Nouvelles des fronts

mis en ligne le 15 septembre 2011
Retour après quelques semaines d’interruption estivales qui furent socialement chaudes dans un été globalement assez pourri. Quelques suicides, devenus indécemment banaux, le 4e en juillet à l’ONF avant les 700 suppressions de postes à venir et 2 à la Société Générale en août. Été sous le signe de l’indécence puisque en Espagne, les footeux professionnels payés comme des gladiateurs de luxe se sont mis en grève, eux osent encore, pour des questions de salaires et l’obtention d’une convention collective tout comme d’ailleurs aux USA, les joueurs de basquet de la NBI. A quand la grève des patrons du CAC 40 ? La grève, arme des riches !
Nouveauté encore, la délocalisation de la direction de Schneider Electric à Hong-Kong mais qu’ils y aillent tous, ont leur laisse volontiers l’île en jouissance perpétuelle. Et entre deux coups de crème solaire toujours des attaques contre le droit de grève. En juillet, suite à la menace d’une grève des personnels navigants contre des suppressions de postes et l’atteinte aux conditions de travail, un député zélé à proposer l’interdiction de la grève dans les transports aériens à certaines dates cruciales pour les affaires, lors des grands départs massifs et des ponts. Début septembre, évocation de la mise en place d’une brigade de cadres jaunes briseurs de grève dans le métro parisien 1 pour éviter les prises d’otages ! À quand la modification de la Constitution ? Briseurs de grève professionnels pour 100 euros mensuels, le mercenariat ça eut payé.
Du côté des pauvres, quelques actes de résistance dans les couches-culottes ou contre le démontage et la délocalisation des machines à ensacher le thé chez Lipton. Bel grève des mécanos d’Air-France, des sages-femmes du CHU de Caen et des salariés du SAMU social mais visiblement la balle était dans le camp adverse. Après Monoprix, c’est à La Vie claire où on licencie pour un poireau pourri. Le bagne pour Jean Valjean et la lourde pour les miséreux de la récup ! Toujours plus ou plus exactement retour à la case début du xxe siècle ou la pratique était courante 2 avec une menace pour 480 métallos d’une diminution des salaires de 15 % aux Fonderie du Poitou-Aluminium. Travaillez autant pour gagner moins, le sabotage du Père Emile devient dès lors une obligation morale.
Après les 500 plans « sociaux » du premier semestre 2011, un nouveau annoncé dans les agences de voyages du groupe Marmara. 1 300 salariés vont bientôt pouvoir aller se faire bronzer ailleurs, tout comme, dans la presse, les salariés de la Tribune ou encore ceux de France Soir. Rien en proportion avec celui qui touche en lousdé d’Éducation nationale depuis 5 ans, 16 000 postes en 2011 et encore 14 000 pour 2012, 80 000 postes supprimés sur la totalité du quinquennat de Sarko mais qu’on se rassure l’éducation reste une priorité prioritairement prioritaire. À preuve, les 600 RASED liquidés qui privent 30 000 enfants d’appui scolaire. Riposte molle du syndicalisme enseignant avec un appel à la grève le 27 septembre. Syndicalisme, tout aussi mou d’ailleurs face au plan de rigueur de Fillon qui attaque les mutuelles et les mutualistes tout en se gardant bien de malmener les riches. Qui d’ailleurs en année pré-électorale, qui va nous plomber le social, oserait parmi les confédérations nous enjoindre à nous mobiliser pour faire dégager la racaille politicienne. Demain comme en 1981, on rase à l’œil et cette fois à la mode grecque. Résultat une journée « d’action » le 11 octobre contre l’austérité. Autant dire des ronds dans l’eau sale du compromis historique.
Les plans anti-sociaux ne sont pas l’apanage du travailleur hexagonal. Black Berry (Canada) va virtualiser 2 000 emplois quand Nokia se prépare à faire subir le même sort à 7 000 dont 4 000 dans sa sous-traitance et Telephonica 8 500 dans les 5 ans. Pour les banques, rien ne va plus, profit et actionnaires obligent : Barclay’s, moins 3 500 (10 % de l’effectif) ; UBS moins 3 000 ; HSBC moins 30 000… la dette grecque a bon dos ! Et les Indignés grecs, espagnols ou israéliens… peuvent donner de la voix, ça ne sera sans doute pas suffisant pour faire crever la bête. Alors, encore un effort…
Autant de futurs pauvres qui rejoindront tôt ou tard les 2,8 millions de chômeurs (catégorie 1) et les 8, 2 millions de pauvres (1 personne sur 7) du territoire de l’Egalité et de la Fraternité virtuelle et leurs 954 euros mensuels en moyenne ou encore l’un des 250 mille bidons villes qui entourent les mégalopoles et abritent 921 millions de dépossédés. À moins qu’ils ne soient bientôt élus sénateurs et se voit attribuer pour service rendu à la Nation une indemnité mensuelle de 7 100 euros brut (5 405 net), les transports SNCF en première gratuits et 40 allers et retours en avion au même coût dans leur circonscription entre autres avantages.




1. De fait une brigade de ce genre existait déjà sur la ligne de métro stratégique n°1 qui dessert la Défense.
2. Voir Louis Adamic, Dynamite ! pour les USA (éd. Sao Maï) ou La grande Grève de la Métallurgie à Caen en 1922 de Patrice Rannou (éd. CNT).