Radio-Libertaire : une nouvelle agression

mis en ligne le 13 décembre 1984
Il fallait s’y attendre. Tout au long des dernières semaines écoulées, les déclarations musclées de nos « responsables » de la Haute Autorité, du ministère de la Communication et d’autres refuges d’incompétence, s’étaient multipliées. Elles annonçaient des mesures répressives imminentes, dont six radios -parmi lesquelles, bien évidemment, figure Radio-Libertaire- viennent de faire les frais. Le 27 novembre, une lettre signée par Michèle Cotta, présidente de la Haute Autorité, nous parvenait, pour une invitation à venir nous expliquer sur nos « fautes », accompagnée d’une menace de sanctions éventuelles.
Précisons ici que Michèle Cotta a toujours su trouver le temps de signer ces documents officiels où le langage se fait clairement menaçant, ce qui ne fut jamais le cas lorsque nous lui demandions de mettre par écrit les promesses qui nous furent faites au cours de deux années de négociations.
Vendredi 30 novembre à 9 heures, une délégation de quatre personnes se présentait donc dans les locaux luxueux de l’avenue Raymond-Poincaré, où siège le H.A.C.A.: deux représentants de Radio-Libertaire, un représentant de Radio-Pays, station avec laquelle nous avons conclu un partage de fréquence, effectif depuis plusieurs semaines, et, enfin, un représentant de la Ligue des droits de l’Homme.
Ce dernier devait réaffirmer que Radio-Libertaire était la seule radio où ont pu et peuvent toujours s’exprimer librement nombre d’associations, organisations, collectifs, etc., dont la Ligue des droits de l’Homme elle-même. Il rappelait également l’état de pourrissement de la bande F.M. avec l’invasion du fric et, par contraste, le caractère fidèle aux origines de la radio libre de notre station.
Les représentants de Radio-Libertaire terminèrent en répondant aux deux reproches qui nous étaient faits: puissance d’émission trop forte et fréquence utilisée non attribuée. Sur le premier point, après avoir rappelé que la Haute Autorité était la seule responsable de la course à la puissance en ayant permis à la publicité, donc aux puissances d’argent, de s’installer dans les radios locales, nous réaffirmions notre accord pour diminuer notre puissance d’émission, à condition que toutes les radios, sans exception, le fassent. Sur le second point et l’ordre qui nous est donné d’aller rejoindre la fréquence attribuée (103.9 Mhz), occupée par Radio-Montmartre, nous faisions savoir, une fois de plus, qu’il était hors de question de renouer avec une station dont le responsable avait renié sa parole et sa signature (voir M.L. n°545).
Réunie mardi 4 décembre au matin, la Haute Autorité faisait aussitôt connaître son verdict: des périodes de suspension d’autorisation d’émettre, allant de 10 jours à 30 jours, pour les six stations incriminées, Radio-Libertaire étant la moins punie avec 10 jours de suspension, car sans doute la moins forte en puissance d’émission.
Une fois encore, le ridicule achevé de cette mesure répressive remplace le bon sens et la volonté réelle, de la part des pouvoirs publics, de parvenir à une solution satisfaisante. Le fait que des stations émettent avec des puissances démentielles sans être aucunement inquiétées, que d’autres se voient attribuer des fréquences avec une facilité déconcertante ne peut que nous inciter à maintenir fermement nos positions et ne pas obéir à cette nouvelle injonction. Radio-Libertaire continue donc, dans les mêmes conditions.


Le secrétariat de Radio-Libertaire