Ça pousse !

mis en ligne le 21 octobre 2010
1609Greves2Mon dernier article, à la mi-septembre, avait pour titre « On y va ». Le moins que l’on puisse dire est que les choses se sont effectivement accélérées depuis un mois, à tel point qu’un papier écrit en fin de semaine risque fort d’être dépassé au moment de sa parution le jeudi qui suit ! Elle semble loin la période où les militants de FO ou parfois de Sud qui exigeaient le retrait pur et simple du projet de loi étaient marginalisés par une intersyndicale nationale totalement cadenassée par l’axe Thibault-Chéréque. Les mêmes, il y a quinze jours, qualifiaient encore d’irresponsables ceux qui prônaient la grève reconductible. Depuis, dans de nombreux secteurs du privé comme du public, non seulement la question de la reconduction se pose mais la décision est prise. Et la jonction tant redoutée par le pouvoir et les bureaucraties entre la jeunesse et les salariés est en train de se réaliser, comme en 2006 avec la bagarre pour le retrait du CPE.
Ce n’est pas pour autant que tout ce beau monde des milieux politiques, syndicaux et médiatiques a renoncé à « siffler la fin de la récréation ». Pour cela tout est fait : répression (comme à Saint-Nazaire), violences policières pour faire peur, propagande politicienne sur l’enjeu des élections de 2012 supposées régler la question sociale (!), l’acharnement obstiné de l’intersyndicale nationale à refuser d’appeler au retrait du texte et encore moins à la grève. De ce point de vue, le dernier communiqué pondu le 14 octobre appelant à des « manifestations et à des grèves » le 16 et le 22 octobre est un monument d’hypocrisie et une véritable insulte aux grévistes : « Pour amplifier la mobilisation, elles appellent à poursuivre les initiatives unitaires dans les territoires, les entreprises et les administrations. […] Elles demandent aux sénateurs de ne pas adopter ce texte injuste » ! C’est demandé si gentiment que cela devrait le faire ! Et toutes les organisations syndicales (sauf FO) ont signé ce torchon. Quand sonnera l’heure des bilans, les militants de Sud ou de la FSU seront en droit de demander des comptes à leurs directions qui se seront, tout au long du conflit, au-delà des beaux discours, couché devant l’axe CFDT-CGT.
À FO, l’appareil – comme tous les appareils – a tenté de freiner le mouvement, mais la base, comme en 1995, a pu recadrer les choses. Ainsi, lors de son comité confédéral national (regroupement de toutes les fédérations et de toutes les unions départementales) les 7 et 8 octobre dernier, le texte semouleux proposé par la direction a été sérieusement durci et clarifié sous l’impulsion, notamment, de la fédération des cheminots ou celle de l’équipement et de nombreuses unions départementales.
Dans bien des sections de base CGT, voire de fédérations et de départements, la bagarre pour imposer à la direction le mot d’ordre de grève jusqu’au retrait fait rage parfois très violemment.
Bref, à la base les choses sont claires entre les militants CGT, FO, Sud, FSU, voire parfois CFDT, et c’est là que la véritable unité se réalise.
L’enjeu de cette bagarre est énorme, bien au-delà de la question déjà très importante des retraites. Il s’agit ni plus ni moins de la capacité de la classe ouvrière à prendre ses affaires en main.
Dans ce combat, le rôle des militants anarchistes, modeste mais réel tout de même dans bien des endroits, est un encouragement pour tous ceux qui construisent un outil au service de la révolution sociale.