Météo syndicale : sale temps pour la Sociale

mis en ligne le 10 mai 2012
L’indépendance du syndicalisme est bien mis à mal ces derniers temps. Certes, tout le monde était d’accord pour que le locataire actuel de l’Elysée retourne à ses études. Mais fallait-il pour autant glorifier la social-démocratie qui respectera la loi des marchés ?
Le secrétaire de la CGT, pour parler de lui, avait déclaré : « Il n’est pas utile que la CGT dépense de l’énergie pour convaincre ses adhérents de reconduire le même président. On veut un changement de président et de ligne politique sur le plan social. Il n’y a pas de débat en interne sur une attitude plus neutre à avoir vis-à-vis du président sortant. » Cela ne mangeait pas de pain et retapait sur le clou « pas neutre mais critique ».
L’esprit de la charte d’Amiens était pas mal dilué, ça renâclait en interne, mais voilà pas que Thibault déclare, à un micro même pas baladeur, qu’à titre personnel il votera socialiste ! Du coup les trublions de la base se sont demandé si le lider maximo ne la jouait pas Bayrou aux petits pieds.
Les autres boutiques confédérales représentatives pouvaient se la jouer belle en déclarant que leurs adhérents étaient adultes et n’avaient pas besoin de consignes de vote à peine déguisées. Les militants « double casquette » ont beau clamer qu’ils ne se laisseraient pas avoir comme avec Mitterrand avec les ministres communistes « otages », ils n’arrivent même pas à se convaincre eux-mêmes.
Au congrès de la CGT de 1921, Pierre Monatte déclarait à la tribune : « Dans la charte d’Amiens, ce qu’il y a d’essentiel pour nous, de durable, d’éternellement durable, c’est cette conception du syndicalisme : grand artisan de la révolution, capable de la faire tout seul si possible, capable d’organiser tout seul le lendemain de la révolution. C’est là notre force, notre volonté, c’est là notre espoir. (Applaudissements.) Mais ne crions pas “Raca” aux forces révolutionnaires qui sont à côté de nous. Nous ne disons pas : haine au Parti communiste, qui se dit révolutionnaire ; nous lui disons : “Marche, fais ta besogne ; nous, dans les syndicats – où sont tous les ouvriers, où tous y ont leur place, même ceux qui ne sont pas révolutionnaires mais qui le seront à une heure donnée, parce qu’il y a toujours une heure où l’esprit exige, demande, appelle la Révolution –, nous ferons la nôtre.” »
Certes le camarade avait encore des illusions sur les intentions du Parti communiste et l’histoire le lui précisera de manière cruelle, mais un tel discours manque dans le paysage syndical actuel…
On va en bouffer du socialisme gestionnaire du grand capital, mais espérons que nos luttes deviennent autre chose que des poches de résistance.

Torrent Impétueux