L'atome désinforme

mis en ligne le 8 décembre 2011
1654SloAlors qu’Europe écologie Les Verts et le Parti socialiste viennent de signer un accord de campagne en trompe l’oeil en ce qui concerne le nucléaire, la campagne de désinformation mondiale concernant le nucléaire bat son plein.
Commençons par ce foutage de gueule électoral : fermer 24 réacteurs (sur 58) d’ici 2025 et réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % (pas loin de 80 % actuellement). Cela ne dit pas combien de réacteurs seront construits en plus de l’EPR de Flamanville ? Certes EdF est prête à abandonner le chantier de l’EPR pour calmer les esprits, surtout à cause du fiasco financier, mais pour pouvoir construire des centrales de son cru et non plus siglées Areva. Ah la guerre capitaliste…
Pendant ce temps, dans l’indifférence générale, depuis la mi-octobre, l’Europe est balayée par une pollution à l’iode 131. Aucune instance du nucléaire n’est capable (ou ne veut) en donner l’origine. Il faut savoir que la demi-vie de ce radioélément est de huit jours donc sa persistance dans l’atmosphère signifie une pollution qui se prolonge… Certes les doses détectées sont infimes et donc sans danger immédiat, mais nous savons depuis l’accident de Tchernobyl qu’il n’y a pas de dose inoffensive, aussi faible soit-elle. L’exposition prolongée à cette pollution sans goût, sans odeur et invisible fait mourir à petit feu. Plusieurs hypothèses se dessinent : accident dans une centrale européenne, réactivation du corium de Tchernobyl, ou conséquences de la reprise d’activité du réacteur 2 de Fukushima ? Quoiqu’il en soit une très mauvaise nouvelle pour l’industrie nucléaire qui va tout faire pour minimiser l’incident, voire le faire oublier dans les médias comme à son habitude. En effet, qui a parlé des dernières pollutions nucléaires en France ? Quid du pic d’iode à 32µBq/m3 le 22 septembre 2008 dues à la fissure d’un générateur de vapeur à Fessenheim, ou de celui du 16 au 25 septembre 2005 en région parisienne avec un taux dépassant 1000µBq/m3 sans aucune explication, et pourquoi les balises de la région parisienne ne donnent plus aucune donnée depuis 2009 ?
Que dire aussi des pluies radioactives que subit l’Amérique du nord ? Conséquences de la reprise d’activité d’un des réacteurs de la centrale de Fukushima ou simplement liées à l’accumulation dans l’atmosphère de la pollution radioactive depuis l’accident du 11 mars et qui nous retombe sur la tête sous forme de pluie ? À Fukushima, véritable terrain d’expérimentation de contrôle social pour les prochains accidents nucléaires, la désinformation bat son plein. Évacuation uniquement sur 20 km autour de la centrale (au temps de Tchernobyl, c’était 300 km et déjà insuffisant), dispersion des déchets radioactifs sur le territoire japonais, augmentation des normes de la radioactivité dans l’eau potable bien au-dessus des normes de l’Organisme mondial pour la santé (qui ne peut être accusé de faire dans l’angélisme puisque soumise par accord aux diktats de l’Agence internationale pour l’énergie nucléaire), distribution des aliments irradiés par soucis de solidarité nationale, etc. Il semblerait même que le gouvernement japonais envisage d’envoyer ces aliments dans le tiers monde sous prétexte d’aide humanitaire ; faibles doses, pas de risques… Et sans parler des capitalistes qui savent qu’ils peuvent facilement socialiser les pollutions plutôt que les prendre à leur charge puisque les actionnaires de Tepco semblent avoir refuser de couler des dalles sous les coriums pour éviter qu’ils s’enfoncent dans la terre et polluent durablement, coût trop élevé…
Devant toute cette désinformation, une association et un laboratoire indépendant se sont créés au Japon avec le soutien notamment de la Criirad mais combien de temps lui faudra-t-il pour avoir accès aux « grands » médias ? Après vingt-cinq ans d’existence, la Criirad y arrive tout juste et il n’est pas à douter qu’en cas d’accident en France, elle sera interdite d’antenne. La Criirad et les quelques autres associations plus ou moins indépendantes ne pourront s’opposer à la vague de désinformation qui déferlera. Seuls un travail d’information de tous les jours dès à présent, une prise de conscience de l’ensemble de la population et sa mobilisation déterminée pourront peut-être inverser le rapport de forces avec les institutions, sans parler de celui avec les industriels et leur lobby.

Guillaume, individuel 29 et groupe La Lune Noire de la Fédération anarchiste