Ne pas effrayer ses ennemis ?

mis en ligne le 2 février 2012
Ils envahissent nos pays, nos villes, nos campagnes. Ils imposent leurs lois, leurs méthodes, leur langue, leur absence de morale. Partout. Ils sont les maîtres dans nos entreprises, dans nos commerces, dans nos quartiers, dans nos familles. Ne faites rien.
Ils mesurent notre temps et contrôlent nos déplacements, ils nous évaluent, au travail, dans nos achats, nos goûts, nos habitudes. Ils comptabilisent, ils chiffrent, tout. Laissez faire.
Ils augmentent nos cadences, nos rendements, ajustent des marges qui réduisent notre temps de vie et augmentent nos accidents, nos maladies. Ne bougez pas.
Ils décident des taux de notre emprunt, peuvent nous ruiner du jour au lendemain, nous obliger à quitter notre maison, nous licencier par milliers, nous jeter à la rue, rayer d’un trait nos projets et ceux de nos enfants. Ils nous déplacent comme des pions, nous obligeant à travailler à des centaines de kilomètres de chez nous. Ils ont droit de vie et de mort sur des régions entières. Ne dites rien.
Ils assurent leur suprématie, par la force, la violence, la torture. Ils soutiennent des coups d’états, des dictateurs, des guerres, des attentats, des massacres, depuis des dizaines d’années, dans le monde entier.
Ils exigent des plans d’austérité, quitte à affamer des populations entières. Ils baissent les salaires, augmentent taxes et impôts de toutes sortes, nous conduisent à la misère…
Laissez-les faire. Ne résistez-pas. Vous voulez résister ? Mais vous vous exposez à de cruelles et sanglantes représailles… Si vous faîtes quelque chose, vous pourriez les effrayer. Or « il ne faut pas effrayer les marchés financiers », tous les médias ne cessent de vous le répéter depuis des mois. Ah ! Ah ! Ah ! On nous fait peur avec un méchant croquemitaine qui ne doit pas être effrayé ! C’est dingue, mais ça marche ! Payez et souffrez en silence, écrasez-vous, prosternez-vous, rampez !
Au secours ! Mais que fait le président de la République ? ! Le gouvernement doit agir !
Mais bien sûr qu’ils agissent : ils collaborent. Rentabilité, intérêts, profits. R-I-P. Repose en paix, démocratie. Ce n’est pas le peuple qui est au pouvoir, ce sont les grosses fortunes. Du haut en bas, cette société est bâtie pour les servir.
Mais les élections sont pour bientôt : nous élirons un autre président, de gauche !
Qui collaborera. Pourtant, au fond de vous, vous savez que cela ne changera rien, mais quand même, vous vous dîtes : ce sera un peu moins pire… Demandez aux Grecs, aux Espagnols, aux Irlandais, aux Hongrois s’ils ont le sentiment que ça a été « moins pire » avec les socialistes !
Nous en reparlerons avec vos prochaines baisses de salaires…
C’est vrai : tous pourris ! A gauche comme à droite ! Je vais bien les faire ch… Je vais voter Le Pen !
Elle défendra vos intérêts ? Vous croyez encore à l’homme ou à la femme providentielle ? Qui vous sauvera ?
On nous dit que nous plaçons quelqu’un « à la tête de l’État ». Mais cet État sert les intérêts des banquiers, des financiers, des gros actionnaires. Il préserve les milliardaires de l’impôt et augmente la TVA. Cet État casse les services publics, dégrade l’école, la santé, les transports, la justice. Cet État conforte les inégalités, enrichit les riches et appauvrit les pauvres. Ce ne sont pas nos intérêts qu’il défend. Dirigé par des hauts fonctionnaires, sortis des hautes écoles, achetés avec des hauts salaires, il sert les intérêts des gens du même monde. Et si vous lisez ces lignes, c’est que vous n’en faites pas partie… de ce monde-là. Tous ces candidats qui veulent en être, qui cherchent à obtenir la place, le poste dans l’État. S’ils veulent ce poste, c’est qu’ils nous mentent sur leur volonté d’améliorer notre sort. L’État nous fait payer la crise d’un système économique délirant et nous voudrions qu’il soit un rempart ? Alors que c’est une prison. Ce ne sont pas les frontières du pays qu’il ceinture, ce sont nos esprits, nos raisonnements. Les « marchés » ont décidé de nous faire payer. Cher. Leur outil pour nous faire payer, c’est l’État, leurs états. Plans d’austérité, coupes dans les budgets, forces armées contre les populations. Le seul moyen d’empêcher cela, c’est de les effrayer, pour de vrai, marchés et politiciens : que la peur change de camp ! C’est eux ou nous. Si vous pensez eux et nous, vous avez déjà perdu.