Cathos pour tous

C’est bien connu, quand le clergé éternuait la France ne s’enrhumait pas forcément à tous les coups et nous étions quelques-uns à penser que l’anticléricalisme, au bout du compte, c’était bon en 1905. La tentative de démonstration de force du 13 janvier pourrait bien nous amener à une petite révision qui pour ne pas être déchirante n’en serait pas moins salutaire.
Il y avait eu la « guerre » scolaire en 1984 au terme de laquelle le pouvoir socialiste avait capitulé en rase campagne, mais on était malgré tout assez loin des problèmes de mœurs et de morale dont tous les bons réacs, pas nécessairement bobos, commencent à nous saouler depuis quelques semaines. Car enfin le mariage a-t-il le moindre début de commencement d’une vertu ? A-t-on vraiment besoin de l’État ou à tout le moins de l’administration dans nos cuisines équipées ou nos chambres à coucher ? Naturellement non ! Les enfants de parents homosexuels, hétérosexuels, auront-ils les mêmes chances – si on peut parler de chances – d’intégration que les autres ? À cette question, les donneurs de leçons de morale sont infoutus d’y répondre clairement. Mais « aucune morale, aucun effort ne sont a priori justifiables devant les sanglantes mathématiques de notre condition », écrivit Albert Camus. Alors ne laissons personne regarder dans nos slips ce qui s’y passe, comme les curés en crèvent d’envie. Que toute cette racaille cléricale, qui a fait vœux de célibat et de chasteté (faut-il détester la vie à ce point !), dénonce et condamne tous les pédophiles avérés qu’elle se trimbale et on y verra sans doute un peu plus clair à défaut de sympathiser avec elle et d’avoir œil neuf, justement, sur leur morale un peu fétide.
Mais l’enthousiasme c’est comme les nouilles, ça refroidit vite et, vingt-quatre heures après ce happening, il n’y a déjà plus grand-chose dans la presse. Celui de tous ces versaillais va-t-il faiblir ? Il ne faudrait pas s’en réjouir trop vite !