Anarchisme et politique économique (II)

mis en ligne le 18 octobre 2012
Il serait peut-être temps de revenir aux « fondamentaux », comme on dit. Je pense en particulier à Proudhon. On dit que Proudhon était opposé aux grèves. Ce n’est pas vraiment ça. Il disait que les grèves ne modifiaient pas fondamentalement la situation du prolétariat. Il n’a jamais nié que les grèves menées par des ouvriers qui voulaient améliorer leur situation étaient illégitimes. Proudhon avait une attitude qu’on pourrait qualifier de « réformiste révolutionnaire ». Face à une situation de crise, il proposait des solutions structurelles. On a l’impression que tout ce qu’il avait proposé a échoué, mais pas du tout.
Les banques à taux zéro ou à 1 % ont effectivement fonctionné pendant longtemps : ce fut la banque centrale qui, en France, prêtait à 1 % aux collectivités locales, aux organismes publics, lorsqu’ils voulaient investir. Ça a très bien fonctionné jusqu’à la signature du traité de Lisbonne en 1973. Ce traité interdit aux organismes publics d’emprunter à taux 0 ou 1 % à la banque centrale, il les oblige à contracter leurs emprunts auprès des banques privées, aux taux du marché. Mais le traité n’interdit pas aux banques privées d’emprunter à des taux très bas à la Banque centrale pour ensuite prêter à des taux très élevés aux organismes publics. Il ne faut pas aller chercher plus loin l’origine de la dette publique catastrophique qui touche aujourd’hui tous les pays, à des degrés divers.
Ce qui est curieux, c’est que cette question n’a absolument pas été abordée par le Parti socialiste pendant la campagne présidentielle. Or, elle se trouve au centre du débat sur la dette.

Proudhon déjà…
L’idée de Proudhon, à l’origine, était révolutionnaire ; elle a tout d’abord été récupérée par le système capitaliste parce que celui-ci n’a pas été renversé. Elle a ensuite été remise en cause par le système capitaliste parce qu’il a trouvé un moyen extrêmement efficace de tondre la laine sur le dos des gens. Mais si ça a tourné en eau de boudin, ce n’est pas de la faute de Proudhon. Je pense qu’un jour, après le Grand Soir, il faudra rétablir le système imaginé par lui, ou quelque chose d’approchant. En attendant de supprimer la valeur, bien sûr, si un jour j’arrive à comprendre ce que ça veut dire…
Un autre exemple de « réformisme révolutionnaire » à la Proudhon. La révolution de 1848 en France est survenue à une période de grave crise économique. Beaucoup de gens se retrouvaient à la rue parce qu’ils ne pouvaient plus payer leurs loyers. Une situation qui rappelle quelque chose de récent. Proudhon proposa un moratoire sur les loyers, puis il proposa une loi qui ferait que les loyers versés seraient comptabilisés et, au bout de vingt ans, les logements appartiendraient à leurs locataires. Évidemment, les bons bourgeois crièrent au scandale et la loi ne passa pas, mais l’idée n’était pas si farfelue que ça. En effet, son idée se pratique, mais évidemment de manière très limitée. Il arrive que, dans les HLM, on propose aux locataires un rachat en tenant compte des loyers versés ou d’une partie de ceux-ci. Certes, on pourra toujours dire que les HLM refilent la patate chaude aux locataires quand les logements deviennent vieux et coûteux à entretenir. Proudhon avait prévu le coup : dans son projet, ce sont les municipalités qui seraient chargées ensuite de l’entretien des logements, en mettant sur pied des « compagnies ouvrières ».
Il ne serait pas difficile d’imaginer des adaptations de ce principe à la réalité d’aujourd’hui.
Je pourrais aussi mentionner l’idée de mutualisme, largement développée par Proudhon. Je suppose qu’aujourd’hui, même nos révolutionnaires les plus purs, même ceux qu’un copain de mon syndicat appelait les « révolutionnaires pavillonnaires » (ils achetaient tous des pavillons à Montreuil) adhèrent à une mutuelle (ces révolutionnaires-là sont souvent très pointilleux quand il s’agit de leurs intérêts). Eh bien ! le mutuellisme c’est aussi une idée à laquelle Proudhon a attaché son nom.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


le journal de personne

le 3 novembre 2012
Anarchiste

http://www.lejournaldepersonne.com/2012/11/anarchiste/ ‎

Je ne crains rien, ni personne
Je n'espère rien, ni fleurs, ni couronne
Pas de cieux, ni devant, ni derrière Dieu
Je ne crois que dans la force
La force de mon désir... le désir de ma force
Force qui dirige tout rapport de force
La force de remonter la pente
La force de ne pas redouter la descente
Ni paradis, ni purgatoire, ni enfer
Juste la force et le désir de se défaire
Et de renaître toujours libre comme l'air
Comme le vent qui brise les paravents
Le souffle qui coupe le souffle
La vérité vraie donne des ailes
Parce qu'il n'y a que la force... qui renforce
Qui garde le jus et jette l'écorce
L'écorce morale
Qui vous sape le moral
L'écorce... religieuse
Qui vous drape le mental
L'autorité, le pouvoir
ne viendront jamais à bout
de ma puissance d'agir et de réagir
de ma puissance et de ma volonté de puissance
Pour dire NON à toute essence
À toute vielle connaissance
À toute fausse correspondance
Je dis oui à l'existence
Libre et libérée
de tout argument d'autorité
de toute tutelle, de toute notoriété
Celle du bien... celle du mal
Jamais bons, toujours mauvais
Je n'admets que la beauté libre, vivante
Je n'adhère pas à la beauté adhérente
Toujours déjà morte
Rien n'est légitime, tout est légitimé
Rien de nouveau... tout est périmé.
Anarchiste...rien que pour tout cramer...
Je suis de cette espèce en voie de disparition
Qui n'a jugé ni bon, ni utile de s'accrocher à un monde
Qui a peur de vivre et de mourir!

Anarquoi ?

le 4 novembre 2012
Depuis quand les soralien(ne)s viennent commenter les articles du ML ? Le journal de personne veut partager sa critique positive du film "l'antisémite" de Dieudo avec les lecteurs peut-être ? On sa volonté de réconciliation entre la gauche et la droite pour l'harmonie de la nation (tiens, ça me dit quelque chose ça...) ?

lartigue

le 4 avril 2015
depuis que l'intelligence vient se frotter à la betise, anarquoi.