Météo syndicale

mis en ligne le 9 juin 2011
C‘était il y a un peu plus d‘un mois. À Nancy, au magasin du Printemps, on trouve un stand de la marque Kookaï. Vient à passer Nadine Morano, ministre de l’Apprentissage et de la Formation professionnelle, sa fille et un garde du corps. Une vendeuse fait une réflexion un peu sarcastique, on lui demande de s’excuser, ce qu’elle fait mais son licenciement intervient quand même ! Et là, triste succession de couacs syndicaux. S’il est plus qu’avéré que c’est ladite Morano qui a exigé la mise à pied, côté riposte syndicale de base c’est le calme plat. Du côté CFDT Kookaï (dont l’employée dépend) on donne raison à la direction, la « réflexion un peu sarcastique » ayant donné une « mauvaise image » de la marque. La CGT Printemps déclare, en gros, ne pas pouvoir intervenir puisque le stand Kookaï n’est pas dans sa juridiction. Sale temps pour le syndicalisme !
Si dans le commerce les réflexes de classe sont tels des couteaux ébréchés, on attendait plus de la Fonction publique. Puisque souvent l’opinion publique déclare à l’envi que les boutiques officielles du syndicalisme s’occupent surtout des grandes entreprises et du secteur public.
C’est mardi de la semaine dernière (31 mai) que les quelque 5,2 millions d’agents de la Fonction publique (État, territoriale et hospitalière) étaient appelés à s’opposer à la politique d’austérité salariale du gouvernement. Entre autres le gel du point d’indice suscite le mécontentement du personnel. Comme le déclare Anne Baltazar, secrétaire générale FO-Fonctionnaires : « Il intervient dans un contexte détestable marqué par les suppressions d’emplois et la dégradation des conditions de travail imposées par la révision générale des politiques publiques (RGPP). »
Les huit fédérations syndicales des fonctionnaires avaient uni leurs efforts. Cela n’a pas donné lieu à de grandes démonstrations de force… 150 manifestations et rassemblements n’ont récolté que le refus catégorique du nouveau ministre de la Fonction publique de revenir sur le gel du point d’indice. « Le gouvernement ne veut rien entendre et il y a donc là casus belli », a déclaré la CGT au nom de l’intersyndicale. Une nouvelle réunion est prévue mais on reste dubitatif sur la capacité actuelle à « développer ensemble la riposte ».
Si l’avenir est incertain pour le mieux-être dans la Fonction publique, sur le front de l’emploi des jeunes ce n’est guère mieux. La semaine dernière un sentiment de déception dominait chez les délégués CFDT, CGT, CFTC, FO et CFE-CGC après une réunion avec le patronat. Le sujet en était le point « alternance et stages de la négociation sur l’emploi des jeunes ». Du côté de la CGT on dénonce un texte « trop centré sur les aides aux employeurs. Il n’y a rien dans le maintien dans l’emploi de ces jeunes ». Quant à FO, la centrale syndicale qualifie cette négociation « de ratée, impulsée en réaction à la politique du gouvernement… ». Tout le monde doit se revoir, mais c’est pas la joie.
Bref, pour ce qui est des luttes, pour autre chose, on est mal en point. Il y a comme toujours des victoires salariales ça et là, mais, pour faire bref, on cherche toujours la locomotive fédérative !