Billet d'humeur d’un ouvrier du Livre…

mis en ligne le 5 mai 2011
1634OuvrierLivre« Les morts sont tous de braves types » et les métiers de l’imprimerie qui ont du plomb (sic) dans l’aile sont à l’honneur dans les colonnes d’un quotidien hexagonal du soir. C’était au sujet d’un bouquin, Souvenirs de la maison des mots, écrit anonymement et édité par les Éditions 13 BIS. L’ouvrage est pertinent sur le métier de correcteur mais on cherchera en vain des références à ce que fut le syndicat des correcteurs CGT, « citadelle libertaire » ayant eu un rôle non négligeable dans la Confédération générale du travail au début du siècle dernier. De nombreux militants libertaires, Pierre Monatte, Louis Lecoin, May Piqueray, Gaston Leval, Jacky Toublet, André Devriendt et d’autres y ont milité presque toute leur vie 1.
Là n’est pas le but de cet ouvrage qui, répétons-le, apporte moult réflexions sur l’évolution du métier de correcteur. Il est vrai que le temps où on corrigeait avec une copie est révolu depuis des lustres. Maintenant voguent l’écran et la réécriture, l’incorporation des images et souvent un bout de maquette. En gros, tous les métiers du prépresse (photograveur, typographe, secrétaire de rédaction) réunis dans un même poste !
Ne parlons même pas des charges sociales qui passent souvent à la trappe avec le miroir aux alouettes du statut de travailleur indépendant…
Et, cerise sur le gâteau, on ne parle nulle part de la presse quotidienne et de la fonction de correcteur. Dans le journal Le Monde (nommons-le !), il y avait « au siècle dernier » plusieurs relectures successives et une équipe digne de ce nom. Avec les plans de licenciement, le non-remplacement des départs en retraite, l’équipe de correcteurs est fantomatique. Le journal le mieux corrigé de l’Hexagone est devenu un sujet de dérision. Ben voilà, le « correcteur masqué » est bien mal vengé !


1. Au cours des ans, ladite citadelle a eu des côtés « tour d’ivoire », mais c’est une autre histoire.