Météo syndicale

mis en ligne le 11 octobre 2012
Cela a l’air d’une farce annoncée : le gouvernement est en butte à de nombreux accrocs dans le mouvement social et tout virevolte. Pas vraiment dans le sens de la lutte, mais plutôt dans la négociation. En fait, tout avait été décidé lors de la « conférence sociale » tenue au mois de juillet. La chose se conjugue autour de l’emploi (précarité, licenciements économiques) et devrait aboutir à un accord global qui doit être validé par le Parlement.
Soit, mais que disent les partenaires sociaux encore nommés syndicaux dans les mémoires ? Pour François Chérèque, encore aux commandes de la CFDT, « un accord majoritaire est un accord signé par trois syndicats. Nous ne braderons pas un accord pour avoir plus de signatures ». De son côté, Agnès Le Bot pour la CGT a déclaré : « On a déjà beaucoup flexibilisé, contrairement à ce que veut faire croire le patronat, les débats vont être durs. » Quant à FO, elle a déjà rappelé les fondamentaux à la fin du mois dernier : « Réuni les 27 et 28 septembre 2012 à Rodez, le CCN de la CGT-Force ouvrière réaffirme son profond attachement à la liberté et à l’indépendance syndicales qui sont à la base de toute action revendicative dans la négociation comme dans l’action. Pour le CCN, l’austérité est inacceptable. Le CCN réaffirme son opposition à toutes les politiques d’austérité, de rigueur ou dites de ‘‘sobriété’’, de droite comme de gauche. Les États doivent s’émanciper des marchés financiers et des agences de notation. Le CCN combat cette ‘‘dictature de la dette’’ imposée par la Troïka (UE, FMI, BCE) pour réduire un endettement public dont les salariés ne sont pas responsables. »
Qu’en aura-t-il été du 9 octobre ? À l’heure où nous bouclons Le Monde libertaire, c’est encore dans le futur. Mais, dans la rue, ce sont les organisations politiques qui ont eu dernièrement le dessus. « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes », disait la Première Internationale. Mais qui la représente ?
« L’histoire de la Première Internationale ou Association internationale des travailleurs est traversée par un conflit tant théorique que pratique, qui s’incarna en les personnes de Marx et Bakounine : révolutionnaires socialistes tous deux, visant le même objectif, une société sans exploitation économique ni domination politique, les voies stratégiques qu’ils vont défendre, communisme étatique ou collectivisme fédéraliste, sont néanmoins radicalement différentes, exclusives l’une de l’autre. Cette question – étatisme ou anarchisme ? – n’a cessé de fait de parcourir tous les mouvements révolutionnaires jusqu’à nos jours. » Tel était exposé le « problème » par Georges Ribeill en présentation du tome I de Marx/Bakounine. Socialisme autoritaire ou libertaire 1.
Le mouvement syndical actuel s’en remet encore, toutes les boutiques confondues, avec des « nuances », à la suprématie du parlementarisme sur le monde ouvrier ou se borne à l’action revendicative. On est loin du rêve d’un monde nouveau.







1. Paru en 1975 aux éditions 10/18.