Saint-Christol-lès-Alès (Gard) : non au gaz de schiste

mis en ligne le 10 octobre 2012
1684SchisteSamedi 22 septembre, environ 3 000 personnes se sont rassemblées à Saint-Christol-lès-Alès ainsi que dans trois autres lieux en France, dont Tournan-en-Brie, dans le cadre d’une journée de mobilisation internationale contre l’exploitation des gaz et huiles de schiste. Des délégations du Guatemala, des Pays-Bas, des États-Unis étaient présentes aux côtés de collectifs nationaux (Ardèche, Var, Gard, Hérault, etc.) qui demandent l’abrogation des permis et l’interdiction de l’extraction d’hydrocarbures par fracturation hydraulique. Nous ferons ici l’impasse sur les interventions des élus comme Bové et éviterons de polémiquer sur le prix des repas et boissons peu accessibles aux revenus modestes. Une balade entre les stands des collectifs et de leurs invités (les Faucheurs d’OGM, la Confédération paysanne, Greenpeace, Attac), ainsi que notre présence dans divers ateliers firent de cette journée un moment riche d’informations, de rencontres et d’échanges sur la façon de s’organiser.

L’extraction et ses divers effets
La technique de fracturation hydraulique utilisée pour extraire le gaz de schiste consiste à fracturer les roches au moyen de l’injection d’un cocktail composé de vingt millions de litres d’eau par forage et de produits chimiques hautement nocifs pour la santé humaine. Ce procédé contamine les nappes phréatiques et les sources, et les produits toxiques se retrouvent dans l’eau qu’on consomme. Les boues de forages stockées dans les bassins en surface contiennent de l’arsenic, du plomb, du mercure, du radium, qui détruisent la nature environnant le site de forage. Comme le montre le film Gazland tourné aux états-Unis, la dangerosité de cette technique pour la santé humaine (maladies respiratoires, digestives, cancers) et ses effets destructeurs sur l’environnement sont clairement établis.
Les collectifs de l’Ardèche et du Gard mettent également en avant les risques sismiques dans des régions sensibles avec un sous-sol déjà fragilisé par les énormes pressions mises en œuvre par la fracturation hydraulique. Ils dénoncent aussi le gaspillage de l’énorme quantité d’eau utilisée par ce procédé de forage. Dans leur gazette de février 2012, ils annoncent que le volume d’eau nécessaire à un puits de forage est équivalent à un jour de consommation d’eau potable des villes de Valence et Montélimar réunies.

Où en est-on des lois et des permis ?
Le code minier stipule que l’État est seul propriétaire du sous-sol. L’État seul a la possibilité de délivrer, d’annuler ou d’abroger des permis. Après une très forte mobilisation, la loi du 13 juillet 2011 est votée. Elle interdit la fracturation hydraulique mais ne se prononce pas sur l’utilisation de ce procédé à des fins expérimentales, de même qu’elle ne définit pas ce qu’est la fracturation hydraulique. Les industriels vont se servir de ce flou pour contourner la loi. L’extraction des gaz et huiles de schiste devient un marché juteux pour les compagnies pétrolières. En octobre, les permis de Villeneuve-de-Berg, Nant et celui de Montélimar sont abrogés. Schuepbach Energy (pour Villeneuve-de-Berg et Nant) et Total (pour Montélimar) ont engagé un bras de fer juridique contre l’abrogation de leur permis. Aujourd’hui, 61 permis sont en vigueur, et beaucoup d’autres sont encore en instruction.
Dans le Gard, les permis du « bassin d’Alès » et de la « plaine d’Alès » ont fait l’objet d’arrêtés rendant possibles les déclarations de travaux auprès des mairies gardoises et ardéchoises concernées. Mardi 18 septembre, neuf maires gardois étaient contactés pour avis par le préfet du Gard censé informer de l’éventualité du début des travaux de recherche de la société suisse Mouvoil, détentrice du permis du bassin d’Alès, à cheval sur le Gard et l’Ardèche. Ce sera également le cas pour les maires ardéchois concernés le 27 septembre. Et pourtant Hollande avait affirmé qu’il n’y aurait aucuns travaux d’exploration pendant son quinquennat.

Les collectifs de lutte et la VIA
Les collectifs en France sont au nombre de 254, réunis au sein d’une coordination nationale où ils échangent et travaillent sur des projets communs. Ils sont composés de gens « ordinaires », syndicats et élus. Les collectifs organisent la mobilisation par ce qu’ils appellent VIA (vigilance, information, alerte-action). Cela consiste en une veille-vigilance : ils font appel à chacun de nous pour repérer des camions sismiques, des convois, du matériel suspect et appeler un numéro de vigilance. Des « veilleurs » vont vérifier l’information et par l’intermédiaire de référents activer des pyramides d’alertes téléphoniques (réseaux d’une centaine de personnes) pour lancer la mobilisation. Cette mobilisation aura pour but d’empêcher les travaux par des actions non violentes de blocage. Les collectifs sont aussi présents toute l’année sur les marchés locaux et organisent des événements (projections, réunions publiques, rassemblements) pour diffuser des informations sur l’avancée des permis, des lois et sensibiliser les gens concernés par les travaux.

Des anarchistes dans cette lutte ?
Même s’ils continuent à pratiquer des actions légalistes et citoyennes, comme la signature de pétitions ou les lettres aux élus, ceux qui s’impliquent sont conscients que seuls l’action directe et le rapport de force paieront pour empêcher les travaux et n’hésitent pas à le mettre ouvertement en avant.
Cette situation met au jour une fois de plus, comme pour le nucléaire, les OGM, etc., l’absurdité du système capitaliste. Ce système qui cautionne le fait que des multinationales, avec la complicité de l’État, n’hésitent pas à sacrifier notre santé et celle des futures générations, à détruire l’environnement et à spolier nos richesses pour accroître leurs profits, remplir encore plus les poches des actionnaires et des banquiers. Cette lutte concerne un large public et participe à la contre-information servant à réveiller les masses endormies par le journal télévisé et la culture de la consommation.
En tant qu’anarchistes nous pouvons dire « oui » au scénario Négawatt tant réclamé par les anti-schistes, seulement si ces énergies renouvelables sont accessibles à tous et ne sont pas les proies du marché. Le seul garde-fou est donc qu’elles soient gérées directement par les consommateurs organisés au sein de groupements où les décisions sont prises de façon horizontale. Nous n’avons pas besoin d’élus et de politiciens pour cela, mais d’une transformation radicale de la société.

Muriel
Groupe Gard-Vaucluse de la Fédération anarchiste



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


Florian Olivier

le 13 octobre 2012
Bonjour, j'avais déjà écris un article pour la Coordination des Groupes Anarchistes dans le cadre de Infos et Analyses libertaires, sur le sujet.
Oui il y a des anarchistes qui participent a cette lutte, c'est notre cas.

Vous pouvez voir l'article sur le site : http://www.c-g-a.org/?q=content/hydrocarbures-de-schiste-ressource-pour-les-probl-mes-nerg-tiques-de-lorganisation-capitalis
Ou au format PDF (plus lisible) :
http://www.mediafire.com/view/?9bqq8w6fizmjpfx

Pour me contacter : bugin at no-log.org