée par des textes poétiques), Jean-Michel Bongiraud, qui écrit dans Le Monde libertaire, auteur lui-même, transforme un peu la voilure pour donner naissance à Fermentations, une revue de réflexion qui se veut, comme le souligne son sous-titre, « dans le mouvement du monde ». Le numéro 1 rassemble une kyrielle d’auteurs utopistes, tous différents les uns des autres. Après un édito de Jean-Michel où il décline toutes les facettes de la guerre, de la « vraie » guerre à la guerre sociale, Pierre Bance, dans « Deux classes, trois forces », nous explique que, durant la campagne électorale « indigente », la perception du champ social s’est modifiée, créant deux nouveaux groupes parfois antagonistes et parfois alliés : ceux qui possèdent les privilèges de la propriété capitaliste (la finance) et ceux qui détiennent la compétence patentée (l’élite intellectuelle et technocrate).
Yves-Jacques Bouin nous apprend que la « censure nouvelle » a changé de nom et est remplacée aujourd’hui par deux termes irréprochables : santé et sécurité. Le tout pour « notre bien », bien sûr ! Roland Counard se demande encore comment il a pu survivre aux prédictions maya. Et il appelle à son secours Newton et Einstein pour le lui expliquer. Christophe Lakomy compte, pour sa part, ce qu’il reste de fonctionnaires, que l’on exhorte dans tous les services publics à devenir de plus en plus rentables (ou efficaces ?) quand les méthodes de travail sont renouvelées tous les jours et les problèmes de société de plus en plus aigus. Didier Ober nous explique comment « nous pouvons crever en paix », du tout nucléaire au désert radioactif, assis comme nous le sommes sur une gigantesque bombe à retardement avec les 450 réacteurs que compte la planète…
Pour sa part, Jean-Pierre Roque nous découvre les enjeux secrets, ou « comment mettre le peuple de France au pas ». Patrick Schindler nous livre une version (plus étoffée que dans Le Monde libertaire) de la vie de Gabrielle Petit, cette féministe anarchiste indomptable et increvable. Éric Simon nous explique que, dans le face à face avec l’écran de verre de la télé, chacun voit la réalité extérieure avec les yeux de Méduse, un processus pour lui entamé de pétrification du regard, loin de la vraie vie qui, selon Proust, seule vaut d’être pleinement vécue : celle de la littérature. Enfin, Lucien Wasselin nous fait découvrir un facsimilé de Théophile Ferré, l’une des premières victimes « légales » de la répression versaillaise, retrouvé dans… L’Autographe, une publication bien pensante et violemment anticommunarde.

Pathote