Fichage informatique : le prétexte terroriste

mis en ligne le 25 novembre 1982
Les lois, c'est bien connu, sont faites pour être violées, non par le commun des justiciables, bien sûr, mais par ceux-là même qui les édictent. Ainsi, c'est en toute illégalité que le pouvoir et sa flicaille ont entrepris la mise en place du « fichier central contre le terrorisme ». Ces messieurs ont déjà engrangé dans les bobines de leurs ordinateurs des renseignements qui concernent 25 000 personnes. Or en vertu de la loi de 1978 qui traite de la question, la Commission nationale de l'informatique et des libertés aurait dû être préalablement avertie et consultée. Comme l'écrit bien gentiment Le Monde, l'« erreur » a été réparée et MM. Joseph Franceschi, secrétaire d'État à la Sécurité publique, et Paul Roux, directeur central des Renseignements généraux, ont planché le 16 novembre devant ladite commission.
Faut-il rappeler que les politiciens qui nous gouvernent aujourd'hui étaient, avant le 10 mai 1981, les chevaliers sans peur et sans reproches de la lutte pour les droits de l'Homme, de la défense du citoyen contre les abus de pouvoir ? Ils furent les plus ardents à dénoncer les dangers de l'informatisation de la société, à soutenir la mise en place de la CNIL et à exiger qu'elle fonctionne correctement. Aujourd'hui, ces messieurs ont remis leurs grands principes dans leurs poches et leurs discours électoraux par-dessus.

Le petit BKA socialiste
Le fichier made in France sera, n'en doutons pas, le petit cousin germain du grand BKA d'outre-Rhin. Bien sûr, pour atteindre la carrure athlétique de celui-ci, il lui faudra manger beaucoup de la soupe préparée par les flics de la PJ et les barbouzes de la DST et de la DGSE. Les Allemands, très méthodiques, ont mis sur pied un système gigantesque où deux millions de personnes sont fichées. Avec l'objectif de soixante mille noms qu'il annonce, M. Franceschi est beaucoup plus modeste, mais non moins inquiétant.
Un quart de Français, trois quarts d'étrangers, telle est la proportion prévue pour ce fichage. On peut légitimement se demander sur quoi se fonde M. Franceschi pour avancer d'ores et déjà de tels chiffres. Les prend-il sous son bonnet de police ? Se fie-t-il à son seul flair de premier flic de France adjoint ? Et de quels citoyens s'agit-il ? Ce ne sont tout de même pas tous des porteurs de bombes et de mitraillettes car, quinze mille, ça ferait du boucan dans le pays !
De toute évidence, il s'agit de ficher quinze mille terroristes « potentiels ». Le « socle de l'édifice », nous dit-on, serait le fichier « violence politique » des RG qui comporte deux mille noms, ce qui est déjà tout un programme. On nous affirme qu'il sera expurgé de « toute maladie infantile du gauchisme », c'est-à-dire, en clair, de ceux qui, après 68, ont tranquillement regagné leurs pénates bourgeoises et à qui on veut bien pardonner les frasques de jeunesse. Mais par ailleurs, les RG prévoient déjà que les « proportions politiques » du fichier seront d'un « bon tiers pour le terrorisme international, autant pour l'extrême-gauche, le reste pour le séparatisme et l'extrême-droite ».

La chasse au terroriste… potentiel
Alors comment dénicher, comment identifier le terrorisme « potentiel » ? Comment trouver au sein de la population quinze mille individus répondant aux critères, présentant le « profil » ?
La méthode allemande, n'en doutons pas, servira de référence. Il s'agira d'abord de ratisser tous les terrains où, selon la doctrine officielle, peuvent germer les graines de violence. Les libertaires, vous le pensez bien, n'échapperont pas à cette haute surveillance, ni tous ceux qui, dans un domaine ou un autre, sont catalogués comme contestataires virulents, les anti-nucléaires par exemple.
Il faudra ensuite décortiquer la personnalité de chaque suspect, connaître ses opinions, son caractère, ses relations. Ainsi risque d'être fiché celui qui, par une sorte d'enchaînement « logique », à partir de ses convictions et de sa psychologie, pourrait, selon la flicaille, devenir un terroriste. Et aussi celui qui fréquente des individus qui pourraient, etc., etc.
Si votre analyse vous conduit à ne voir d'autre solution aux problèmes actuels qu'un changement radical de société, que vous le proclamiez et que vous agissiez en ce sens, vous présentez là des caractéristiques qui pourraient bien justifier un fichage. De même si, autre exemple, votre tête a heurté violemment une crosse de gendarme mobile lors d'une manifestation de sidérurgistes ou d'antinucléaires.
Pour obtenir quinze mille noms, la police va tisser sa toile sur l'ensemble de la population. La logique de l'opération est telle que, de fil en aiguille, de filatures en inquisitions, la collecte de des renseignements concernera toujours plus de gens. Et notre petit BKA deviendra gros. Irrésistiblement.
Le pouvoir peut donc difficilement nous faire croire que son seul objectif, avec la mise en place de ce fichier central informatisé, est la lutte contre le terrorisme. Certes, il souhaite contrer la droite sur ce terrain et réfute les accusations de laxisme. Mais la décision avait été prise en mai, c'est-à-dire avant la vague d'attentats meurtriers de l'été, opérations conduites par des gens qui manifestement ont les moyens de déjouer toute surveillance policière.
Alors, le but inavoué n'est-il pas de confectionner un outil performant pour la répression à toutes fins utiles, la crise économique pouvant déboucher sur une situation explosive ? Il serait d'autant plus aisé de passer du fichage de « contestataires dangereux » à celui de syndicalistes combatifs que patrons et flics y collaborent depuis toujours.
Ainsi, dans ce domaine comme dans bien d'autres, la gauche au pouvoir a réussi à faire encore « mieux » que la droite. Et le premier flic de France socialiste et son adjoint pourront refiler le précieux héritage aux successeurs que l'alternance nous promet. Il pourrait s'en trouver de particulièrement musclés qui n'hésiteront pas à ficher les militants… du PS.

S. Basso



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


biloute

le 29 juillet 2013
monsieur .
Le pouvoir utilise la psychiatrie comme le nazisme avait ses camps de recherche sur la torture , l empoisonnement etc.....
La ligue des droits de l homme est un endroit ou faire un don , C est comme donner au P.M.U .
Ces chien a visage HUMAIN ont il ou s avent il ce qu est l honneur et la dignite ?
A l hôpital psychiatrique ,il parait qu un travailleur manuel est un chien a visage humain . c est le psychiatre ou un malade qui me l aurait dit .
Concernant la mise en place d une dictature de type psychologique et de nature satanique et diabiblique , il paraitrait que c est facile pour certains esprits . le fichage et le conditionnement humain . La maitrise par exellence d une certaine science d ou aucun humain ne s echappera .

JusteMoy

le 8 février 2014
Nous voilà rassurés, les méchants Google ont été condamnés pour la somme énorme mais ridicule pour eux de 150 000 euros pour non respect de la législation et concentration de toutes leurs données sur les internautes en une seule base, donc ils savent tout sur nous.

MAIS! Vont-ils seulement je le demande, condamner Google si cette société fournit des informations à l'Etat, comme c'est le cas aux Etats-Unis? Et que deviendront les données? Pourquoi au juste en ont-ils besoin? Pourquoi dépensent-ils tant d'argent pour nous offrir leurs services, qu'espèrent en retirer ces phianthropes???

BRRRRR....