Dans la France rose, la Sociale voit rouge

mis en ligne le 21 juin 2012
Si François Hollande et son ministre du Redressement productif ont montré quelques signes de vie aux travailleurs de Fralib et de Florange, ils sont restés bien discrets, pour l’heure du moins, au sujet de la situation du site PSA Aulnay, menacé de fermeture depuis plusieurs mois. Et pourtant, pendant l’entre-deux tours de l’élection présidentielle, François Hollande avait promis aux salariés de l’usine que, s’il était élu, il les recevrait à l’Élysée dès les premiers jours de son mandat. Arnaud Montebourg a beau avoir annoncé qu’il rencontrerait les syndicats de l’usine le lundi 18 juin (impossible, au moment où j’écris ces lignes, de savoir ce qui sortira de cette entrevue), les salariés ne sont pas tranquilles et attendaient davantage de ce nouveau gouvernement qui, pendant la campagne électorale, promettait bien des sauvetages industriels.
Du coup, histoire de rappeler aux élus du peuple (sic) leurs engagements électoraux, plusieurs d’entre eux (syndiqués CGT, CFDT ou Sud) se sont invités au meeting du Parti socialiste, mercredi 13 juin dernier au Zénith de Paris. Avec banderoles et drapeaux syndicaux, ils ont distribué plusieurs centaines de tracts tout en lançant des slogans revendicatifs dans l’espoir d’interpeller le brave militant socialiste venu écouter les douces voix de la bureaucratie de son parti. Si certains ont clairement manifesté leur soutien, élus et dirigeants de l’appareil n’en ont pas touché mot, sans doute gênés de se retrouver nez à nez avec la dure réalité sociale du pays. Toujours est-il que, pendant qu’ils se pavanent sur nos écrans de télévision, à la radio et dans les journaux, 3 300 travailleurs, eux, vivent dans la crainte quotidienne de perdre leur job du jour au lendemain. Affaire à suivre…
Question droit du travail, malgré les bannières roses de la république, le temps n’est pas non plus au beau fixe. La direction de l’inspection du travail a annoncé la semaine dernière qu’elle entendait incessamment sous peu diviser par deux le nombre de conseillers du salarié. D’après L’Humanité, en Seine-Saint-Denis, ils passeraient de 350 à 150 ! Cette mesure est lourde de sens et de conséquence, les conseillers du salarié étant des éléments importants du droit du travail (ce sont eux qui sont chargés d’accompagner les travailleurs convoqués à des entretiens pour licenciement dans des entreprises ne disposant pas de représentants du personnel). En réponse à cette annonce inquiétante, une centaine de militants syndicalistes se sont réunis devant le siège de l’inspection du travail à Bobigny, mardi 12 juin dernier.

Johnny Caramelo