Le miroir du Mexique

mis en ligne le 7 juin 2012
Vous vous intéressez au Mexique ? Vous allez sans doute en entendre parler dans les semaines qui viennent, campagne électorale oblige. Président depuis six ans, Felipe Calderón ne se représentera pas, la Constitution mexicaine interdisant un second mandat. Son successeur quel qu’il soit ne fera ni pire ni mieux, garant qu’il sera d’un système capitaliste au libéralisme débridé. Quand on parle du Mexique, c’est principalement pour évoquer la guerre entre État et narcotrafiquants. Mais derrière cette violence quotidienne, il y a une autre réalité dont nos médias nationaux parlent moins : un peuple, des peuples qui luttent pour leur émancipation, rejetant un système politique pour le remplacer par un autre, qui ne s’appuie plus sur l’autorité d’une majorité écrasant des minorités, mais sur l’écoute, la recherche de consensus, les pratiques des populations indigènes remises au goût du jour par les Indiens du Chiapas ou de Oaxaca, fondées sur l’autonomie, l’entraide, la démocratie directe, tendant vers une société égalitaire et libertaire, avec des spécificités propres mais le plus souvent assez proches de nos pratiques anarchistes.
Savez-vous aussi que dans ce pays la plus grande misère peut côtoyer les plus grandes fortunes ? Qu’un paysan gagne rarement plus de cinquante pesos par jour (moins de trois euros), mais que l’homme le plus riche de notre planète (Carlos Slim Helu) est mexicain ? Que sous couvert de lutte antidrogue les militaires et paramilitaires en profitent pour éliminer physiquement les opposants au pouvoir en place (syndicalistes, militants politiques et/ou indigènes) ? Connaissez-vous l’APPO ? la Commune d’Oaxaca ?
Pour en savoir plus sur le Mexique d’aujourd’hui et ses luttes, il est fortement recommandé de se procurer Le Miroir du Mexique de Claudio Albertani. Italien de naissance mais vivant depuis quarante ans au Mexique, professeur à l’académie d’histoire et de société contemporaine à l’université autonome de Mexico, il est également membre de la Commission civile internationale de l’observatoire pour les droits humains (CCIODH). Il collabore régulièrement à des journaux, revues et radios alternatives, aussi bien au Mexique qu’en Italie ou en France. Sa grande connaissance des peuples indigènes et des mouvements anarchistes se reflète dans ce livre composé d’une série de textes publiés de 2006 à aujourd’hui.
Désobéissance civile, non-violence, lutte armée, solidarité, auto-organisation dans les Chiapas, Oaxaca, Atenco… guerres de l’eau, répression étatique, rébellion du peuple, congrès de l’Assemblée populaire des peuples de l’Oaxaca… Voici quelques-uns des thèmes abordés et développés par Claudio Albertani dans cet ouvrage composé, comme l’indique la quatrième de couverture, de textes traduits de El Espejo de México et abordant « aussi bien les douleurs subies par la population que ses pratiques de solidarité et de rébellion, porteuses d’espoirs. Ils reflètent les dangers qui menacent la planète : totalitarisme économique, destruction de l’environnement, paupérisation… Surtout, ils laissent percevoir les frémissements d’une civilisation basée sur la négation de la société marchande : la culture indigène. Partout présente, dans les villages et les quartiers, dans les communautés zapatistes et l’Oaxaca, elle pratique la démocratie directe, les décisions au consensus, la communalité, qui renvoient les manœuvres partidaires dans les poubelles de l’Histoire. L’ouvrage se termine par l’analyse du 2e congrès de l’APPO où s’affrontèrent visions verticale et horizontale de cet extraordinaire mouvement social. La magnifique intervention des jeunes libertaires de Vocal (Voix oaxéquègnes construisant l’autonomie et la liberté) illustre les espoirs en un “bouleversement social véritable et profond de notre société”. »
Bref, un détour par notre librairie ou une commande adressée à celle-ci s’impose donc pour faire l’acquisition de cet ouvrage décrivant la résistance populaire face à la barbarie capitaliste et mettant en lumière des perspectives chargées d’espérance.