Haute-Savoie : No Gazaran

mis en ligne le 23 février 2012
1661SavoieSamedi 11 février, à Saint-Julien-en-Genevois, 2 500 personnes se sont rassemblées par un froid glacial afin de s’opposer à l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste en Haute-Savoie, à l’occasion du premier rassemblement des différents collectifs de la région Rhône-Alpes, sous le haut patronage de la région Rhône-Alpes et un an après la grande manifestation à Villeneuve-de-Berg qui avait réuni 20 000 personnes en Ardèche.
Cette fois-ci donc, l’ensemble des collectifs Stop Gaz de Schiste de Rhône-Alpes s’est réuni dans la ville de Saint-Julien-en-Genevois, petite ville de 11 000 habitants qui est directement concernée par le gaz de schiste avec le permis de Gex, permis accordé le 11 juin 2009 pour une durée de cinq ans à différentes compagnies pétrolières anglaises (eCorp, Eagle Energy limited et Nautical Petroleum PLC). Ce permis a été accordé sur une surface de 932 km2 sur les territoires de l’Ain, de la Haute-Savoie et du Jura.
La journée à débuté par un meeting d’une heure et demie où se sont succédé plusieurs personnes du collectif et élus, et auquel assistait environ 600 personnes. Après une rapide introduction par le maire de la ville, c’est l’hydrologue Jacques Cambon qui a pris la parole et a rappelé ce qui a commencé comme « un conte de fées capitaliste » en expliquant qu’aujourd’hui, la seule technique possible pour l’extraction du gaz est la fracturation.

Qu’est-ce que la fracturation hydraulique ?
La méthode dite de fracturation consiste à forer un puits entre 2 500 et 4 000 mètres de profondeur renforcé par du béton, puis de faire exploser ce puits par endroits. C’est ensuite 10 000 à 20 000 m3 d’eau qui sont injectés sous pression dans le puits afin de créer des fissures dans la roche et de laisser passer le gaz, lui permettant de remonter à la surface par le puits. L’eau est mélangée à du sable et à de nombreux produits chimiques (plus de 500). Cette eau remonte ensuite à la surface, mais la fracturation de la roche peut également lui permettre de rejoindre les nappes phréatiques et les réserves d’eau potable. C’est donc toute une population qui risque d’être contaminée par ces forages. Malgré l’interdiction des fracturations hydraulique (par une loi du 13 juillet 2011), les compagnies pétrolières et de forage envisagent déjà de contourner ces lois, avec l’aide du gouvernement, comme lors du colloque du 17 janvier à Paris organisé par le club « énergie et développement » réunissant ministre et multinationales.
Le meeting s’est poursuivi par l’intervention d’Elisabelle Bourgues, présidente de No Fracking France, d’Anne Marher, député du canton de Genève qui a fait un point sur la situation de son pays, Alain Chabrol, vice-président du conseil général de Rhône-Alpes, qui a rappelé le besoin d’un débat sur l’avenir énergétique ainsi que la refonte du code minier. Le dernier intervenant aura été Jean-Louis Chopy, porte-parole du collectif Stop Gaz de Schiste Ardèche, qui a parlé de l’avenir du mouvement et a appelé au blocage des camions dès leur arrivée sur la zone. Des sentinelles seraient déjà en place pour surveiller une éventuelle activité sur les zones d’exploration. Malgré l’illégalité de ce procédé, il est légitime selon lui et il appelle à l’action physique, dans la non-violence toutefois.
Une conférence de presse d’une trentaine de minutes a été tenue par les membres du collectif à la suite de ce meeting. Les intervenants ont clairement demandé l’arrêt de la délivrance des nouveaux permis, et l’arrêt des permis en cours, et ont envoyé un message clair à Éric Besson et aux candidats aux élections législatives, leur demandant de prendre position clairement sur le sujet. En effet, ce sont déjà deux permis qui ont été accordés dans la région et quatre autres sont en cours d’instruction pour attribution imminente. Ces derniers concernent exclusivement notre région avec les permis de Blyes (01), Gex Sud (74, 01), Lyon-Annecy (68, 38, 73, 74) et Montfalcon (38, 69, 26, 07). En tout, ce ne sont pas moins de 10 000 km² de nos territoires en Rhône-Alpes qui seront impactés par cette industrie polluante et dévastatrice. Et en France c’est, après les 73 permis déjà accordés sur tout le territoire, encore 71 autres qui sont en attente de validation. Un point sur l’avenir du mouvement a également été fait et, si nécessaire, il faudra selon lui faire « la guerre » aux compagnies de forage pour empêcher un désastre écologique.
C’est ensuite 2 500 personnes qui ont défilé énergiquement dans les rues de la ville (malgré une température de moins dix degrés) et ont rejoint la sous-préfecture. Quelques membres du collectif ont réussi à rencontrer le sous-préfet, qui a déclaré ne pas être assez compétent pour donner une réponse claire sur le sujet.
Au même moment, plusieurs personnes ont pris la parole (collectif et élus) et n’ont pas manqué de féliciter l’organisation de cette manifestation citoyenne, et dont la tête du cortège n’était occupée par aucun parti politique ; élus de tous bords engagés dans cette lutte et partis politiques ayant leur place citoyenne au milieu du cortège. Il est important de rappeler que les collectifs Stop Gaz de Schiste sont apolitiques et qu’ils ne souhaitent la récupération d’aucun parti politique, en acceptant tout de même le soutien de tout bord, à l’exception de l’extrême droite.
De nombreuses soirées Gasland (projection du film suivie d’un débat) ont déjà été programmées dans le pays savoyard et continueront de plus belle afin d’informer et mobiliser les citoyens et les élus locaux dans tous les départements de Rhône-Alpes, région particulièrement touchée puisque sept départements sur huit sont sous l’attribution de permis d’exploration, transformables sans autre obligation en permis d’exploiter !

Rebellyon