Être syndiqués, syndicalistes : un droit qui s’affaisse

mis en ligne le 31 mars 2011
Pratiquer la lutte au quotidien visant la mise en œuvre de réformes des conditions de travail, ou encore la préservation des conditions mêmes du syndicalisme en entreprise, sans doute aussi, pour beaucoup, afin de tendre vers des modifications drastiques de l’organisation du travail et de la société, tout cela est de plus en plus difficile. La répression patronale s’en donne à cœur joie. Un exemple, parmi tant d’autres : Fabien Malvaud, un cheminot (Sud Rail), vient d’être licencié pour fait de grève. Le motif ne peut être celui-là bien évidemment, mais il est tacitement impliqué par la décision de la DRH de la SNCF : faire grève devient une faute, et c’est pour faute que Fabien est jugé par un tribunal patronal. Présent lors d’une grève dans l’atelier où il travaille d’ordinaire, il aurait, selon un délateur maison, « voulu porter atteinte à la sécurité des circulations [des trains] ». Condamné non pas pour un acte, mais pour l’intention supposée que lui prête un supérieur hiérarchique. Accusé d’être un saboteur. En s’attaquant ainsi à un jeune syndicaliste, la direction de la SNCF veut mater les velléités de syndiqués potentiels de s’engager dans cette voie de combat.
Dans le même temps, on peut aussi se poser la question de savoir pourquoi certains, dans les milieux libertaires, en arrivent à la conclusion de l’inanité totale des syndicats (de surcroît, sans distinguer les centrales d’une part, les individus syndiqués de l’autre ; sans prendre la précaution de faire la différence entre les syndiqués et les instances dirigeantes – si tant est que cette distinction soit systématiquement pertinente, eu égard à la diversité des normes d’action des syndicats). Une erreur d’appréciation en forme de dépréciation, ou l’inverse…