On y va !

mis en ligne le 16 septembre 2010
On connaît parfaitement maintenant les éléments principaux du « paysage » social. Ils ont été largement analysés dans ces colonnes depuis plusieurs mois : une réforme des retraites qualifiée par Sarko lui-même de « mère » de toutes les réformes tant les enjeux financiers, mais aussi électoraux, sont grands, une intense propagande gouvernementale et médiatique pour faire avaler l’idée qu’une réforme est « incontournable » en manipulant chiffres et pseudo- « projections » à cinquante ans, une connivence et des manœuvres permanentes de la plupart des directions syndicales pour faire obstacle à un mouvement social d’envergure, une intense activité politicienne pour orienter la colère populaire vers le marigot électoral de 2012… Tout cela est connu même s’il n’est pas inutile de le rappeler.
Il convient maintenant d’analyser la situation et d’essayer de peser ensuite sur le cours des événements en pétant leur scénario bien ficelé.
À première vue, on pourrait penser que rien n’a changé lors de cette rentrée : une grosse mobilisation le 7 septembre mais qui ne fait en rien reculer le gouvernement, sauf à se laisser duper par les quelques concessions à la marge annoncées par Sarko lui-même et qui correspondent point par point aux demandes du chefaillon de la CFDT, des syndicats qui relancent le 23 septembre une énième journée d’action sans appel à la grève (mais à des grèves, ce qui n’est pas du tout la même chose) et sans demander le retrait du projet de loi, des partis de gauche qui focalisent sur les casseroles de Woerth, excellent fusible si cela chauffe trop et bon moyen de diversion.
Sauf que les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu. Des petits grains de sable apparaissent : depuis le succès de la manifestation nationale de FO le 15 juin dernier « pour le retrait pur et simple du projet Sarkozy-Fillon » (même si bien évidemment les médias l’ont caché ou minimisé), la confiance a grandi – si ce n’est dans tout le mouvement social, du moins parmi ses militants – et les langues se sont déliées. Ainsi ce sont des centaines et des centaines d’appels unitaires (CGT, Sud, FO, FSU, voire CFDT !) qui ont été adoptés dans des boîtes, administrations, hôpitaux, voire départements en interpro, pour le retrait ou l’abandon du projet de loi. Ces dizaines de milliers de salariés du public et du privé ont adressé ainsi un immense pied de nez à leurs appareils respectifs et montré leur détermination à prendre leurs affaires en main contre vents et marées.
Le communiqué intersyndical appelant dans des termes d’une mollesse misérable au 23 septembre (et à de « fortes initiatives » le 15, type pique-nique…) a donné lieu à de vives discussions, et ni FO en toute logique ni pour une fois Sud (dans un premier temps en tout cas) n’ont accepté de le signer et de cautionner la ligne de compromission Chéréque-Thibault.
Plus intéressant encore est ce qui se passe à la SNCF. Il n’y a pas que FO cheminots (représentatif seulement dans neuf régions) et Sud (bien implanté) qui parlent de grève reconductible à partir du 23. La fédération CGT ne cache pas non plus son impatience. Même la CFTC cheminot, peu suspecte de syndicalisme révolutionnaire, déclare : « Il faut s’engager dans un bras de fer avec le gouvernement via un mouvement reconductible car avec des journées d’action de 24 heures, on affaiblit la mobilisation. » Si même la CFTC le dit !
À l’identique, le responsable du syndicat Unsa de la RATP avoue : « Il y a un gros débat interne sur les limites de ces journées de 24 heures à répétition qui lassent les salariés. » Et tout cela correspond à un sentiment très largement répandu dans tous les secteurs, de même que l’idée qu’il ne suffira pas de processionner même très nombreux et dans « l’unité » pour faire reculer Sarko.
Il reste maintenant à traduire ce « sentiment » en perspective concrète : compte tenu de la situation, des forces du mouvement mais aussi des obstacles, ne faut-il pas pragmatiquement se battre partout pour la grève, non pas le 23 mais à partir du 23 (ce qui n’est pas du tout la même chose) jusqu’au retrait d’un projet de loi qui n’est ni amendable ni négociable.
N’est-ce pas le rôle des militants anarchistes, tout au moins de ceux, de loin les plus nombreux, qui ne se payent pas de mot et se mettent les mains dans le cambouis, d’aider, de pousser dans les AG ? (Il va de soi que si dans un secteur cela part avant, on n’attend pas le 23.)
On ne construira rien de sérieux sur un champ de ruines sociales. Il faut redonner confiance dans la lutte collective. L’enjeu dans cette période n’est donc pas mince. Alors on y met toutes ses forces et on y va.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


89911Avent

le 20 septembre 2010
A Paris, la Fédération anarchiste se retrouvera place de la Bastille, le 23 septembre, à 13h. Précaires, salariés-exploités, sympathisants anars, auditeurs/animateurs de Radio Libertaire, lecteurs du Monde Libertaire, on se retrouve tous et toutes sous les drapeaux noirs ! ... d'ailleurs, emmenez le vôtre !
Ne lâchons rien !

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http://beton-arme.blogspot.com/

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