Météo syndicale

mis en ligne le 13 septembre 2012
Au début du siècle dernier, époque où la CGT incarnait le syndicalisme révolutionnaire pionnier… « Qu’est-ce qu’un syndicat ? C’est la réponse moderne qu’ont adoptée les ouvriers pour s’entendre et se grouper afin de lutter contre leurs exploiteurs en vue de défendre et d’améliorer leur situation matérielle et morale. » Ainsi commençait l’A-B-C syndicaliste de Georges Yvetot 1. La parution, en 1909, de cette brochure de propagande imprimée à l’Émancipatrice (Paris, XIVe arrondissement, rue de Pondichéry), outre une exhortation militante à la syndicalisation 2, contenait, entre autres, les statuts type d’un syndicat.
Prenons un bel exemple récent de la désunion syndicale. Il y a quelque temps, un hebdomadaire se voulant à la fois dans le people (donc les « photos-documents ») et le pseudo-social questionnait le vieux François Chérèque, secrétaire général de la CFDT. Il lui posait une question post-électorale traditionnelle, à savoir : « La CGT et FO demandent un Smic autour des 1 700 euros, et vous ? » Réponse du fils de son père 3 (ancien permanent syndical de la même boutique) : « Ils croient même pas à ce qu’ils demandent. […] Ils savent très bien que c’est inatteignable… »
Quand un des haut-parleurs de l’ennemi de classe désigne ainsi par ricochet ceux qui le gênent, cela pourrait provoquer un sursaut unitaire, non ? Que voit-on à l’horizon syndical de la rentrée ? Une journée de mobilisation générale des Unions régionales de retraités, le 11 octobre. Pourquoi pas mais, chez les actifs, tout baigne-t-il vraiment ? De plus, il y a tout le monde (CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa…), sauf Force ouvrière ! On aimerait avoir été dans les discussions qui ont mijoté tout ça pour avoir l’explication de la stratégie syndicale.
Nous refaire le coup du « à l’initiative de la seule CGT » en faisant un pas de deux avec le partenaire social docile de tous les pouvoirs publics, on aimerait comprendre. à moins que les problèmes de succession à la centrale de Montreuil réduisent le cerveau confédéral à la gestion de la boutique façon PME…
Il y a heureusement d’autres choses plus revigorantes, comme la lutte estivale des travailleuses et travailleurs de Fralib, comme la liquidation de Doux contestée devant la justice par les élus FO et CGT. On vous en causera dans les prochaines semaines !







1. Georges Yvetot (1868-1942), ouvrier typographe puis correcteur d’imprimerie, fut une figure marquante des débuts de la CGT. En 1901, il est secrétaire général de la Fédération des Bourses du travail et secrétaire adjoint de la CGT. Emprisonné à plusieurs reprises, comme d’autres responsables de la confédération. L’entre-deux-guerres le verra surtout sur le front antimilitariste. En 1942, il présida le Comité ouvrier de secours immédiat, sous le contrôle des Allemands… Il était malade et dans la misère, il mourra en mai de la même année.
2. C’est influencé par Pelloutier que Yvetot vint à l’anarchisme. On relira la Lettre aux anarchistes du fondateur des Bourses du travail…
3. Jacques Chérèque, devenu préfet puis ministre de Rocard à l’aménagement du territoire (de 1988 à 1991), qui avait déclaré suite à la casse de la sidérurgie en Lorraine : « Il faut retirer les hauts-fourneaux de la tête des sidérurgistes lorrains. »