Météo syndicale

mis en ligne le 28 juin 2012
« Mais la cellule fondamentale de la société anarchiste est le syndicat basé non plus sur la profession, mais sur le genre humain. C’est l’anarcho-syndicalisme. » Diable, qui décoche ainsi cette affirmation à l’emporte-pièce ? Denis Perkon ; journaliste à Combat, le 9 avril 1951 1. Dans ce triste début social du XXIe siècle, on ne cause plus de l’anarcho-syndicalisme que comme un lointain souvenir des débuts de la CGT 2, où le monde du travail n’avait droit ni aux vacances ni à la retraite.
En fait, on le savait depuis les congés payés en 1936, ils (et elles) cherchent à nous gâcher les vacances. Les riches ne supportant pas que les « prolos » fréquentent plages et lieux de vacances estivales, ils ont mandaté des gens pour décréter diverses saloperies avant les congés d’été. Bon, c’est un peu court, mais c’est un fait que quand on pense à quitter le boulot pour quelque temps au soleil, on pense, malgré tout, que tout se réglera à la rentrée… Mais si ça valait avant la dernière guerre mondiale, aujourd’hui la donne a changé.
Il y a belle lurette que le patronat ne prend plus de vacances, enfin pas au moment où les mômes ne vont plus à l’école.
À Air France, c’est la bérézina. La direction de la compagnie nous la joue « bonnes vacances » avec aplomb : des licenciements secs si elle n’obtient pas « l’accord des syndicats ». L’addition est salée : 5 122 emplois en dix-huit mois, soit 10 % des effectifs. Cerise sur le gâteau, la déclaration du PDG : « Si par malheur nous n’arrivions pas à signer (avec les syndicats) nous ne pourrions plus garantir le périmètre industriel et l’emploi. » Qu’en termes à la fois élégants et ésotériques, la chose est dite ! On espère que la riposte syndicale ne sombrera pas dans la désunion.
Le paysage estival n’est pas sombre tous azimuts. Les ex-salariés de l’usine Clairoix (Oise) – autrement appelés les « Conti » – sont venus dernièrement dans la capitale réclamer que l’État garantisse leur reclassement. Le dernier nommé est en effet cosignataire de l’accord de fin de conflit de 2009 qui garantissait la sortie du chômage… Dans une lettre ouverte au président de la République, les ex-salariés de Continental espèrent que le gouvernement « se décidera à agir ». Excellente leçon de choses pour monter à l’opinion publique ce que le parlementarisme sait faire dans le social. Que cela ne vous gâche pas l’été.





1. À trouver, avec d’autres articles de l’année 1951 du quotidien Combat dans À contretemps, bulletin de critique bibliographique, numéro 43, juillet 2012. Contact, 55, rue des Prairies, 75020 Paris.
2. À l’époque, on emprisonnait les dirigeants de la CGT !