Rien faire c’est la conserver

mis en ligne le 19 mai 2011
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Selon certains, dont Wauquiez, ci-devant ministre chargé des Affaires européennes – quel rapport, direz-vous ? Effectivement, aucun –, le travail, ce serait la santé. Il s’agirait, sans plus tarder, de mettre les feignasses au taf, au premier rang desquels les « bénéficiaires », si on peut dire, du revenu de solidarité active. Sus au « cancer de l’assistanat », clame Wauquiez dont le panache blanc se teinte de vert-de-gris. C’est que le ministre n’hésite pas à se réclamer de la tendance « je ne fais que dire tout haut ce que les Français pensent tout bas », suivez mon regard, appuyé… Quoi qu’il en soit de la lepénisation des esprits, fussent-ils ministrés, on ne s’étonnera guère, en cette période de contre-révolution, de Restau-ration au sens propre, de voir refleurir l’idée de servage. « Quand on est privé de travail, on perd toute dignité », assénait il y a peu Sarko d’un de ces médiatiques balcons lui étant de tout temps, qu’il pleuve ou qu’il grêle, réservé. Dès lors, le la était donné, et la campagne lancée sur l’air du « travailler encore et encore et encore plus ». Pour gagner encore quoi ? Cela, c’est oublié. L’idée est de faire bosser les RSA-isés mais sans les payer, voyez-vous ? Oh, quoi, cinq petites heures par semaine, histoire de les sortir de leur garnis, de leur faire prendre l’air et de leur faire un peu saisir que « si ils ont des droits, ils ont aussi des devoirs », ah mais ! Re-suivez mon regard, n’est-ce pas, quitte à loucher un tantinet : les fonctionnaires qu’on ne remplace pas, ces profs, ces animateurs, ces guichetiers de l’ex-Poste devenue Banque postale, ces bibliothécaires, ces assistantes sociales, ces infirmières scolaires ces secrétaires de PMI (liste à compléter par vos soins), sincèrement, n’est-il pas ne serait-ce qu’envisageable de leur substituer de braves bougres, corvéables à merci ? Faut travailler c’est tout, même pour rien : faut travailler, parce sinon nulle dignité. Par ailleurs, Madame, Monsieur, 467 euros de RSA par mois eh bien, ça se mérite. Ainsi pense Wauquiez, que Fillon et Sarko feignent de contredire, alors même qu’ils l’avaient chargé de lancer ce ballon d’essai – ballon dont on notera, au passage, qu’il n’a pas tellement remué par exemple les syndicats, ni la population. C’est ainsi, c’est l’époque. Elle est au morose et au chut !, à l’échine étrangement courbée, au Tricostéril sur la bouche et dans les oreilles, pareillement, pansement ne pansant rien, utile à rendre aveugle et sourd.
Mais halte à la déprime : le Parti socialiste est à notre chevet tels sœur Sourire et Culbuto, réunis en un seul et même numéro. « Je suis un homme normal, un homme qui a rendez-vous avec son pays », indique ainsi François Hollande. Apportera-t-il des roses (sans poings), sera-t-il, pour une fois, en avance ? Qu’il nous soit permis d’en douter, à l’écouter penser : « Je pense que celui qui répond le mieux aux critères que j’ai défini, c’est moi-même. » Hum. À en croire le journaliste ayant cueilli cette phrase appelée à entrer dans l’Histoire, Hollande faisait là de l’humour. Incroyable drille. On rit bien. On rit moins dans le cas d’Aubry, qui voulait l’autre jour faire chialer les chaumières en parlant « de ces trois millions de Français qui ont dû couper le gaz et l’électricité, cet hiver, où il a fait si froid ». Qu’est-ce qu’elle en sait, la mère, du temps qu’on a eu nous ? Elle était aux Maldives.