éditorial du n°1605

mis en ligne le 23 septembre 2010
Toujours de mieux en mieux équipés, toujours de plus en plus nombreux, voilà que désormais les flics ont le permis de tuer. Celui qui, en 2008, avait liquidé un gamin qui tentait de s’enfuir du commissariat en lui tirant une balle dans le dos, vient d’être relaxé par une justice bourgeoise qui, une fois encore, passe l’éponge sur les crimes de ses gardiens. Désormais, les cognes savent qu’ils peuvent tuer et assouvir leurs fantasmes en toute impunité. La justice, quant à elle, a encore témoigné, par ce verdict hallucinant, sa soumission au pouvoir étatique et à l’oppression généralisée avec laquelle est maintenu l’ordre inégalitaire de la société capitaliste. Après les peines énormissimes prononcées contre les jeunes de Villiers-le-Bel accusés, sans preuves tangibles, d’avoir tiré sur les pigs, voilà qu’elle légitime le crime policier.
On s’en étonne encore, et pourtant, ce n’est pas la première fois que la justice française disculpe honteusement les féroces criminels en uniforme. Souvenons-nous de ce flic récemment relaxé (en mai 2010) après avoir grièvement blessé un jeune de 18 ans en lui tirant en plein thorax une balle de flashball. Souvenons-nous aussi de celui qui, le 18 décembre 2001, a bénéficié d’un non-lieu pour avoir abattu dans la forêt de Fontainebleau le jeune Abdelkader Bouziane qui venait de franchir un barrage policier sans s’arrêter. Souvenons-nous également encore des trois policiers toulonnais qui eux aussi bénéficiaient d’un non-lieu, le 20 décembre 1998, après avoir tué un jeune Tunisien en l’étouffement par écrasement lors de son interpellation.
Encore un pas de plus fait dans l’État autoritaire, répressif et violent où seules les classes populaires, les révoltés et les étrangers ont à craindre la justice, et où les flics ont le droit de tuer impunément pour que les riches et les puissants puissent dormir sur leurs deux oreilles.
En attendant, ça gronde. De partout. Laissons d’ailleurs la famille de la victime du flic relaxé en témoigner : « Assassin, elle est mal faite la justice ! Les gendarmes, ils ont le droit de tuer, nous aussi on va les tuer. » Eh oui, car il semble bien venir le jour où nous leur couperons, les deux oreilles et peut-être autre chose, sauf si, par bonheur, ils n’en ont pas…