André Soudy sous les projecteurs : au sujet de L’Homme à la carabine

mis en ligne le 3 mars 2011
L’Homme à la carabine, c’est le titre du dernier roman de Patrick Pécherot, paru chez Gallimard. Si le sujet en lui-même n’est pas d’une grande originalité – « l’épopée » de la bande à Bonnot –, son traitement l’est davantage. Surtout parce que l’histoire tragique de ces anarchistes nous est pour une fois contée à travers un autre prisme que celui de Jules Bonnot : celui du jeune tuberculeux André Soudy, rendu célèbre par la photo (celle de la couverture du roman) que les flics ont prise de lui lors d’une reconstitution du braquage de Chantilly. C’est donc l’aventure de ce petit gars, auquel on s’attache rapidement, qu’on suit du début à la fin, jusqu’à son exécution dramatique, à la guillotine, le 21 avril, à l’âge de 21 ans. Ensuite, parce que le tout se présente à nous comme une peinture impressionniste, si je puis dire. On y trouve de tout : des chapitres narratifs « classiques », des flash-back, des commentaires de photographies, des « feuilles volantes », des entretiens, etc. Au premier abord, on pourrait trouver ça un peu « foutraque » et, les vingt premières pages, on a un peu de mal à savoir où on va. Mais, au fil de la lecture, l’ensemble se clarifie et prend une cohérence parfaite. Comme une peinture impressionniste : de près, on y voit que dalle, et plus on s’éloigne, plus on recule, et plus on parvient à distinguer ce que son auteur a voulu peindre. L’ensemble est aussi très bien documentée et, sans jamais tomber dans le roman historique un peu lourdingue, nous apporte un éclairage érudit sur la bande à Bonnot, les milieux politiques qu’elle fréquentait de plus ou moins près et, de façon plus générale, sur cette Belle époque qui n’était pas si belle pour tout le monde. Bref, cet Homme à la carabine est une fichue bonne lecture, poétique, émouvante, drôle, haletante et instructive. À ne pas louper, pour sûr !

Barnabas Collins